Un Si Grand Soleil : le crime de Julien aura des “conséquences” selon le producteur – News Séries à la TV



Vous avez choisi de traiter la pandémie sous forme d’ellipse dans un Un Si Grand Soleil, et de vous concentrer plutôt sur les conséquences de la crise sanitaire sur les personnages, en abordant par exemple les conditions de travail des soignants et la précarité. Pourquoi ce choix ?

Le constat qu’on a fait, outre le fait de ne pas vouloir “plomber” les téléspectateurs qui viennent chercher du divertissement dans un programme populaire, c’était que le fait de raconter aux gens ce qu’ils venaient de vivre avec le confinement n’avait pas d’intérêt narratif majeur. On se définit nous-mêmes comme une série quotidienne, et non un feuilleton quotidien auquel on acolle l’idée – peut-être à tort – d’ancrage ultraréaliste, où chaque jour réel est un jour vécu par les personnages. Dans Un Si Grand Soleil, il y a parfois des ellipses, des accélérations, il peut se passer deux jours au sein d’un même épisode, ou qu’une journée soit étalée sur deux épisodes… Notre narration n’est pas inscrite dans l’ultra-quotidien. On ne voulait pas ignorer la pandémie, mais on ne cherchait pas à en faire le coeur narratif de la série. Là, nous sommes rentrés dans une phase narrative dans laquelle on continue à avancer dans un monde dans lequel ça a existé, mais dont ce n’est pas le quotidien, parce que ce serait très contraignant pour nous, et parce que notre vie actuelle est extrêmement conditionné par la pandémie. Si la vie de l’ensemble des personnages devait ressembler à ça, on perdrait le divertissement populaire. Même , qui a plutôt un prisme très proche du quotidien des français, j’ose imaginer qu’ils s’en sont un peu écartés. 

Les nombreuses déprogrammations de la série en lien avec l’actualité ont également entraîné un décalage dans la temporalité de la narration. On a ainsi vu les personnages passer les fêtes de Noël et du réveillon en janvier ! Cela a-t-il eu un impact sur la production à venir ?

En termes de production ça n’a pas changé grand chose, car nous n’avons pas arrêté de tourner pendant ce temps-là. C’était plus un problème effectivement dans l’échange avec le téléspectateur. En l’occurrence, on avait voulu faire un petit clin d’œil à Noël et au jour de l’an, car ils correspondaient à des moments importants dans la vie de nos personnages. Pour plein de raisons, ça a été décalé, mais comme la série n’est pas accrochée à la temporalité du quotidien, je ne pense pas que ce soit troublant pour les téléspectateurs de façon durable. La série n’étant pas ultra-attachée au quotidien, elle propose plutôt des moments de vie; quand on essaie de les faire coïncider avec la vie des Français, c’est dommage que ça ne marche pas forcément. On continue chaque semaine à être la série quotidienne qui s’expose devant le plus grand nombre de téléspectateurs, mais notre contrainte d’horaire fait que l’actualité “chaude” peut nous impacter dans la diffusion, c’est le revers de la médaille.

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Parmi les temps forts de 2020, la mort de Léa a fait prendre un virage particulièrement dramatique à la série, car les disparitions dans les quotidiennes sont rarement aussi radicales car on laisse souvent la possibilité aux comédiens de revenir. Que vouliez-vous envoyer comme signal aux téléspectateurs ?

Notre série fonctionne sur un principe de crédibilité. On cherche à ce que l’enchaînement des histoires et la manière dont se comportent les personnages aient une vraie cohérence. Comme on met régulièrement nos personnages en danger, l’idée, après deux ans de diffusion, était de refonder le pacte avec le téléspectateur. Quand on vous dit qu’ils sont en danger, c’est vraiment le cas. Quand on vous dit qu’ils peuvent mourir dans certaines histoires, ils peuvent vraiment mourir ! Mais ce pacte se refonde à l’unique condition qu’une fois de temps en temps, on en fasse la démonstration. On a choisi le personnage de Léa parce qu’on ne s’y attendait pas, parce que c’est impactant, et même si à ce moment-là on a pris un détour dramatique, on a eu un peu plus tard des sujets toujours sombres, mais traités sur un ton plus léger, comme l’intrigue autour des cambriolages de Claire et Myriam par exemple. Mais c’était une envie de rentrer en contact avec le téléspectateur de manière forte, en redéfinissant avec lui les principes de la série.

Récemment, Olivier Zsulzynger (directeur de collection de la série, ndlr) évoquait une future intrigue “étonnante” qu’il souhaitait mettre en place dans Un Si Grand Soleil. Peut-on s’attendre à une nouvelle disparition brutale ou un événement marquant du même ressort ?

Ce n’est pas forcément l’idée, car il y a peu de morts au final dans notre série. Les séries quotidiennes utilisent parfois les cadavres comme un élément récurrent de rebondissements, on essaie de ne pas trop aller dans cette direction-là. Même si nos personnages vivent des histoires extraordinaires, il n’y a pas des meurtres tous les jours ! Et puis, comme vous avez pu le voir par exemple autour du personnage de Julien, pour la première fois un de nos personnages a tué quelqu’un. Il arrive que les flics tirent sur des gens, mais c’est souvent dans le cadre de leur travail. Mais un individu lambda qui se retrouve confronté à une mort qu’il a provoqué, ça n’était jamais arrivé. Et comme vous avez pu le voir, Julien ne s’en remet pas, et ça va durer encore pendant un moment. On voulait travailler là-dessus, sur le fait qu’on ne tue pas des gens comme ça ! Ce n’est pas une critique de ce qui peut être fait ailleurs, mais là l’idée avec Julien Bastide, c’était de faire toucher du doigt cette situation qui est très lourde de conséquences. On voit que la suite de la vie de Julien se complique beaucoup, car ce qu’il porte en lui est difficile, et il a du mal à vivre avec. Par exemple, l’histoire l’accident de voiture provoqué par Enric et ayant entraîné une mort accidentelle et a fini par revenir plusieurs mois après. Il a fini par être confronté à ses mensonges, mais ce qu’on a raconté pendant longtemps, et ce qui fait aussi partie de la vie malheureusement, c’est que parfois les gens passent au travers des mailles du filet ! La série ne défend pas non plus un point de vue moral, ce n’est pas parce que vous avez fait une connerie que vous êtes systématiquement puni ! A côté de ça, Enric vit avec son geste sur la conscience. Il y a aussi une forme de satisfaction pour le spectateur de voir la chose lui revenir en pleine tête. Sur Julien, on voit bien que l’impact psychologique de son acte existe. Est-ce qu’il y aura des conséquences, ou est-ce qu’il va parvenir à les surmonter, c’est tout ça qu’on va raconter. 

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Peut-on s’attendre à ce qu’il doive répondre de son geste ?

Julien n’a plus rien à payer, il a agi par contrainte en tuant Hugues, mais tout dépendra de la manière dont il le vit et dont ça impacte son quotidien. Mais on peut aussi imaginer qu’il sorte grandi de cette situation, et qu’il ait un destin un peu différent que celui qu’il se traçait depuis le début de la série. C’est aussi une manière de redéfinir les contours du personnage : il a à la fois gagné et perdu en humanité. Nous verrons quelles seront les conséquences durables de cet acte. Et aussi, dans la relation qu’il entretient avec sa mère, à quel point elle lui pardonnera ce qui s’est passé, car Elizabeth a toujours eu un rapport un peu trouble avec Hugues. Malgré le fait qu’elle sache qu’il était nocif et dangereux, elle en était aussi très amoureuse. Et elle n’arrive pas totalement à faire le deuil de cette histoire d’amour. C’était l’un des grands amours de sa vie, et se trouver confrontée à sa disparition, même si c’est sûrement pour le mieux, lui est difficile à surmonter. Notre objectif avec Olivier Zsulzynger est de montrer une galerie de personnages nuancés, qui ne sont pas tous blancs ou tout noirs.

On a l’impression que les couples solides de la série ont éclaté cette année : Julien et Alice, Ludo et Johanna… Tandis que d’autres plus inattendus se sont renforcés, comme Sofia et Elise qui vont bientôt se marier.

Sofia et Elise, c’est une histoire qu’on suit depuis très longtemps; elles se sont un peu cherchées, puis leur amour s’est raffermi, et elles ont fini par avoir un bébé. C’est un parcours que nous voulions voir évoluer. Côté Bastide, c’était l’occasion de montrer un divorce, et les rapports intra-familiaux pendant cette période. Ca nous permet de continuer à toucher des mouvements sociétaux et en même temps à redéfinir les enjeux de chaque personnage. Nous essayons de suivre une vraie continuité dans la vie des uns et des autres. De la même manière, on a vu le couple formé par Florent et Claire vaciller. Ca nous a permis de montrer que parfois les relations de couples, bien que très entamées, peuvent survivre à des bouleversements, et parfois le déséquilibre est tel qu’il amène à une rupture. Nous voulions que chaque spectateur puisse trouver un écho à une histoire personnelle.

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Envisagez-vous de produire un prime événementiel cette année, à l’instar de ce que font régulièrement Plus Belle la vie et Demain nous appartient ?

Ca fait partie des choses dont on discute, mais l’année de production n’a pas été reposante. L’objectif a été plutôt d’être en mesure de maintenir durablement le programme avec des audiences satisfaisantes, et de s’assurer de notre capacité à continuer de le fabriquer. Pourquoi pas un prime à un moment ou à un autre, mais ça n’a pas été notre priorité en 2020. Nous avons aussi de gros travaux en cours dans nos studios, avec un élargissement de nos décors pour les saisons à venir, alors entre un site en production sous COVID et un autre en travaux, ça fait beaucoup pour se projeter ! Ca finira à un moment par arriver, je pense qu’on va se reposer la question dans les mois qui viennent.



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