« Un bar aux Folies Bergère » de Manet : moderne mélancolie



C’est un regard que l’on croise une fois et que l’on n’oublie jamais. Celui d’une serveuse de la fin du XIXe siècle, appuyée à son bar en marbre comme pour se retenir de tomber, au milieu du tumulte de l’un des cabarets les plus célèbres de l’époque. Dernier grand tableau d’Édouard Manet (1832–1883), Un bar aux Folies Bergère est une œuvre subtile à plus d’un titre, sa fine observation psychologique se doublant d’un jeu visuel troublant qui mue la scène en un théâtre de faux-semblants. Car derrière la serveuse, un miroir nous révèle le spectacle bouillonnant du monde moderne. S’y reflète aussi un observateur coiffé d’un haut-de-forme : notre avatar de spectateur ?

Ce qu’il faut savoir

Achevé un an avant la mort d’Édouard Manet, Un bar aux Folies Bergère est une parfaite synthèse de ce qui fait l’art de la deuxième moitié du XIXe siècle : une retranscription de la vie moderne, des héros anonymes, une atmosphère typiquement parisienne et une composition calibrée comme une photographie, où le hors-champ est aussi signifiant. À cela s’ajoutent les grandes qualités picturales de Manet, qui maniait si bien le noir, et avait le chic de glisser dans ses grandes compositions de très belles natures mortes, comme ici au premier plan.

Où la voir ?

Pièce maîtresse de la belle collection impressionniste de l’Institut Courtauld, l’œuvre se découvre parmi des chefs-d’œuvre de Berthe Morisot, Edgar Degas ou Pierre-Auguste Renoir. Célèbre pour son excellente formation en histoire de l’art, l’institut est installé dans le bâtiment néoclassique de Somerset House à Londres, actuellement en pleins travaux de rénovation (réouverture prévue pour le prochain printemps).

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