Tunisie, extérieur nuit | Beaux Arts



C’est un film sans dialogue, qui pose son décor dans la pénombre, voire parfois même dans une obscurité quasi-totale. Vingt minutes durant, de longues séquences montrent les gestes précis d’un homme qui creuse la terre. Ils répètent ceux de l’ancien pêcheur Chamseddine Marzoug, originaire de Zarzis, au sud-est de la Tunisie, connu pour avoir offert des sépultures aux migrants subsahariens morts au large.

À l’image, les plans s’enchaînent sur des silhouettes d’hommes immobiles, d’autres endormis, et des objets qui jonchent le sol. Bruts et sans fioriture, ils racontent avec une simplicité déconcertante la promenade nocturne d’un homme sur la plage de Zarzis. Avec pour unique bruit de fond celui des éléments, que seul le son hors-champ d’une percussion vient perturber.

Second court-métrage du réalisateur Younès Ben Slimane (1992, Tunisie), produit avec le soutien de l’Institut français de Tunisie, le film aborde, à la manière d’un docu-fiction, les drames migratoires en Afrique subsaharienne. Son réalisateur, formé à l’architecture et aux arts visuels, puise à parts égales dans la poésie – son titre, Nous le savions qu’elles étaient belles, les îles, est tiré d’un vers d’un poème de Georges Séferis – et dans les vestiges d’habitats troglodytiques de villages antiques. Conversation efficace pour donner corps à ce qui nous parvient généralement par les mots.

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“Nous le savions qu’elles étaient belles, les îles”

Younès Ben Slimane, 2021



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