Trois Américains blancs jugés pour le meurtre d’Ahmaud Arbery


Ce jeune homme noir avait été tué par balle en février 2020 par trois hommes qui l’avaient pris en chasse alors qu’il faisait un jogging.

La sélection des jurés a commencé lundi 18 octobre dans le procès de trois Américains blancs, répondant du meurtre du jeune joggeur noir Ahmaud Arbery, un fait divers qui avait scandalisé les États-Unis et alimenté les grandes manifestations antiracistes de l’été 2020. L’affaire a failli ne jamais être connue tant les autorités locales se sont efforcées de l’étouffer. Sont jugés par un tribunal de l’État de Géorgie, à Brunswick, Gregory McMichael, 65 ans, son fils Travis, 35 ans, et un de leurs voisins, William Bryan, 52 ans.

Le 23 février 2020, Ahmaud Arbery, 25 ans, faisait un jogging dans cette localité côtière du sud-est des États-Unis quand il avait été pris en chasse par les trois hommes. Le père et son fils, armés, étaient à bord du même pick-up, tandis que leur voisin les suivait avec son propre véhicule en filmant la scène. Après une altercation, le jeune McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur. Les trois hommes avaient ensuite assuré l’avoir pris pour un cambrioleur opérant dans les environs et avaient invoqué une loi de Géorgie autorisant de simples citoyens à procéder à des arrestations.

Pendant près de trois mois, les services du procureur local, pour qui Gregory McMichael, un policier à la retraite, avait longtemps travaillé, n’avaient décidé aucune interpellation. Il avait fallu la diffusion de la vidéo du drame, relayée massivement sur les réseaux sociaux début mai 2020, pour que l’enquête soit confiée à la police de l’État. Peu après, les trois hommes avaient été interpellés et inculpés pour «meurtre» et «arrestation arbitraire».

Une procureur inculpée

La mort de George Floyd quelques jours plus tard, sous le genou d’un policier blanc, avait relancé le débat sur les violences à l’encontre des Afro-Américains et le nom d’Ahmaud Arbery avait résonné dans les cortèges qui se sont multipliés dans tous les États-Unis jusqu’à la fin de l’été. Fresques, slogans, portraits: le jeune joggeur est devenu une figure emblématique du mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent). «Un homme noir devrait pouvoir faire un jogging sans craindre pour sa vie», avait même tweeté le président démocrate Joe Biden à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.

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Compte tenu de l’extrême médiatisation du dossier, la sélection des jurés durera plusieurs jours. Les accusés devraient ensuite plaider la légitime défense, en soutenant qu’Ahmaud Arbery a résisté à une arrestation légitime. Les procureurs devraient eux insister sur le fait que le jeune homme n’était pas armé et que rien ne le lie à une série de cambriolages ayant eu lieu dans le quartier où il courait. L’avocat Ben Crump, spécialiste des dossiers de violences policières, a espéré que le tribunal rejette la «tactique» des accusés. «Si ces tueurs s’en sortent, cela voudrait dire que lyncher des hommes noirs en 2021 est sans conséquence», a-t-il martelé.

Depuis le drame, l’État de Géorgie a adopté une nouvelle loi réprimant les crimes racistes et a aboli celle qui autorisait les citoyens à procéder à des arrestations. De son côté, la justice fédérale est aussi intervenue et a inculpé les trois hommes de crime raciste. Cela fera l’objet d’un autre procès, devant un tribunal fédéral, en février. Par ailleurs, la mère d’Ahmaud Arbery a déposé une plainte au civil et réclame un million de dollars de dédommagement. Elle vise les McMichael et William Bryan, mais aussi des policiers et procureurs locaux accusés d’avoir voulu étouffer l’affaire.

Plus rare: une procureure locale, Jackie Johnson, a été inculpée en septembre pour faute professionnelle. Selon l’acte d’accusation, elle aurait laissé son «affection» pour Gregory McMichael, qui a longtemps travaillé dans son service, prendre le pas, et ordonné aux policiers chargés des investigations de ne pas arrêter le fils de celui-ci.

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