Tamara de Lempicka en 2 minutes


En bref

Elle aimait le champagne, les bijoux, les fourrures, les toilettes de Poiret et de Chanel. D’une élégance racée digne de Greta Garbo ou de Marlene Dietrich, Tamara de Lempicka (1898–1980) est une artiste et personnalité mondaine du Paris de l’entre-deux-guerres. Ses tableaux, principalement des portraits et des nus féminins, mélangeant esthétique moderne et maniérisme, sont à l’image des Années folles. Lempicka, dont l’œuvre ne ressemble à aucune autre, a su créer son style.

Tamara de Lempicka

Tamara de Lempicka, 1925

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Elle a dit

« Mon but : ne copie jamais. Crée un nouveau style, clair, des couleurs lumineuses, et perçois l’élégance dans tes modèles. »

Sa vie

Tamara de Lempicka (de son vrai nom Maria Górska) est née à Varsovie, dans une famille très fortunée liée à l’aristocratie. Dès l’enfance, elle voyage beaucoup. Élève à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, elle se marie à l’âge de 18 ans avec un jeune avocat du nom de Lempicki. En 1919, le couple aura une fille, Maria, surnommée Kizette.

Après avoir réussi à faire libérer son mari arrêté par les Bolcheviks en 1917, Tamara se rend à Paris alors que la Grande Guerre vient de s’achever. À peine installée, elle s’inscrit à des cours de dessin et de peinture dans des académies libres de Montparnasse puis devient l’élève du peintre cubiste André Lhote. Tamara de Lempicka se forge un style personnel, sous l’influence des maîtres de la Renaissance qu’elle admire, mais aussi des peintres modernes qu’elle côtoie. Chose étonnante, son style (qualifié de néo-réaliste) évoluera peu, ce qui rend ses œuvres très identifiables.

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En 1923, l’artiste suscite l’attention en exposant au Salon d’Automne Perspective, une toile représentant deux nus féminins dans une pose intime, tout à fait saphique. L’œuvre est signée Lempitzky ; on la prend alors pour un homme. Sa véritable identité n’est révélée que deux ans plus tard, à l’occasion d’une exposition personnelle à Milan. C’est le début de la gloire et de la grande vie mondaine.

En 1927, Tamara de Lempicka a une aventure avec le dandy Gabriele d’Annunzio. Le vieil écrivain invite l’artiste chez lui, au Lac de Garde, pour qu’elle réalise son portrait. Après des soirées d’insistance, la belle Tamara se refuse finalement à lui. Grand seigneur, il lui offre un magnifique topaze en cadeau d’adieu, une bague exceptionnelle qu’elle portera toute sa vie. L’année suivante, Tamara de Lempicka divorce de son époux avant de se remarier, quelques années plus tard, avec un riche héritier.

Tamara est connue pour sa vie très libre, entourée de femmes. Elle a eu plusieurs amies intimes, notamment la blonde Suzie Solidor, propriétaire d’une boîte de nuit, dont elle a fait le portrait. Tamara aime la nuit. Dans son incroyable atelier conçu par l’architecte Mallet-Stevens à Montparnasse, elle reçoit ou travaille sans interruption sous l’effet de la cocaïne, une substance encore non prohibée pour un usage privé.

En 1939, l’artiste s’exile aux États-Unis et devient citoyenne américaine. L’esthétique Art déco n’est certes plus à la mode, mais Tamara de Lempicka continue d’exposer. Elle explore même, dans les années 1960, l’art abstrait. La peintre décède vingt ans plus tard, au Mexique, non sans avoir été redécouverte et offert certaines de ses toiles au Centre Pompidou. Preuve qu’elle se considérait pleinement comme une artiste moderne du XXe siècle.

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Ses œuvres clés

Tamara de Lempicka, Perspective

Tamara de Lempicka, Perspective, 1923

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Coll. Petit-Palais, Genève • © Bridgeman Images / © Tamara Art Heritage / Adagp, Paris 2021

Perspective, 1923

Connue aussi sous le titre Les Deux amies, cette œuvre épouse la thématique du saphisme, à la fois à la mode et scandaleuse dans les années 1920. Elle est très représentative du style de Tamara de Lempicka : les corps travaillés comme de puissantes architectures, les plans rapprochés, une manière classique et cubisante. À cette époque, les critiques pensaient que l’auteur de la toile était un homme car Tamara l’avait signé du nom de Lempitzky.

Tamara de Lempicka, Jeune Fille en vert

Tamara de Lempicka, Jeune Fille en vert, 1927–1930

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Huile sur contreplaqué • 61,5 × 45,5 cm • Coll. Centre Pompidou, Mnam, Paris • © akg-images / © Tamara Art Heritage / Adagp, Paris 2021

Jeune femme à la robe verte, 1927–1930

Glamour, iconique, cette vénus des temps modernes incarne la femme de la jet set au temps des Années folles. Mais derrière l’image du luxe se révèle la fine connaissance par l’artiste des modèles de la renaissance italienne. Le traitement du drapé et du corps est très sculptural. Tamara de Lempicka aimait doter ses modèles d’une aura de mystère et les représenter comme des femmes puissantes, indépendantes et libres de séduire.

Tamara de Lempicka, Kizette au balcon

Tamara de Lempicka, Kizette au balcon, 1927

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huile sur toile • 130 × 80,8 cm • Coll. centre Pompidou, Mnam, Paris • © RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde / © Tamara Art Heritage / Adagp, Paris 2021

Kizette au balcon, 1927

Tamara de Lempicka a réalisé plusieurs portraits de sa fille qui témoignent de son style néo-réaliste. Kizette semble toujours adolescente, alors qu’elle était beaucoup plus jeune dans la réalité. L’artiste saisit le trouble que renvoie ce passage de la femme enfant à la femme adulte, cet érotisme sourd, à la fois inconscient et troublant… et un peu déroutant de la part d’une mère. Les deux femmes auront des rapports difficiles, mais c’est néanmoins sa fille qui prendra soin d’elle au soir de sa vie et dispersa ses cendres au Mexique.

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