Sur les traces du divin Raphaël dans la région des Marches


« Il a réussi ce que les autres rêvaient de faire », a dit Goethe. Jusqu’à Rome, Raphaël (1483–1520) est parvenu à s’imposer face à la concurrence de ses contemporains Michel-Ange et Léonard de Vinci. Mais c’est à Urbino, dans la région des Marches, à l’est de l’Italie entre les Apennins et la mer Adriatique, qu’il apprendra les bases du dessin et de la peinture.

Le jeune talent précoce est d’abord formé par son père artiste, puis par l’entourage prestigieux de celui-ci. Avant de séduire les cités des environs, de Pérouse à la Città di Castello… Et enfin d’être appelé au Vatican en 1508, ultime consécration jalonnée de chefs-d’œuvre tels L’École d’Athènes (1508–1512) ou La Fornarina (1518–1519) avant une mort prématurée à 37 ans. Plongée aux sources de la grâce en peinture.

Étape 1 : la Casa Museo di Raffaello à Urbino

Commençons par pénétrer le Saint des saints. En ce 28 mars (ou 6 avril) 1483, les pleurs d’un nouveau-né emplissent la demeure cossue de Magia et Giovanni Sanzio, rue Sainte-Marguerite (actuelle via Raffaello) à Urbino, dans la région des Marches. Six siècles plus tard, la maison natale de Raphaël vibre encore de toute son âme ! Le clou de cette percée dans l’intimité du génie de la Renaissance se tient dans la chambre à coucher : une fresque représentant une madone… la toute première œuvre attribuée à Raphaël, datée de 1498.

Attribué à Raphaël, Vierge à l’Enfant

Attribué à Raphaël, Vierge à l’Enfant

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Fresque • Coll. Casa Raffaello, Urbino • © Photo Scala, Florence

Enrichie au fil du temps d’œuvres d’art (peintures, sculptures, céramiques, mobilier…), grâce à des dons généreux d’institutions publiques et de collectionneurs privés, la maison de Raphaël, en plus de rendre hommage au talent de l’artiste, témoigne de l’effervescence artistique qui règne alors à Urbino. C’est l’époque où cette petite ville s’est muée en véritable cour, moderne, grâce au goût artistique de Frédéric III de Montefeltro, seigneur d’Urbino de 1444 à 1482.

Étape 2 : le Palais ducal d’Urbino et la galerie nationale de la région des Marches

Raphaël n’est pas le fils de n’importe qui. Pour le comprendre, on grimpe jusqu’à l’éblouissant Palais ducal d’Urbino, qui surplombe la vallée de la Foglia à plus de 400 mètres. Giovanni Sanzio, son père, peintre, poète et scénographe, a dirigé le plus célèbre atelier de peinture d’Urbino et bénéficie des faveurs des Montefeltro. Avant de mourir, laissant Raphaël orphelin à 16 ans, son père lui fait connaître les grands artistes de son temps, qu’il recense avec soin dans une sorte de chronique devançant de plusieurs années les Vies de Vasari. Disciple de Piero della Francesca, il l’emmène au Palais ducal pour admirer sa Madonna di Senigallia et sa Flagellation qui trônent toujours dans ce beau palais renaissant.

La ville d’Urbino

Pour voir des peintures du père et du fils, prenez donc votre billet pour la galerie nationale des Marches installée au sein même du Palais ducal. Toutes les salles conservent des trésors du XIVe au XVIIe siècles. Giovanni Sanzio y est très présent avec par exemple son Archange Raphaël. La salle 25 est à ne surtout pas manquer, puisque c’est là que l’on admire deux tableaux de Raphaël, La Muette (1507–1508) et Sainte Catherine d’Alexandrie (1500–1503). Pour compléter votre tour, n’oubliez pas la salle 22 qui présente sept tapisseries du XVIIe siècle, réalisées d’après des dessins de Raphaël.

Raphaël, La Muette

Raphaël, La Muette, 1507–1508

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Huile sur toile • 64 × 48 cm • Coll. Galleria nazionale delle Marche, Urbino • © Photo Scala, Florence

Étape 3 : à Fano, avec le Pérugin

À une douzaine de kilomètres de Pesaro, avec ses vieilles pierres remontant à l’époque romaine, en particulier son arc d’Auguste daté de l’an 19 av. J.-C., la jolie cité de Fano, ouverte sur la mer Adriatique, charme les visiteurs. À la mort de son père, Raphaël poursuit son apprentissage auprès de Pérugin qui lui enseigne la « manière douce ». L’église de Santa Maria Nuova témoigne de cette période au contact de Pérugin, décisive dans la formation du style raphaélesque. Selon certains historiens de l’art, l’empreinte du jeune artiste serait présente dans la Nativité de la Vierge, une des scènes du retable de cette église. Cette prédelle de 1497 se compose de cinq tablettes et représente plusieurs épisodes bibliques. Après cette découverte, vous irez flâner dans les ruelles ou vous reposer sur une plage… Le soir, on déguste un ragoût de poissons « alla Fanese » mijoté avec des légumes et des épices… typique !

La Fontaine de la Fortune et le Palazzo del Podestà dans le centre historique de la ville de Fano

La Fontaine de la Fortune et le Palazzo del Podestà dans le centre historique de la ville de Fano

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© Alamy & Hemis / Photo BE&W agencja fotograficzna Sp. z o.o.

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Église de Santa Maria Nuova

Étape 4 : à Pesaro, divin dessin en bord de mer

Ville natale du compositeur Gioachino Rossini (sa maison se visite), Pesaro offre une escapade sans fausse note ! Entre deux collines, et ouverte sur la mer avec plus de 7 km de littoral, elle se découvre facilement à vélo, pratique pour explorer son passé romain, médiéval et de la Renaissance. La ville regorge aussi de palais et de musées ! Pour continuer la promenade dans les pas de Raphaël, on jette son dévolu sur la bibliothèque Oliveriana qui abrite une précieuse collection de 803 dessins de maîtres italiens de la fin du XVe au XVIIIe siècles. Parmi les Guido Reni et les Claudio Ridolfi, la collection conserve un superbe dessin signé de Raphaël représentant un personnage sans tête au recto et un homme nu au verso.

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La Cathédrale Santa Maria Assunta à Pesaro

La Cathédrale Santa Maria Assunta à Pesaro

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© Alamy & Hemis / Photo RealyEasyStar / Claudio Pagliarani

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Biblioteca et musei Oliveriani

Les aéroports les plus proches sont Bologne, Ancône et Rome mais il est aussi possible de prendre son temps et de gagner les Marches en train (plusieurs trajets avec correspondances).

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Un petit détour…

À Pérouse

Prêts à faire quelques kilomètres ? En 1499, fuyant un conflit d’héritage avec sa belle-mère et la terreur infligée par les Borgia qui ont pris le pouvoir, Raphaël séjourne à Pérouse, en Ombrie, où il poursuit son apprentissage auprès de Pérugin. Raphaël intervient notamment dans certaines figures des fresques de la salles des audiences du Collegio del Cambio, visibles au sein du palais de la commune de Pérouse.

À peine un an après sa première visite à Pérouse, Raphaël signe son premier contrat en qualité de « maître » pour le compte de l’atelier de Pérugin : il s’agit d’un retable d’autel pour l’église Saint-François à Città di Castello dont on admire aujourd’hui une copie (l’original est à la pinacothèque de Brera à Milan). Raphaël demeure à Città di Castello jusqu’au début de l’année 1504, où son nom apparaît aux côtés de Luca Signorelli et Domenico Ghirlandaio dans les collections de la pinacothèque communale, installée dans le Palazzo Vitelli alla Cannoniera, propriété de la famille Vitelli au XVIe siècle.



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