Paris, 1945. Les années de guerre ont été difficiles. Non qu’Alberto Giacometti ait réellement souffert dans sa chair (blessé au pied en 1938 lors d’un accident, il marchera toute sa vie avec une canne et ne sera jamais mobilisable). Depuis 1941, il est réfugié à Genève auprès de sa mère et de son neveu adoré. Mais du point de vue artistique, ces années sont bel et bien une souffrance. Loin de son atelier parisien de la rue Hippolyte Maindron, au sud de Montparnasse ; privé de ses repères ; dépourvu d’inspiration.
L’artiste, installé dans une petite chambre d’hôtel vite envahie par les sacs de plâtre, se sent incapable de créer autre chose que des figurines qui tiennent dans quelques boîtes d’allumettes. « Je faisais ça malgré moi. Je ne comprenais pas, racontera-t-il. Je commençais grand et je finissais minuscule. Seul le minuscule me paraissait ressemblant. J’ai compris plus tard : on ne voit une personne dans son ensemble que lorsqu’elle s’éloigne et devient minuscule. » Taraudé par son insatisfaction, il ne parvient pas à résoudre son problème de proportion. « Je crois que la chose la plus difficile est de tirer d’un modèle une figure satisfaisante parce que chaque jour on voit le modèle d’une façon différente », écrit-il.
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