Stéphane de Groodt : “Les monochromes de Klein et Soulages ont changé mon regard sur l’art contemporain”


Portrait de Stéphane de Groodt

Portrait de Stéphane de Groodt

i

« Quand j’étais petit, ma mère était amie avec une galeriste à Bruxelles. Il y avait chez elle, dans l’entrée, un extincteur. Je pensais qu’il s’agissait de l’objet courant mais, très vite, j’ai appris qu’il s’agissait d’une œuvre. Ça a été mon premier contact avec l’art contemporain. Plus tard, quand j’ai découvert les monochromes, je suis tombé dans les mêmes travers qu’avec cet extincteur : cela ne me paraissait pas extraordinaire. Et puis quand j’ai vu un Soulages ou un Klein, je me suis dit : ‘tiens, ça peut être autre chose’.

Yves Klein, Monochrome bleu sans titre (IKB 67)

Yves Klein, Monochrome bleu sans titre (IKB 67), 1959

i

Pigment pur et résine synthétique sur gaze montée sur panneau • 92 × 73cm • © Succession Yves Klein / ADAGP, Paris, 2023

C’est facile de peindre un tableau en bleu ou en noir, mais ça l’est beaucoup moins de rendre ce tableau singulier. Les monochromes ont changé mon regard sur l’art contemporain. Je dis ‘les’, car si je n’en avais vu qu’un, cela ne m’aurait pas convaincu. Et aussi parce qu’il m’est impossible de ne choisir qu’une seule œuvre ! Je pourrais aussi vous parler de Rodin ou de Picasso

Mais ce qui m’a interpellé chez Klein, c’est qu’il ne s’agit pas simplement d’une surface bleue. Le bleu est tellement dense qu’il se passe quelque chose. Et c’est justement cela qui, selon moi, caractérise une œuvre d’art. Tout le monde peut peindre un tableau bleu, mais il ne va pas forcément se passer quelque chose. La frontière entre la simple représentation, et l’émotion qu’elle suscite m’a toujours interpelé. »



Source link