Soupçonné de corruption, le chancelier autrichien Sebastian Kurz annonce sa démission


Le chancelier conservateur évoque de «fausses accusations», mais dit vouloir éviter «des mois de chaos ou d’impasse».

Le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz, soupçonné d’être impliqué dans une affaire de corruption, a annoncé ce samedi soir sa démission, nouveaux soubresauts politiques dans ce pays d’Europe centrale. Celui qui était devenu fin 2017 le plus jeune dirigeant élu de la planète est emporté par le scandale pour la deuxième fois, après une précédente tempête politique en 2019 qu’il avait spectaculairement réussi à surmonter.

«Il serait irresponsable de glisser vers des mois de chaos ou d’impasse», a-t-il déclaré devant la presse à Vienne, expliquant se retirer pour «la stabilité» du pays tout en réfutant de «fausses accusations». «Je veux céder la place pour éviter le chaos», a-t-il ajouté, disant avoir proposé le nom de son ministre des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, pour lui succéder.

Depuis l’annonce mercredi par le parquet de l’ouverture d’une enquête à son encontre pour corruption, Sebastian Kurz était sous pression pour se retirer. Le dirigeant de 35 ans avait jusqu’alors refusé, dénonçant des allégations «fabriquées». Mais il a finalement préféré prendre les devants alors qu’il était sous la menace d’une nouvelle destitution par le Parlement. Les élus devaient se prononcer mardi sur une motion de censure déposée par l’opposition.

«Chancelier fantôme»

Les Verts, partenaires minoritaires du gouvernement, avaient en outre accru leurs critiques au fil des jours. Vendredi, le vice-chancelier et leader des écologistes, Werner Kogler, avait jugé que Sebastian Kurz n’était «plus apte à exercer ses fonctions», à l’issue d’entretiens avec les chefs des autres partis. Les conservateurs (ÖVP) doivent maintenant proposer quelqu’un «d’irréprochable», avait-il estimé.

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Peu après la prise de parole du chancelier, Werner Kogler a salué «une décision appropriée», espérant désormais «poursuivre le travail gouvernemental» avec Alexander Schallenberg, un diplomate de carrière francophone âgé de 52 ans, qu’il rencontrera dimanche. L’opposition s’est en revanche montrée moins enthousiaste, déplorant la poursuite du «système Kurz». «On peut résumer, depuis une heure M. Kurz n’est plus chancelier, mais chancelier fantôme», a réagi la cheffe de l’opposition sociale-démocrate Pamela Rendi-Wagner.

Sebastian Kurz est soupçonné d’avoir utilisé par le passé des fonds gouvernementaux pour s’assurer une couverture médiatique favorable. Selon le parquet, entre 2016 et 2018, des articles élogieux et des études d’opinion «partiellement manipulées» auraient été publiés en échange de l’achat d’espaces publicitaires par le ministère des Finances, géré à cette époque par les conservateurs. Sebastian Kurz et neuf autres suspects, ainsi que trois organisations, sont visés par une enquête pour diverses infractions liées à cette affaire. Des perquisitions ont eu lieu mercredi, notamment au siège de l’ÖVP et à la chancellerie.

Le dossier des procureurs se fonde sur une série de messages téléphoniques. «Je serai capable de faire la lumière, j’en suis sûr», a affirmé M. Kurz, soulignant que quelques SMS avaient été écrits «sous l’impulsion du moment». «Je suis juste humain, avec des émotions et des erreurs», a-t-il insisté. Il reste à la tête du parti conservateur et siégera au Parlement.

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Ibizagate

Entré au gouvernement en tant que secrétaire d’État il y a dix ans puis devenu ministre des Affaires étrangères, Sebastian Kurz a une première fois accédé à la chancellerie en décembre 2017. Associé au parti d’extrême droite FPÖ, il a vu son gouvernement balayé en mai 2019 par un scandale de corruption, connu sous le nom d’Ibizagate.

Il est ensuite revenu au pouvoir en janvier 2020, cette fois aux côtés des Verts, une coalition qui avait déjà été mise à mal plusieurs fois en raison d’autres affaires et de différences de points de vue sur la question des réfugiés.



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