Repères et témoignages – Sorgho : « cette petite graine qui monte »


En 2020, les surfaces cultivées en sorgho ont progressé de 18 % dans l’Union européenne (source Sorghum ID). Cette progression vaut pour le sorgho grain (+ 20 %), comme pour le sorgho fourrager (+ 12 %). Une dynamique observée notamment auprès des adhérents de la coopérative Euralis. Retrouvez plus de détails et leurs témoignages.

« D’origine africaine, le sorgho est la Un intérêt grandissant pour la culture du sorgho en Europe »>5e céréale dans le monde (avec 49 millions d’hectares de production), après le maïs, le blé, le riz et l’orge ». On le retrouve sur les cinq continents. « En France, on comptait 122 000 ha de sorgho au total en 2020, ce qui fait de notre pays le 2e plus gros producteur en Europe, juste derrière la Russie. C’est aussi le pays qui affiche la plus forte dynamique, une tendance particulièrement marquée sur les trois dernières années », observe la coopérative Euralis, ancrée dans le Sud-Ouest. 

« Une céréale qui a de l’avenir »

Si cette région est la zone de production historique de sorgho dans l’Hexagone, « l’arrivée de variétés plus précoces et le réchauffement climatique ont permis d’élargir la zone de culture vers le nord. L’Indre et Loire est ainsi devenu en 2020 le 2e plus gros département producteur de sorgho en France ». « La culture s’adapte bien au changement climatique : elle a de faibles besoins en intrants et tolère bien la sécheresse ». À noter toutefois : même si ses besoins en eau sont faibles, un stress hydrique au stade épiaison-floraison peut impacter le rendement. « Le sorgho permet à l’agriculteur d’assurer une diversification de la rotation des cultures. Il peut être une culture de remplacement intéressante quand les productions habituelles subissent de mauvaises conditions météo ou sont touchées par des parasites ».

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De plus, « les débouchés du sorgho sont nombreux et variés, ajoute Euralis. Les transformateurs commencent à apprécier le sorgho grain pour les nombreuses qualités de sa graine. Riche en protéine et dotée d’une valeur énergétique intéressante, il est prisé pour l’alimentation animale et c’est là le principal débouché en Europe. […] Riche en fer, zinc, calcium, vitamine B9 et connu pour ses qualités antioxydant, il est également utilisé pour l’alimentation humaine et sert à produire du Pop-Sorghum, des flakes, du lait, des pâtes, ainsi que des spiritueux… […] Le sorgho fourrager est enfin exploité sous différentes formes : l’ensilage, la biomasse (production de biogaz, rendement méthane/ha = 7 000 m3) ou le pâturage. Avec une tige naturellement riche en sucre, il est utilisé pour le bétail et permet une meilleure conservation de l’ensilage. Il entre également dans la production de bioénergies comme le bio-éthanol (avec 1 tonne de sorgho grain on peut produire 400 litres d’éthanol) ou le méthane. Les sorghos biomasses riches en fibre aident enfin à la fabrication de biomatériaux, de colorants ou de plastiques. »

Pourquoi cultiver le sorgho ? Témoignages

Le nombre d’exploitants cultivant du sorgho ne cesse alors d’augmenter. « Chez Euralis céréales (pôle agricole), on comptait 173 agriculteurs en 2019 sur le territoire de la coop et 247 en 2020. […] La météo capricieuse sur la période de semis des cultures d’hiver a certainement convaincu certains agriculteurs : la sécheresse, suivie d’épisodes très pluvieux, les a empêchés de semer les céréales à paille et le colza. Le sorgho est apparu comme un excellent back-up notamment sur des situations limitantes », commente Nicolas Arangoïs, promoteur terrain Sud-Ouest au pôle semences de la coopérative. Joël Berge-Andreu, exploitant à Uzein (Pyrénées-Atlantiques), avait par exemple cultivé dans les années 2000 et avait fait une pause pour des problèmes de désherbage. 

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« Maintenant que des solutions efficaces existent entre autres, il n’y a plus besoin de rattrapage, j’ai recommencé, l’an dernier, sur une parcelle en isolement de 4 hectares où je faisais habituellement des céréales à paille et du soja, témoigne-t-il. C’est une culture plutôt facile qui permet d’étaler le travail ; il faut cependant attendre que les sols se réchauffent pour semer. Concrètement, l’an dernier, j’ai semé en première culture, fin mai. Il n’a pas beaucoup plu, et malgré cela, je suis plutôt satisfait du rendement. Il faut dire que les cours sont à la hausse. Même si je vends le sorgho 8 à 10 euros la tonne moins cher que le maïs conso, étant donné qu’il faut très peu de séchage, au final, je m’y retrouve. Je compte donc poursuivre cette année ». Pour Bernard Ader, installé au sud de Toulouse (Haute-Garonne) : « le sorgho, c’est une longue histoire ! Mon père en cultivait, il y a 32 ans déjà », explique l’agriculteur. « Ce qui a permis de régler en partie les problèmes de sécheresse auxquels l’exploitation était confrontée. Lorsqu’un technicien, qui avait une posture innovante à l’époque, a proposé le sorgho à mon père, il s’est lancé rapidement et sur des surfaces non négligeables. Au fil du temps, différentes variétés ont été testées pour travailler des équilibres, avec un effet rendement immédiat ».

Le « 4×4 » des cultures.

« On a stabilisé nos surfaces (20 ha) et on a complètement arrêté le maïs », ajoute Bernard Ader. « Les deux cultures se valent en termes de marge. Et le sorgho permet de faire un assolement. C’est un peu le « 4×4″ des cultures : il convient bien à des parcelles hétérogènes, reste relativement facile à récolter et ne nécessite pas d’équipements spécifiques. Il faut juste veiller à désherber correctement, respecter une certaine densité, être attentif à la fertilisation et récolter au bon stade. Mais passé un temps d’adaptation, on peut s’approprier cette culture qui est certes différente de celle du maïs. Et puis les rendements sont satisfaisants. […] Je crois beaucoup dans le développement de nouveaux débouchés, plus nobles, notamment en alimentation humaine. C’est ce qui va amener de la valeur à cette culture en devenir et convaincre un nombre toujours croissant d’agriculteurs à se lancer ».

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