Plantes-appâts, allélopathie… – « Des plantes au service de la lutte contre les bioagresseurs »


On regroupe sous le terme “plantes de services” des plantes qui, comme leur nom l’indique, rendent des services écosystémiques à la parcelle. Des essais Arvalis ont notamment montré leurs intérêts dans la lutte contre les bioagresseurs, comme le taupin ou l’amarante. Détails.

« Semées avant, pendant ou après la culture de rente », les plantes de services n’ont pas vocation à « être commercialisées. Selon les espèces, elles sont plutôt choisies pour entretenir la biodiversité ou encore améliorer la fertilité et la structure du sol, etc. », expliquent les équipes Arvalis. « Par différents mécanismes, elles peuvent également contribuer à la protection des cultures ».

Des plantes-appâts contre le taupin : technique approuvée

Des essais ont notamment mis en avant l’intérêt des plantes-appâts dans la lutte contre les taupins, indique Anne-Monique Bodilis, experte Arvalis. « Ce petit coléoptère, dont la larve terricole vit entre deux et cinq ans dans le sol, peut attaquer le maïs depuis sa germination jusqu’au stade 6-7 feuilles, avec des dégâts importants. C’est donc à ce stade plantule qu’il faut protéger la culture ». De façon à réduire le recours aux produits phytosanitaires, les équipes de l’institut technique ont donc testé de semer le même jour ou un jour avant le maïs différentes plantes compagnes : orge, blé, avoine et mélange blé/maïs.

« Semées entre 8 et 10 cm de profondeur, les graines de ces plantes-appâts émettent des composés organiques volatils particulièrement attractifs pour les larves, qui viennent alors se fixer sur ces plantules, plutôt que sur le maïs semé à environ 4 cm de profondeur ». Aujourd’hui, la technique est approuvée : « les niveaux d’efficacité sont assez proches de ceux des insecticides disponibles sur maïs », précise Anne-Monique Bodilis.  

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Parmi les espèces de plantes compagnes testées, ce sont le mélange blé/maïs et l’ orge qui ont montré les meilleures efficacités. À noter : le désherbage du maïs est recommandé à 3 feuilles pour éviter le risque de compétition entre les plantes compagnes et la culture, ajoute Thomas Desormeaux d’Arvalis. Parmi les types de désherbage mis en œuvre :

– « un désherbage chimique classique ;

– un désherbage localisé sur le rang suivi d’un désherbage mécanique de l’inter-rang ;

– un désherbage chimique sur le rang suivi d’un désherbage mécanique tardif (avec une bineuse, au stade 6 feuilles du maïs) ». 

« Si la technique est opérationnelle, des travaux restent encore à effectuer pour déterminer les espèces les plus efficaces et améliorer les méthodes de destruction, notamment en agriculture biologique. »

Les couverts végétaux, levier pour la gestion des adventices

Plusieurs essais ont aussi permis de remarquer que les  couverts d’interculture pouvaient avoir un impact sur la gestion des adventices. « S’ils ne réduisent pas ou peu leur nombre, ils en diminuent la biomasse, rendant ainsi service à la culture suivante. » « Plus le couvert aura une biomasse importante au moment de sa destruction, plus l’effet sera marqué », souligne Jérôme Labreuche, ingénieur Arvalis. 

Parmi les autres éléments à prendre en compte : la vitesse de couverture du sol à des stades précoces. « On a identifié qu’à biomasse identique, des espèces avec une couverture du sol rapide (moutarde, sarrasin, sorgho…) ont un meilleur effet sur la gestion des mauvaises herbes, par rapport à des plantes qui couvrent le sol un peu moins vite. » La hauteur des plantes peut également avoir un effet supplémentaire, ajoute l’expert. 

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Quels mécanismes peuvent expliquer ces effets ? Pour Jérôme Labreuche, il y a tout d’abord la compétition des plantes pour l’eau, l’azote et la lumière. L’ allélopathie, autrement dit, l’ensemble des interactions biochimiques exercées par une plante sur ses voisines, est également une hypothèse, mais « le phénomène est, là, moins connu ». Des études sont actuellement en cours chez Agroscope (centre de compétence de la Confédération suisse dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire). « L’analyses d’exsudats racinaires de sarrasin en présence d’amarante réfléchie ont notamment montré l’effet inhibiteur du sarrasin sur la croissance de cette adventice », indique Aurélie Gfeller d’Agroscope. Reste encore à déterminer quels composés jouent un rôle dans l’inhibition des adventices…



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