Plan climat – Le secteur agricole doit réduire de 20 % ses émissions de GES d’ici 2030


En attendant la présentation d’une stratégie complète d’ici la fin du mois de juin, Elisabeth Borne a présenté lundi 22 mai les grandes lignes du nouveau plan Climat. Tous les secteurs et tous les acteurs sont concernés, mais à des degrés divers. Pour le secteur agricole, l’enjeu est de réduire de près de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

La France doit passer de 408 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) en 2022 à 270 millions en 2030. Par rapport à 1990, l’année de référence utilisée en Europe, l’objectif est de – 50 % en 2030, et – 55 % en « net », si l’on inclut les puits de carbone que sont sols et forêts, ce qui est l’objectif européen.

Passer de 81 Mt de CO2 à 68 Mt d’origine agricole en 7 ans

Le secteur agricole se voit fixer des objectifs un peu plus modestes que pour le secteur du transport ou celui du bâtiment. Mais il faudra tout de même passer de 81 Mt d’émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui à 68 Mt en 2030. Sans compter une baisse spécifique de 6 Mt sur les émissions liées aux engrais azotés.

Le gouvernement attend aussi que la baisse continue de la consommation de viande en France conduise à une économie de 5 Mt d’ici sept ans, explique-t-on à Matignon.

Premier poste : les transports

Les transports constituent le premier poste d’émissions du territoire (environ un tiers du total), et la circulation ne cesse d’augmenter. Pour le gouvernement, ces émissions doivent passer de 129 millions de tonnes de CO2 par an en 2022 à 92 Mt en 2030.

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Alors que la moitié du problème vient des véhicules particuliers, le plan compte sur leur électrification (- 11 Mt), le télétravail, le covoiturage…

Le report des voyageurs sur les transports en commun (- 5 Mt) pourra se faire par exemple en favorisant les infrastructures autour des gares (parkings de délestage, bus d’accès), un objet de discussion actuelle pour les prochains contrats de plan Etat-Régions.

Avec le boom du e-commerce, la logistique doit se décarboner d’urgence : optimisation du chargement, véhicules lourds électrifiés ou à hydrogène (- 5 Mt), fret ferroviaire et fluvial (- 4 Mt), « sobriété » dans les marchandises (- 7 Mt)…

Dans l’aérien, les carburants durables permettraient – 2 Mt, comme la maîtrise de la demande.

Réduire de moitié les émissions du bâtiment

Ce poste (18 % des émissions actuelles, résidentiel et tertiaire inclus) devra voir ses GES réduits de moitié, de 64 à 30 Mt.

Cela devra passer par de la rénovation énergétique « performante » (le résidentiel étant composé à 11 % de maisons « passoires » et 7 % d’immeubles « passoires »). Le gouvernement vise aussi la disparition progressive des chaudières au fioul, déjà l’objet d’interdictions, mais aussi, nouveauté, le remplacement des chaudières à gaz.

Ce dernier point est brûlant car tout un secteur économique vit du gaz et que les pompes à chaleur électriques sont chères.

Les gros sites industriels attendus au tournant

Ce secteur a déjà vu ses émissions reculer à la fois du fait de la désindustrialisation et de changements de processus. Mais de 72 Mt en 2022, ses émissions devront tomber à 45 en 2030, avec une grande part de décarbonation attendue des gros sites industriels.

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Le plan table aussi sur la sortie du charbon et du gaz dans la production d’électricité en France (- 11 Mt). Ou encore sur de moindres émissions issues du traitement des déchets (- 9 Mt), via leur transformation en énergie ou encore le recyclage.

Quant à la forêt, alors que le puits forestier de la France métropolitaine a été divisé par deux depuis 2010, le plan est prudent et n’escompte pas de gain majeur en 2030, en raison d’une hausse des prélèvements (pour l’énergie et les produits bois) et dans un contexte de changement climatique aggravé affectant la mortalité et la croissance des arbres.



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