Piero della Francesca sous un nouveau jour


Une nouvelle enquête. Un suspect : le très mystérieux Piero della Francesca. Un objet du crime : son chef-d’œuvre, la Flagellation du Christ. Et une cohorte de témoins : d’autres tableaux du maître, mais aussi ses écrits, dont un fameux traité sur la perspective. Résoudre l’énigme de cette affaire est la mission que s’est assignée Franck Mercier, spécialiste du XVe siècle européen, normalien et agrégé d’histoire, qui propose dans son dernier ouvrage une relecture très audacieuse de l’œuvre de l’artiste que tout le monde appelle Piero – d’après Giorgio Vasari (1511–1574), le premier biographe des artistes de la Renaissance, son patronyme (della Francesca) lui viendrait de sa mère. Si l’on sait à quel point la littérature abonde sur le peintre, auteur entre autres du cycle de fresques de la basilique d’Arezzo (Toscane), ce livre complexe et précis entend « résoudre l’une des énigmes picturales les mieux gardées du Quattrocento italien ».

Pour cela, la démonstration de l’historien s’appuie sur cette célébrissime Flagellation du Christ, œuvre de la période de maturité de Piero della Francesca, peinte sur un panneau de peuplier de taille moyenne (58,4 × 81,3 cm) et concentrant à elle seule maintes problématiques. Redécouverte seulement dans les années 1830 par la critique d’art et conservée encore aujourd’hui à Urbino (Marches), au sein de la Galerie Nationale des Marches, hébergée dans l’ancien palais ducal, elle est a priori d’un sujet simple, même si le décentrement de sa composition peut surprendre. On y identifie, dans sa partie gauche, sous une loggia à l’antique, le Christ à la colonne. Étrangement impassible, il reçoit les coups de fouet de son bourreau sous le regard de Ponce Pilate, trônant sur une estrade. Un homme de dos, vêtu de blanc, observe la scène. À droite, un second groupe de figures, totalement étrangères au supplice, paraît converser sans que leurs regards ne se croisent.



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