Perspectives agricoles mondiales – L’agriculture doit être plus productive pour éliminer la faim et moins polluer (FAO-OCDE)


Les objectifs d’éradication de la faim et de réduction des émissions de gaz à effet de serre agricoles ne seront pas atteints en 2030 si l’agriculture ne « gagne pas en efficacité », estiment la FAO et l’OCDE dans un rapport.

Dans leur rapport annuel sur les perspectives agricoles publié le 29 juin, l’agence des Nations unies pour l’alimentation (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estiment que « la productivité agricole mondiale devra augmenter de 28 % au cours de la prochaine décennie » pour répondre de front à deux défis : éliminer la famine au sein d’une population mondiale en pleine croissance, tout en réduisant massivement les émissions de gaz à effet de serre (GES).

De fait, l’objectif de développement « ODD – zéro faim » des Nations unies nécessite d’augmenter de 30 % les apports caloriques par personne et par jour dans les pays à faible revenu d’ici à 2030, et de 10 % dans les pays à revenu intermédiaire.

Quant à l’Accord de Paris sur le climat, adopté en 2015, il vise à limiter à 2 °C (1,5 °C si possible) la hausse de la température moyenne de la planète par rapport aux niveaux préindustriels.

Augmenter de 28 % la productivité agricole d’ici à 2031, cela reviendrait à « tripler la hausse de productivité enregistrée ces dix dernières années », illustre Lee Ann Jackson, économiste à la direction des échanges et de l’agriculture à l’OCDE.

Pour atteindre ce chiffre, l’augmentation de rendement des récoltes mondiales devrait passer de 13 % à 24 % sur 2022-2031, et la productivité des cheptels croître de 31 %.

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L’intensité carbone de la production agricole devrait diminuer

Mais à l’heure actuelle, les deux organisations tablent sur une augmentation de la production agricole mondiale moyenne de 1,1 % par an entre 2022 et 2031, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Pour stimuler la croissance, elles exhortent à des efforts concertés en matière d’investissements dans les infrastructures, l’innovation, le transfert de connaissances, de technologies et de compétences pour les agriculteurs.

« Les émissions directes de GES (CO2, méthane) liées à l’agriculture devraient augmenter de 6 % sur la prochaine décennie, poursuit le rapport, l’élevage représentant plus de 90 % de cette progression. »

Elles devraient toutefois « s’accroître moins vite que la production » grâce à une amélioration des rendements et une diminution du cheptel de ruminants, mais cette baisse dépendra aussi « d’efforts supplémentaires » de la part des pouvoirs publics pour limiter, par exemple, le gaspillage alimentaire.

« Il faudra s’assurer que les échanges restent ouverts »

La FAO et l’OCDE prévoient des échanges commerciaux en hausse pour les produits agricoles entre 2022 et 2031, avec « des disparités croissantes entre régions exportatrices et importatrices nettes ». L’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud et du sud-est, notamment, devront accroître leurs imports en raison de la croissance démographique et de la réduction de surfaces arables.

Pour assurer la sécurité alimentaire, il faudra donc « conserver un commerce mondial en bon ordre de marche, s’assurer que les échanges restent ouverts, que les produits agricoles puissent être transportés là où il y en a besoin », exhorte Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE.

Le rapport estime que les prix des denrées alimentaire vont suivre une tendance plutôt baissière dans les dix ans qui viennent, « en raison du ralentissement de la hausse de la demande et d’une production plus efficiente ».

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Et pour éviter les évolutions inattendues de prix, il faudra « accroître la transparence quant à l’offre agricole, mieux évaluer les risques, mieux coordonner les politiques publiques des principaux pays acteurs du commerce de produits agricoles », souligne Mathias Cormann.

La guerre pose des points d’interrogation sur les prévisions

Ces projections s’accompagnent de nombreuses incertitudes liées « au climat, à la guerre en Ukraine, aux maladies, aux préférences de consommation et à l’évolution des politiques publiques », précise Lee Ann Jackson.

À plus court terme, les deux organisations prévoient une production mondiale de blé stable ou en légère baisse en 2022/23, avec de gros points d’interrogation quant aux conséquences de la guerre sur la production et l’approvisionnement en blé dans les mois à venir.

La guerre a aussi fait flamber les prix de l’énergie et des intrants, or une hausse prolongée « augmentera les coûts de production et pourrait limiter la croissance ».

« Nos projections suggèrent qu’en 2022/23, les prix du blé dépasseront de 19 % leur niveau d’avant-guerre si l’Ukraine perd totalement sa capacité à exporter. L’augmentation serait de 34 % si on y ajoute une baisse de moitié des exportations russes », note Mathias Cormann.

« 19 millions de personnes supplémentaires pourraient se trouver en état de sous-alimentation chronique en 2023 », prévient par ailleurs le directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Cette estimation n’a cessé d’être revue à la hausse depuis le début du conflit.



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