Normes, durabilité… – Interbev demande une politique « cohérente » pour la viande bovine


À l’approche de l’élection présidentielle, et du salon de l’agriculture où devrait défiler une bonne partie des candidats, l’interprofession bétail et viande demande des engagements politiques concrets pour soutenir le modèle d’élevage français, durable et vertueux. Interbev attend notamment des avancées sur les clauses miroirs, l’affichage environnemental, ou encore l’origine des viandes.

Alors que les candidats à l’élection présidentielle devraient pour la plupart faire campagne au salon de l’agriculture, qui s’ouvre le 26 février prochain, à Paris, l’interprofession bétail et viande (Interbev) a dévoilé le 17 février ses propositions pour « un engagement de l’État en faveur de notre modèle de production responsable et durable ».

« Nous attendons un réel soutien de l’État pour protéger et valoriser notre production française, tout en répondant aux attentes de la Convention citoyenne pour le climat », explique Jean-François Guihard, président d’Interbev. Le modèle d’élevage français, à taille humain, herbager, tendant vers l’autonomie, est salué par tous pour sa durabilité, mais les actes manquent, relève Bruno Dufayet, éleveur et président de la Commission Enjeux sociétaux d’Interbev. C’est le cas par exemple pour la réciprocité des normes. Ainsi, le décret européen sur l’utilisation des antibiotiques (interdisant notamment l’usage des antibiotiques comme activateurs de croissance) aurait dû être publié fin janvier, permettant d’interdire plus facilement les importations de viande élevée aux antibiotiques, comme c’est le cas en Amérique du Sud. Or, sa publication est reportée, en théorie de quelques mois.

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Interbev demande aux candidats de s’engager à ne plus signer d’accord bilatéral sans que la réciprocité des normes soit intégrée, par exemple en matière de traçabilité de la naissance à l’abattage. Cette traçabilité, obligatoire en Europe, ne l’est pas en Amérique du Sud, où l’élevage contribue en certains endroits à la déforestation. 

Une cohérence sur l’affichage environnemental

Aujourd’hui, l’impact environnemental d’une production est évalué via la méthode de l’analyse du cycle de vie (ACV), une méthode « clairement pas adaptée à nos productions de ruminants », regrette Bruno Dufayet. Car avec cette méthode, plus le cycle de vie est court, comme c’est le cas dans les feedlots d’élevage intensif, moins il est polluant, tandis que l’élevage extensif, qui laisse davantage de temps aux animaux pour se développer, est plus mal noté d’un point de vue environnemental. Interbev demande donc une méthode d’évaluation qui tienne compte de l’ensemble des externalités des systèmes de production, notamment le stockage de carbone, mais aussi la préservation de la biodiversité, l’usage des produits phytosanitaires, etc.

Favoriser l’origine

Interbev défend également un certain nombre de mesures en faveur de la consommation de viande durable. L’interprofession souhaite introduire dans la réglementation européenne l’indication obligatoire de l’origine des viandes y compris utilisées en tant qu’ingrédient, d’autant que l’expérimentation autorisée en France a désormais pris fin. Autre réglementation attendue, alors que les dénominations telles que « steak » ou « saucisse » ne sont plus autorisées pour désigner des produits végétaux, le décret d’application n’est toujours pas paru.

Interbev souhaite également le maintien de la fréquence minimale de 4 repas sur 20 de viande non hachée de bœuf, veau ou agneau en restauration scolaire, et la concrétisation à court terme des objectifs d’approvisionnement en viandes issues d’un modèle de production durable dans la restauration collective, comme prévu par la loi Climat et résilience, à savoir : 60 % de viandes durables, et 100 % dans les restaurants gérés par l’État.  

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Un modèle « économiquement très fragile »

Si aujourd’hui, la production de viande bovine française est en capacité de fournir ce marché qui s’ouvre, ce ne sera peut-être pas le cas demain, craint Bruno Dufayet, également président de la Fédération nationale bovine (FNB). « Le modèle est économiquement très fragile, on perd environ 2 000 éleveurs par an, et on a perdu 600 000 vaches sur les quatre dernières années », explique-t-il.

« On a un vrai sujet de maintien de la production en France », d’autant plus qu’aujourd’hui, 50 % des vaches sont détenues par des éleveurs qui ont plus de 50 ans. Si le manque de revenus ou la concurrence avec le végétal peuvent jouer un rôle dans la décapitalisation, ce sont surtout les départs à la retraite qui l’expliquent. D’où l’importance d’une politique qui soutienne concrètement le modèle d’élevage français. Car « on ne peut plus, aujourd’hui, occulter la réalité économique et se contenter de mettre en avant la passion pour donner envie aux jeunes de s’installer », ajoute Bruno Dufayet.





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