Nikos Aliagas : « Cette œuvre de Delacroix m’a suivi toute ma vie »


Nikos Aliagas au Cap Sounion en Grèce

Nikos Aliagas au Cap Sounion en Grèce

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« La Grèce sur les ruines de Missolonghi est une œuvre qui m’a suivi toute ma vie. Eugène Delacroix (1798–1863) peint cette toile en 1826, quelques mois après le massacre des habitants de Missolonghi, qui n’est autre que la ville de mes ancêtres. C’était un symbole pour les puissances européennes et tous les intellectuels de l’époque, de Victor Hugo (1802–1885) à François-René Chateaubriand (1768–1848), qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la libération de la Grèce face au joug ottoman, laquelle fête le bicentenaire de son indépendance cette année.

Eugène Delacroix, La Grèce sur les ruines de Missolonghi

Eugène Delacroix, La Grèce sur les ruines de Missolonghi, 1826

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Huile sur toile • 213 × 142 cm • Musée des Beaux-Arts de Bordeaux • © Bridgeman Images

Mon père arrive à Paris en 1964. Il ne parle pas un mot de français. Et quand on lui demande, au beau milieu de la gare de Lyon, d’où il vient, il présente une reproduction du tableau de Delacroix, dont j’ai moi-même une carte postale dans ma bibliothèque. J’y suis sensible pour des raisons personnelles, historiques, mais aussi artistiques : cette femme au chemisier déchiré, debout sur les ruines de sa ville, n’a jamais existé, si ce n’est dans le regard des combattants – Delacroix peint la Grèce sans y être allé. Et pourtant, elle existe encore. Cerise sur le gâteau : j’ai eu la chance, il y a deux ans, d’exposer une série de photographies prises à Missolonghi à côté de cette œuvre conservée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Un accrochage des plus émouvants pour moi, vous vous en doutez. »

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Musée des Beaux-Arts de Bordeaux



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