Mort de la pétulante galeriste Suzanne Tarasiève


On la croyait immortelle, mais la galeriste Suzanne Tarasiève (1949–2022) s’est éteinte le 27 décembre à l’âge de 73 ans, emportée par un cancer. Les images d’elle posant, telle une super-héroïne rock, trash et pétillante, en collants et bottes rouges devant l’objectif de Juergen Teller sous le soleil grec resteront gravées dans les mémoires. Énergique, excentrique, souriante, généreuse, audacieuse, gouailleuse… C’est en ces termes que la décrivent ceux qui ont côtoyé cette galeriste hors pair haute comme trois pommes, qui se faisait remarquer avec ses tenues en vinyle, ses boas roses et ses imprimés panthère, mais aussi et surtout avec son talent –  indissociable de son caractère, car sa franchise et son humanité lui ont permis de convaincre et fidéliser de grands artistes.

Partie de rien et pas snob pour un sou, c’est à l’école que cette fille d’une couturière et d’un radioélectricien d’origine ukrainienne élevée dans le Berry a découvert l’art. Passion qui l’a poussée à ouvrir en 1978 une galerie dédiée aux avant-gardes à Barbizon (Seine-et-Marne), avant de déménager en 2003 à Paris, dans le 13e arrondissement, rue Chevaleret – lieu complété en 2008 par le Loft19, puis sa galerie du Marais  (rue Pastourelle) en 2011. Dans la capitale, elle s’est fait connaître en mettant en avant de grands noms de l’art contemporain français, allemand et ukrainien.

Portrait de Suzanne Tarasiève en robe de mariée pour les 40 ans de sa galerie

Portrait de Suzanne Tarasiève en robe de mariée pour les 40 ans de sa galerie, 2018

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Photo Say Who – Jean Picon

C’est elle qui a défendu Eva Jospin, désormais célèbre pour ses forêts de carton sculpté, mais aussi Jean Bedez, virtuose du graphite, et surtout des artistes allemands comme Jörg Immendorff, Markus Lüpertz, A.R. Penck et Sigmar Polke. Son chouchou ? Le photographe Boris Mikhaïlov (exposé cet automne à la Maison européenne de la photographie), qu’elle n’a cessé d’exposer depuis 2000, date où elle a découvert, bouche bée, son travail en Allemagne. L’art était sa famille. Sans enfants, c’est à ses quatre collaborateurs Alice Vaganay, Julien Bouharis, Veovansy Veopraseut et Lucas Marseille que Suzanne Tarasiève a légué sa galerie. The show must go on !



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