Marvel’s Avengers : de grands pouvoirs suffisent-ils à faire un grand jeu ?


Triomphe cinématographique incontestable, les Avengers n’ont pas toujours connu le succès dans les jeux vidéo. Tout le monde attendait donc logiquement cette adaptation originale sous la houlette de Crystal Dynamics. Alors, rassemblement ou pas ?

Crystal Dynamics / Square Enix

Petite séquence flashback. En 2014, les studios Marvel ont (enfin !) décidé de changer leur fusil d’épaule concernant les déclinaisons vidéoludiques de leurs licences, la plupart du temps catastrophiques, à de très rares exceptions près. Car si les films sous licences Marvel caracolent régulièrement en tête du Box Office, il n’en allait pas franchement de même concernant les jeux vidéo…

“Lorsque je suis arrivé chez Marvel, je savais qu’avec une telle malle aux trésors remplie de quelques unes des meilleures histoires et Super-héros jamais créés, il était de notre devoir de faire de grands jeux que les fans apprécieraient” expliquait en 2016 Jay Ong, à la tête de la Division jeux vidéo chez Marvel. “Avec les Executives de Marvel et mon équipe, nous avons donc changé de stratégie afin d’être très sélectif et dorénavant ne travailler qu’avec les meilleurs studios et les meilleurs partenaires au sein de l’industrie. Nous voulons travailler de manière sélective avec des partenaires qui partagent notre vision et notre ambition d’ouvrir une nouvelle ère pour le business des jeux Marvel”. La première illustration de cette profession de foi fut l’excellent jeu Marvel’s Spider-Man, développé par le studio Insomniac, exclusivité pour la console PS4 de Sony sortie en septembre 2018. La malédiction était enfin brisée. Le second jalon, deux ans plus tard, est Marvel’s Avengers.

Officialisé en janvier 2017, présenté en grande pompe deux ans plus tard lors de l’E3 2019, cette interprétation de l’univers des Avengers n’a pas forcément convaincu tout le monde. Et pour cause, nos héros que sont Thor, Iron Man, Captain America, Black Widow ou encore Hulk ne sont pas les portraits crachés de leurs homologues sur grand écran. Après plus d’une dizaine d’années de films sur le sujet, il était évident que présenter des Avengers un peu différents de ceux-là était risqué. Cela dit, il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’un tel casting passé à la moulinette de la performance capture pour un jeu aurait explosé le budget de développement du titre. A la place, les personnages ont des contributions physiques et vocales plutôt sympas, notamment avec l’incontournable Troy Baker (Joel dans The Last of us) et Nolan North (Nathan Drake dans la saga Uncharted).

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Une interprétation originale

Il fallait du courage pour montrer les Avengers sous un jour différent de ceux des films. “Il faut garder à l’esprit que Marvel a très souvent réinterprété ses propres personnages; ils sont l’étoile du Nord pour ça. Regardez aussi les James Bond par exemple : combien d’incarnations avez-vous eu ? Combien de variations autour de Batman avez-vous eu ? Il n’est pas impossible d’apporter une vraie fraîcheur aux personnages, tout en restant fidèle et authentique aux racines” nous avait alors expliqué Scot Amos, le coresponsable du studio Crystal Dynamics.

Crystal Dynamics

Une prise de risque que nous saluons vraiment, et qui se révèle finalement payante (mais on ne s’en rend vraiment compte qu’après avoir bouclé la campagne), tant sur le fond que sur la forme. En effet, si l’aventure principale ne dure qu’une dizaine d’heures et débute assez maladroitement, les personnages n’étant alors que des décalques de ceux que nous connaissons, il faut bien avouer qu’une fois l’épopée terminée, nos Avengers sont plus appréciables. A commencer par Miss Marvel, adolescente perdue lors de ses débuts qui grandit pour devenir un véritable membre de l’équipe. Un parcours initiatique qui se révèle n’être qu’un tutoriel racontant une histoire peu inspirée, pour préparer aux missions en coopération avec d’autres joueurs, et aller vous frotter aux défis de haut niveau.

Et c’est d’ailleurs là que le titre se révèle plus intéressant. Chaque héros est unique, avec son propre arbre de compétences, son équipement spécialisé à récolter et ses coups spéciaux bien à lui. Cap’ exploite logiquement son bouclier à distance et est un combattant d’élite au corps à corps, tout comme Black Widow qui utilise plutôt ses flingues de loin. De son côté, Iron-Man et Thor jouissent de la capacité de vol pour s’occuper des ennemis aériens alors que Hulk fera le ménage et pourra même endosser le rôle de Tank (celui qui attire l’attention des ennemis) pour encaisser les dommages à la place de ses comparses, pendant que Miss Marvel le soigne par exemple.

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Crystal Dynamics

Cette idée d’arbre de talents et d’améliorations nombreuses pour chacun des protagonistes est pertinente, déjà éprouvée d’ailleurs dans des titres bien connus comme Diablo ou Destiny. Il y a bien de la finesse et du potentiel dans ce système d’évolution pour façonner son héros en fonction des missions disponibles. Revers de la médaille : le joueur doit naviguer (se perdre plutôt…) dans une multitude de menus, parfois brouillons et maladroitement complexes. Et si en termes de gameplay, Marvel’s Avengers se révèle très bourrin de prime abord, la défaite vous fait réfléchir et vous finirez par arrêter de taper bêtement pour préparer intelligemment vos missions, et, in fine, mieux exploiter les faiblesses de vos adversaires.

Rassemblement… De bugs 

Dire que ce Marvel’s Avengers est mauvais serait être bien sévère, mais impossible de ne pas souligner des bugs, parfois vraiment préjudiciables au risque de vous faire perdre vos nerfs, et un manque de finition évident qui risquent de coûter cher à Square Enix. Avec des ralentissements difficiles à avaler (plus fréquents en extérieur), des problèmes d’affichage ou encore des plantages du jeu (trois en ce qui nous concerne…), les premières heures de Marvel’s Avengers se sont révélées douloureuses. Mais les développeurs, apparemment très à l’écoute de leur communauté, travaillent d’arrache-pied pour améliorer tout ça et, on l’espère, dans les meilleurs délais, via des patchs qui vont arriver en masse.

Pour autant, le vrai souci du titre vient d’un manque de lisibilité évident, à la fois dans les menus, mais surtout en jeu tant il y a d’effets lumineux, d’ennemis, etc. lors des batailles. Il est parfois difficile de s’y retrouver dans cette foire d’empoigne collective, d’autant que les ennemis sont plutôt du genre coriace et vous donneront régulièrement du fil à retordre, même si les niveaux de difficulté sont ajustables. S’ajoutent à cela deux tares importantes : la première est un sound design pas assez appuyé (accompagné de musiques peu inspirées) et la seconde est un manque de pêche dans les combats (personnages trop légers qui manquent d’appuis au sol, frappes pas assez percutantes…). Tout cela se révèle assez mou dans l’ensemble, et ce n’est pas vraiment ce que l’on attend d’un jeu Marvel’s Avengers.

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Affiner la recette pour péréniser son avenir

Le titre développé par Crystal Dynamics met en avant des ennemis pas encore exploités dans le MCU. En effet, M.O.D.O.K, le cerveau, et l’A.I.M (société qui tente de remplacer les Avengers par des robots pour sauver le monde face aux menaces) ne sont pas les adversaires que nous attendions, même s’il est, là encore, courageux de les mettre en avant alors que ce n’est généralement pas le cas dans les productions périphériques aux comics. Comme vous sans doute, nous aurions bien plus apprécié d’en découdre avec des Galactus ou des Thanos, voire des Kree en grand nombre. Ici, dans des missions qui ont globalement trop tendance à se se ressembler, le bestiaire d’ennemis est composé à 90% de robots de l’A.I.M, baptisés synthoïdes, et déclinés sous différentes variations (spécialisés en attaque à distance, au corps à corps, explosifs, équipés de boucliers…). Ce manque de variété dans le bestiaire ennemi finit inexorablement par lasser.

Est-ce pour autant le Endgame pour ce Marvel’s Avengers ? Evidemment non. Nous avons pris un certain plaisir avec ce titre qui interprète de manière originale les Avengers, demeure un défouloir amusant, malgré ses bugs ou sa redondance. Si Square Enix et Crystal Dynamics parviennent à corriger les bugs, les ralentissements, et surtout à proposer régulièrement du contenu varié, l’avenir de ce Marvel’s Avengers pourrait être plus radieux que prévu; tant certaines bases du titre (les pouvoirs, la complémentarité des héros, la course au équipements, etc.) sont excellentes et devraient être mieux exploitées à l’avenir. Ce qui pourrait contribuer à péréniser le titre dans le paysage déjà très encombré du Game as a Service. Un peu à la manière du Destiny 2 de Bungie, lui aussi vivement critiqué à sa sortie. A suivre donc.

 



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