Marchés agricoles – Les prix des céréales dictés par la guerre en Ukraine, les huiles se tassent


Le marché des céréales enchaîne les séances mouvementées, au gré de la situation en Ukraine, tandis que celui des huiles tend à se stabiliser, à la faveur des bonnes récoltes de colza et de noix de palme.

« Ces derniers jours ont été animés par les craintes d’une remise en cause russe du corridor maritime », a déclaré à l’AFP Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel. Cet accord, signé le 22 juillet entre Moscou et Kiev sous l’égide de l’ONU et avec la médiation d’Ankara, a permis de faire sortir 129 bateaux chargés de 2,8 millions de tonnes de nourriture des ports ukrainiens, selon le Centre de coordination conjoint (CCC) basé à Istanbul, entraînant une baisse des prix des céréales au niveau mondial.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé la semaine dernière que « l’essentiel des céréales » exportées depuis les ports ukrainiens de la mer Noire étaient livrées à l’Europe – un tiers selon les données du CCC – au détriment des pays pauvres, et il a dit vouloir rediscuter de l’accord. Mais depuis, le patron du Centre conjoint de coordination Amir Abdulla a assuré ne voir « aucun signe » de la part des Russes quant à un retrait de l’accord avant l’issue des 120 jours prévus.

L’ONU a assuré mardi poursuivre « ses efforts » pour faciliter les exportations russes de produits agricoles et d’engrais, qui continuent, selon la Russie, de pâtir des sanctions occidentales visant Moscou pour son intervention militaire.

Pour Jake Hanley de la société d’investissements Teucrium Trading, les exportations russes font en effet toujours l’objet d’une certaine réticence de la part des opérateurs, des clients et des négociants.

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Le prix du blé, qui avait bondi mercredi dernier, s’affichant au plus haut depuis un mois, s’est stabilisé depuis autour de 336 euros la tonne sur Euronext, alors que les récoltes de la céréale sont plutôt bonnes en Europe et exceptionnelles en Russie.

« Risque majeur » de l’énergie

Le cours du maïs a lui profité lundi de l’annonce par le ministère américain de l’Agriculture d’une baisse de 10 millions de tonnes de son estimation de la récolte américaine, à 354 millions de tonnes, du fait de la sécheresse qui a frappé certains États de la Corn Belt, avant de se replier légèrement.

« Mais le scénario central, c’est que l’Amérique du Sud va avoir une récolte record de maïs et de soja, ce qui pourrait aider à empêcher les prix de monter », estime Jake Hanley.

Le recul sur le marché des oléagineux (tournesol, soja, colza…) se poursuit, dans le sillage de l’huile de palme. « On a de bonnes récoltes de colza, avec de très bons rendements en France et en Allemagne, et la récolte du Canada s’annonce à 19-20 millions de tonnes, contre 12 millions l’an dernier », année atypique où un dôme de chaleur avait grillé les cultures, a indiqué à l’AFP Antoine de Gasquet, président de la société de courtage en huiles Baillon-Intercor.

Le tournesol européen va pâtir de la sécheresse estivale, avec des rendements en repli d’environ 15 % mais pour plus de surfaces que l’an dernier, tandis que la récolte en Ukraine – premier exportateur mondial d’huile de tournesol – est attendue à environ 10 millions de tonnes, contre 16,5 millions de tonnes en 2021.

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« Aujourd’hui, l’huile de palme est très bon marché, ce qui donne le ton », souligne Antoine de Gasquet. « Les industriels qui utilisaient de l’huile de tournesol, parce que c’était la moins chère ces trois dernières années, ont trouvé des substituts » quand les prix ont flambé au printemps.

Le colza, qui s’échangeait encore à près de 800 euros la tonne début juin, est passé en séance sous la barre symbolique des 600 euros ce mercredi sur Euronext.

L’inquiétude porte moins aujourd’hui sur les prix et la disponibilité que sur la capacité à transformer les grains en huile: ce processus, dit de trituration, consomme de l’énergie. « C’est le risque majeur cet hiver. Est-ce qu’on va avoir des arrêts dans des usines ? » s’interroge Antoine de Gasquet.



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