Marché du blé – Les prix baissent sur fond de récession et prévisions de récolte rassurantes


Un repli mesuré mais bien réel : les prix des céréales reculent sur les marchés, inquiets de perspectives sombres sur la croissance économique mondiale et pour l’instant plutôt sereins quant aux prévisions de récoltes de l’été.

Le cours du blé a chuté à 372,5 euros la tonne sur Euronext mardi, retrouvant pratiquement son niveau d’il y a deux mois, loin de son record du 16 mai (438,25 euros la tonne). Le colza, monté jusqu’à 880 euros la tonne fin avril, est repassé mercredi en séance sous la barre des 700 euros.

« On est face à l’angoisse de la crise, sur des marchés qui ont tapé des plus hauts et qui commencent à redescendre, dans l’attente de la nouvelle récolte », a déclaré à l’AFP Gautier Le Molgat, analyste à Agritel.

Les rendements -en baisse de 4,7 % par rapport à 2021 en blé tendre dans l’UE, selon les dernières estimations de la Commission- « seront un peu moins bons que l’an dernier, mais il est beaucoup trop tôt pour acter quoi que ce soit », affirme-t-il.

Côté américain, « les prévisions sont moins menaçantes », selon Jason Roose de US Commodities : « Avec les États-Unis et l’Amérique du Sud, avec les approvisionnements mondiaux tels qu’ils se présentent, les stocks mondiaux pourraient être les plus élevés de l’histoire ».

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La vague de chaleur en France et dans l’ouest de l’Europe est arrivée à un moment où le blé était déjà avancé et ne devrait pas avoir trop souffert, les prévisions météo en Australie sont bonnes et la chaleur sur la « Corn Belt » américaine a permis de réchauffer un sol trop froid pour les semis : ces facteurs, plutôt rassurants à ce stade, ont favorisé une correction sur les marchés.

Pour Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors, « le blé est en baisse notamment parce que la Russie a augmenté sa production, estimée à environ 89,2 millions de tonnes, ce qui serait un record ». Une estimation jugée « très optimiste » par Agritel.

80 % des terres semées en Ukraine

« On voit aussi un marché plutôt rassuré par le fait que la situation n’a pas empiré sur le front ukrainien, malgré l’absence d’avancées sur d’éventuels corridors maritimes pour sortir des grains du pays », souligne Damien Vercambre, courtier au cabinet Inter-Courtage.

Les analystes estiment entre 1,5 et 1,7 million de tonnes les quantités de grains (tous produits confondus) qui sortent désormais chaque mois d’Ukraine par la route et le rail, soit toujours 5 à 6 fois moins qu’auparavant.

L’urgence pour Kiev reste d’évacuer ses derniers stocks pour pouvoir accueillir la nouvelle récolte. « Au début, nous pensions qu’ils allaient semer seulement 20 % de leur récoltes en Ukraine, puis seulement 40 %, maintenant il semble que 80 % de la récolte ait été semée », souligne Jason Roose. « Maintenant la question est de savoir s’ils vont pouvoir sortir ces récoltes. » Après des visites d’État en Ukraine, des réunions au niveau européen et des échanges entre Kiev et l’Union africaine, « on sent qu’il y a quand même une volonté de faciliter le business et le marché en tient compte », estime M. Le Molgat.

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Dans un contexte toujours volatil, les acheteurs reviennent timidement, espérant des prix plus raisonnables : l’Algérie aurait acheté cette semaine environ 600 000 tonnes de blé tendre d’origines optionnelles et la Tunisie a lancé un appel d’offres pour 75 000 tonnes de blé meunier et 50 000 tonnes d’orge fourragère, rapporte Inter-Courtage.

Côté oléagineux, la baisse des cours est aussi sensible, après la reprise des exportations d’huile de palme indonésienne et à la faveur du repli des prix du pétrole – soja, colza ou huile de palme étant valorisés en agrocarburants – et d’une moindre demande chinoise pour le soja du fait des confinements.





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