Magritte entre chien et loup



Voilà venue l’heure bleue. Au beau milieu d’un paysage baigné d’une lumière crépusculaire, un grand arbre trône, solitaire. Au loin, on distingue, plongée dans l’ombre, l’orée d’un bois. Rien à signaler ici. Rien, sauf la présence quelque peu troublante d’un croissant de lune… L’astre ne joue pas à cache-cache avec le feuillage. Au contraire, il semble accroché, bien en vue, comme une décoration de sapin de Noël. On reconnaît là sans hésiter la patte de René Magritte !

Chef de file du surréalisme en Belgique, le peintre questionne sans cesse ce que le regardeur croit voir, mais aussi savoir. Maître de l’énigme visuelle, il use sur la toile de toutes sortes de symboles cryptiques (la pomme, le chapeau, la pipe..) dévoilant ainsi l’absurdité du réel… Et ce, toujours avec humour et poésie ! Dans cette composition entre chien et loup, tout semble plus vrai que nature. Et pour cause : une récente étude de la technique et des matériaux employés par l’artiste a montré que ce dernier n’avait rien laissé au hasard, accordant une extrême minutie au moindre détail, de l’écorce du tronc d’arbre en passant par l’effet de brume.

Le Seize septembre le titre, bien que très prosaïque, accentue le mystère qui entoure cette œuvre. On pourrait croire qu’il s’agit par exemple de la date à laquelle le peintre l’a réalisée, ou du jour précis qu’elle représente. Mais là, de nouveau, l’artiste se joue de nous ! Il avait en fait pour coutume de faire choisir le nom de ses œuvres à ses amis, lors de réunions hebdomadaires. Ainsi ce titre est-il le pur fruit du hasard. Manipulateur d’images, Magritte est donc aussi un grand joueur de mots qui, aujourd’hui encore, n’a pas fini de nous mener par le bout du nez !

C’est l’événement de cet automne ! Fermé pendant plus de 10 ans, le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers a rouvert ses portes au public. Les travaux, confiés à l’agence KAAN de Rotterdam, ont non seulement permis de restaurer de fond en comble le bâtiment, mais aussi de complètement revoir le parcours, désormais thématique, qui rassemble 650 œuvres du XIVe au XXe siècles. Une renaissance attendue, qui s’accompagne également de nombreux dispositifs interactifs, ainsi que d’une expérience en réalité virtuelle.

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Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers – KMSKA



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