« L’État doit tenir sa promesse en sanctuarisant les 10 M€ promis à la filière »


Face à la crainte de nouvelles difficultés résultant du deuxième confinement en France et dans de nombreux pays européens, l’UNPT appelle le Gouvernement à tenir son engagement. En juin, le ministère de l’agriculture avait promis une enveloppe de 10 M€ pour soutenir la filière pommes de terre. Cinq mois plus tard, seulement 4 M€ d’aides sont confirmés. Les producteurs de pommes de terre estiment qu’un deuxième volet d’aide est indispensable pour financer des mesures structurelles.

« Où sont passés les 10 millions ? » alertait l’UNPT fin octobre 2020. En juin dernier, le Gouvernement avait annoncé une enveloppe de 10 M€ pour la filière pommes de terre durement impactée par les conséquences de la crise sanitaire et du confinement national printanier. « Cinq mois plus tard, seulement 4 M€ sont confirmés par Matignon », a expliqué Geoffroy d’Evry, producteur élu à la tête du syndicat fin juin dernier, lors d’une conférence de presse en ligne jeudi 5 novembre.

« Sur les 10 M€ promis, seulement 4 M€ d’aides aux producteurs sont confirmés », insiste-t-il. Cette première enveloppe devrait être distribuée aux producteurs sous la forme d’une aide directe de 50 €/ha. « Pour les 6 M€ restants promis par l’État, c’est le flou total. »

La difficulté réside dans l’insertion de ces aides dans des dispositifs de soutien existant. Or les règles communautaires en la matière ne permettraient pas d’octroyer plus de 4 M€ sous la forme d’aides directes. Il reste donc à trouver un dispositif adéquat pour les 6 M€ restants. « On peut comprendre que l’exercice ne soit pas évident, explique Geoffroy d’Evry. Pour autant, on veut que ces 6 M€ soient sanctuarisés sur un deuxième volet d’aides structurantes pour la filière. On ne veut surtout pas qu’ils soient noyés dans un dispositif du plan de relance qui ne garantirait pas le fléchage de l’enveloppe vers la filière pommes de terre. »

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Des patates dans l’alimentation animale mais aussi dans les méthaniseurs

Le secteur a été particulièrement éprouvé par les conséquences de la pandémie de coronavirus. À l’échelle européenne, la production 2020, estimée à 27,9 Mt – contre 26,8 Mt en 2019 – aurait été jugée « équilibrée » par rapport à la demande s’il n’y avait pas eu la pandémie. Avec la Covid-19, « il y a surproduction » et, surtout, un « importante déstructuration du marché ».  

Avec le confinement en France et dans la plupart des pays européens, la consommation à domicile a explosé – + 31 % en mars, + 24 % en avril et + 21 % en mai – mais les marchés de la restauration hors foyer et des produits surgelés exportés se sont 4%effondrés : respectivement – 37 % et – 37 % en mars, – 74 % et – 74 %  en avril, et – 50 à – 65 % en mai…

Impacts de la première vague de la pandémie de coronavirus et du confinement sur le marché de la pomme de terre

Conséquences : des volumes très importants ont été dégagés vers l’alimentation animale, mais aussi vers des méthaniseurs. « Malgré le contexte, l’ensemble des industriels ont respecté leur contrat auprès de leurs producteurs ».

Appel à réduire drastiquement les emblavements 2021

« L’enveloppe des 10 M€ est d’autant plus importante pour la filière que les industriels, qui ont dégagé des volumes à valeur nulle, vont sans doute limiter, par prudence, les volumes contractualisés l’an prochain, quitte à aller chercher des volumes finalement manquants sur le marché libre. Il en va donc aussi de la tenue des engagements de la loi Égalim en matière de contractualisation », insiste Geoffroy d’Evry.

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« Nous n’étions pas sortis des effets du premier confinement, avec un rythme de transformation complètement bousculé, que nous prenons de plein fouet ce que j’appelle le deuxième Covid-19 », poursuit Bertrand Achte, producteur dans le Nord et président du Gappi (groupement des producteurs fournissant à l’industriel McCain). « Ce deuxième confinement va impacter encore plus lourdement la filière industrie. Et nous avons aujourd’hui de gros doutes sur l’évolution de la consommation industrielle. »

Dans ce contexte, l’UNPT et du NEPG (groupement des producteurs du nord-ouest européen) ont appelé les producteurs à réduire « drastiquement » les emblavements 2021. Le NEPG considère que les producteurs du Nord-ouest de l’Europe devraient planter au moins 15 % de pommes de terre en moins au printemps prochain.

« Le mot d’ordre auprès des producteurs français et européens est le même, confirme Geoffroy d’Evry. Réduisez significativement vos surfaces l’an prochain ! Il vaut mieux consentir à réduire les volumes pour maintenir l’équilibre du marché et les prix plutôt que de subir une surproduction qui fasse encore baisser les prix »



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