James Castle est une vignette de l’Amérique rurale. Sur les photos, il quitte rarement sa chemise à carreaux et sa salopette en jean. Costaud. La mâchoire puissante. Rien ne le dissocie a priori de l’éleveur de bétail ou du cultivateur de pommes de terre du Grand Ouest. Et pourtant, tout le distingue. James Castle, l’homme qui n’a jamais quitté son Idaho natal, et dont on parle aujourd’hui à Philadelphie, à New York, à Madrid, à Paris… Partout, on expose ses dessins de lavis gris qui étonnent, à revenir encore et toujours sur le périmètre sacré de la demeure familiale. Le poêle, le lit, les étagères, l’ampoule au plafond, la porte de la grange, les arbres alentour, les poteaux électriques – James Castle a fait, sa vie durant, l’inventaire de son clos. Les maisons changent – il en a habité trois, à Garden Valley, à Star, puis à Boise, distantes chacune de quelques dizaines de kilomètres – mais le lien au monde passe en grande partie par cette géométrie de cloisons, de fenêtres et de portes. Les dessins sont réalisés sur des morceaux de papier usagés, au dos de vieilles enveloppes ou bien à l’intérieur de grandes boîtes d’allumettes dépliées. Des pantins de papier et de chiffon, ainsi que tout un bestiaire d’animaux en carton enrichissent encore son univers. Des dizaines de petits livres artisanaux scandent également une production continue, menée sur plus de soixante ans, sans que jamais une seule œuvre ne soit datée. La dernière fois qu’il a été exposé et célébré, c’était à la galerie Zwirner de New York en janvier 2022. Le prix des œuvres allait de 16 000 à 350 000 $.