Les frères Flandrin, ou l’art au point de fusion


Si Hippolyte Flandrin n’est plus guère connu que des seuls spécialistes du XIXe siècle, ses frères Auguste et Paul le sont moins encore… Hippolyte a pourtant récemment fait parler de lui à l’occasion d’un triste fait divers : la destruction du tableau Saint Clair guérissant les aveugles dans l’incendie criminel qui a ravagé la cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020. Il le peignit à la Villa Médicis en 1836 et fut couronné par une médaille de première classe lors du Salon de 1837. Hippolyte a beau avoir été une star de son temps, il est tombé avec ses frères dans l’oubli au crépuscule du XIXe siècle, victimes de la dépréciation de l’art dit « académique ». Ils réapparaissent dans les années 1980, à la faveur d’un double mouvement de reconsidération de la peinture classique du XIXe siècle et d’étude de l’école lyonnaise.

Auguste Flandrin, Autoportrait en pêcheur napolitain

Auguste Flandrin, Autoportrait en pêcheur napolitain, 1838

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huile sur toile • 40,8 × 32,4 cm • Coll. particulière

L’aîné, Auguste, naquit à Lyon en 1804, cinq ans avant Hippolyte et sept avant Paul. De leur fratrie de sept enfants, ils furent les seuls à atteindre l’âge adulte. Et ils partagèrent une même passion pour la peinture, découverte au palais Saint-Pierre (l’actuel musée des Beaux- Arts), à quelques pas de leur modeste demeure, en compagnie d’un père qui aspira sans succès à une trajectoire artistique. Ce fut surtout Auguste qui fit bouillir la marmite, en pratiquant divers métiers alimentaires, dont la lithographie. Spontanément, il sacrifia sa carrière de peintre pour permettre à ses cadets de partir se former à Paris. Ni concurrence ni jalousie entre eux, mais bien plutôt entraide et saine émulation ! Conscients de leurs différences de tempérament, ils en firent une force. Pour Elena Marchetti, qui a consacré sa thèse à Paul Flandrin, « la modestie des origines des frères Flandrin renforce leur détermination, leur indépendance et leur talent. Leurs portraits mutuels et autoportraits apparaissent comme une clé pour découvrir le lien qui les unit et pour comprendre les équilibres et les dynamiques de ce triumvirat artistique très particulier ».



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