Les Bracelets Rouges : le happy end, les autres fins envisagées… on débriefe le final de la saison 3 avec le showrunner – News Séries


C’est ce lundi soir que s’achevait la saison 3 des “Bracelets Rouges” sur TF1. L’occasion de revenir avec le showrunner Nicolas Cuche sur ces derniers épisodes forts en émotion qui marquent la fin de l’aventure… ou presque !

PHILIPPE LE ROUX / VEMA / TF1

AlloCiné : La saison 3 des Bracelets Rouges a été un beau succès sur TF1 à nouveau. Vous étiez réalisateur sur les deux premières saisons. Cette fois, vous en étiez en quelque sorte “showrunner”. Il y a un an, vous nous confiez que c’était une suite logique pour vous. Est-ce que ça a été un long fleuve tranquille pour autant ? Les délais de livraison ont en tout cas été respectés !

Nicolas Cuche, scénariste : On a fait beaucoup de progrès depuis quelques années en fictions françaises pour réduire les délais entre deux saisons, pour que le rendez-vous soit régulier. On ne pouvait plus se permettre de mettre trois ans à revenir. Donc sur Les Bracelets il y a toujours eu une pression de la chaîne à ce niveau, à juste titre, et on a toujours réussi à délivrer une saison par an. Après c’est vrai que les délais ont été particulièrement courts sur cette saison 3. Ensuite, ce n’est jamais un long fleuve tranquille l’écriture d’une série. Et ceux qui vous disent ça mentent ! (rires) Mais l’aventure a été belle jusqu’au bout en tout cas. On avait une idée très vite très claire de ce que l’on voulait faire en fait. 

Quel a été le plus gros défi sur cette saison 3 en terme d’écriture ?

C’était une évidence pour nous de ne pas rester à 100% à l’hôpital, on n’aurait plus été crédible. Or, nous avons une obligation de crédibilité. Il fallait trouver un bon équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, ne pas perdre l’ADN de la série qui est quand même le monde hospitalier. Suivre certains de nos héros à l’extérieur, ça me semblait extrêmement important, c’est un parcours que l’on voulait vraiment montrer. On évite les redites de cette manière. On ne tourne pas en rond sur les mêmes problématiques. Dès l’écriture des épisodes 7 et 8 de la saison 2, je sentais qu’il fallait que je les fasse sortir. Donc j’étais content de pouvoir le faire. C’était primordial pour renouveler la série.

Est-ce que ça signifie que vous avez conçu cette saison 3 avec l’idée que ce serait la dernière et qu’elle devait boucler les destins de chaque personnage ? 

A titre personnel, vu mon attachement pour la série, c’était sans aucun doute la fin du parcours pour ces héros-là. J’ai beaucoup d’affection pour ces enfants, que j’ai castés alors qu’ils étaient très jeunes et j’avais envie de les mener jusqu’au bout de ce chemin-là, que la boucle soit bouclée, qu’il y ait une cohérence parfaite sur les 3 premières saisons. Je savais aussi qu’on ne pouvait pas faire durer leurs aventures éternellement. La saison 3 clotûre vraiment leurs histoires.

Une saison 4 est-elle envisageable et envisagée malgré tout ? Sous la forme d’un “reboot” peut-être ?

Je ne travaillerai pas sur la saison 4 mais je sais qu’elle est en écriture. Sous forme de “reboot” oui, comme vous dites, donc avec de nouveaux personnages, peut-être un peu plus jeunes, de nouvelles pathologies très fortes et des intrigues différentes. Il y aura peut-être un ou deux retours aussi. J’aime l’idée que les Bracelets ont laissé une marque dans cet hôpital, un héritage. Vous dire quand elle arrivera, c’est impossible.

Lire aussi article :  Cryptomonnaies, terrorisme... les raccourcis de Bruno Le Maire

Côme s’est enfin réveillé, c’était une des révolutions de la saison 3. Comment ça s’est passé avec Marius Blivet, son interprète, sachant que jusqu’ici il jouait essentiellement un personnage endormi, dans le coma ? Est-ce que vous aviez une appréhension ?

Je ne savais pas en le castant à l’époque de la première saison que Côme se réveillerait en saison 3, mais je savais déjà que j’avais besoin d’un très bon comédien car c’était la voix-off. Et ce n’est pas évident du tout. Bien sûr il fallait que sa voix soit plaisante et puis il avait quand même une petite scène à jouer, une séquence à la piscine où il revenait en rêve avec Thomas. Et c’est cette scène-là que j’ai utilisé pour faire passer les essais. Il a été très bon. Donc je n’avais aucun doute sur ses capacités. Après, pour être très franc, Marius était très jeune au moment de la saison 1 et c’est un âge où on grandit très vite. Il arrive que des jeunes comédiens qui ont été bons deviennent mauvais à l’adolescence, parce qu’ils n’ont plus envie ou qu’ils se posent trop de questions. Mais on n’a pas eu ce problème-là avec lui. Et je suis heureux que les téléspectateurs puissent le constater !

La nouvelle intrigue de Côme, qui le lie à une nouvelle patiente, Iris, est assez déroutante, étonnante, car très proche du fantastique. Est-ce que vous avez hésité à vous lancer dans une telle histoire, au risque qu’elle soit mal comprise ?

Personnellement, je n’ai pas eu de doute car j’ai une sensibilité à ça et cette trajectoire m’est venue très clairement. Je l’ai défendue passionnément mais il y a eu beaucoup moins de résistance que ce que j’avais imaginé. On flirte avec le fantastique mais dans la saison 1 aussi, avec la piscine et ces scènes qui passaient la frontière du surnaturel. On n’a pas l’habitude de ça en France, ce n’est pas vraiment dans notre culture contrairement à d’autres pays qui le font beaucoup. J’étais content de pouvoir l’imposer. Il y a un petit côté Sixième Sens. Je pense à cela car je l’ai revu hier. 

Pour autant, la fin de l’histoire d’Iris est assez brutale, malgré une révélation bienvenue. C’est un peu frustrant qu’elle quitte l’hôpital aussi rapidement. Vous manquiez de place peut-être pour l’approfondir ?

C’est exactement ça. L’idée de fond, c’était montrer comment Côme, malgré son réveil, est encore entre deux états et comment faire en sorte qu’il se libère totalement de ses rêves et qu’il soit guéri d’une manière symbolique aussi. Ce n’est pas tant l’histoire d’Iris du coup que l’on voulait raconter mais la sienne. Après, je vous l’accorde, les choses vont peut-être un peu vite. 

PHILIPPE LE ROUX / VEMA / TF1

C’est une saison qui a commencé de manière très sombre, pour Thomas tout particulièrement. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu le raisonnement derrière cette histoire qui va jusqu’à une tentative de suicide, quand même ? Comment l’avez-vous abordé ?

Lire aussi article :  20 personnages Pixar qui sont allés faire un petit tour dans un autre film

Pour moi, la trajectoire de Thomas relève d’une grande justesse. Je voulais montrer qu’une guérison physique n’est pas une guérison mentale et que sortir de l’hôpital quand on y est resté longtemps, qu’on a encore quelques séquelles, et qu’on n’a pas grandi avec les autres enfants, c’est très difficile. Sa maladie était la normalité à l’hôpital, elle est une anomalie à l’extérieur. C’était important de le dire et de le montrer. Thomas était le personnage le plus fort au départ, et je voulais l’emmener à ce point de fragilité en poussant le curseur assez loin. Jouer avec la mort, quand on y a été confronté, c’était ça l’idée. Et Audran Cattin est excellent. C’était chouette de lui donner ça à jouer. 

Vous avez introduit ce nouveau personnage de Nour, très beau, très délicat. Quelle était sa raison d’être à ce stade de la série ?

Dans la saison 3, les personnages passent de problématiques enfantines ou adolescentes à des problèmatiques plus adultes. La séduction, la féminité et la sexualité font partie de ces sujets-là et c’était intéressant d’avoir un personnage comme Nour dont la pathologie, un cancer du sein, la confronte à sa féminité. C’est rare chez les jeunes femmes heureusement, mais ça arrive. 

C’est aussi un personnage qui apporte plus de diversité à la série, avec une famille comme on en voit encore trop peu à la télévision…

C’est un choix qui s’est fait naturellement, instinctivement. La chaîne ne nous a pas demandé d’ajouter de la diversité, et ce n’est pas quelque chose que l’on cherchait à tout prix. On voulait surtour un univers de femmes avec de fortes personnalités autour d’elle, et un contraste entre la chaleur et la présence de cette famille avec la solitude de sa voisine de chambre, Jessica.

Jessica était un personnage au second plan dans la saison 2. C’est la prestation de Capucine Valmary qui vous a donné envie de lui donner plus d’importance dans la 3e ?

Oui, elle apparaissait dans les cours d’impro avec Jarry. Je voulais qu’il y ait de vrais malades dans ces cours-là d’ailleurs, et il y en a eu, dont certains étaient gravement touchés. Je dois dire que ça a été très fort à tourner, j’étais derrière la caméra à l’époque. Il y a une scène que j’ai tourné mais que je n’ai pas pu insérer, où ils parlaient tous face caméra, de façon très intime. Et l’exercice c’était de leur demander ce qu’ils diraient à ce stylo si c’était leur maladie. Certains ont pleuré, d’autres étaient en colère. C’était fort mais il n’y avait pas de place pour le mettre dans le montage final. Tout ça pour dire que dans ces scènes, Jessica avait un super potentiel, Capucine sortait tout juste du Conservatoire. J’avais envie de la développer dès la saison 2. On a trouvé cette idée d’une amitié féminine en miroir à celle de Thomas et Clément. 

Lire aussi article :  Abattoirs - Un plan d’action du gouvernement pour consolider le maillage territorial - Politique et syndicats, Élevages bovins lait et viande

Concernant Mehdi, tuer son grand-père, c’était inévitable pour faire grandir le personnage ?

C’était difficile. Mais c’était une manière de le faire grandir c’est vrai et aussi de créer un événement fort autour d’un personnage qui n’était pas un enfant, cette fois. De manière purement dramatique, Mehdi n’avait pas une énorme problèmatique en saison 3 puisqu’il était guéri, on n’allait pas le faire retomber malade, et ça aurait été dommage de ne le garder que pour la légèreté et l’humour, même si Aziz fait ça très très bien. C’était une façon de mettre un gros coup de projecteur sur lui. 

La fin de saison est très positive pour tout le monde, c’est un gros happy end. Après tout ce que les personnages ont traversé, ça vous paraissait obligatoire de terminer ainsi ?

Cela a été beaucoup de discussions, d’hésitations, essentiellement sur les 5 dernières minutes. Dans la première version que l’on avait écrite, Clément sortait de l’hôpital mais Nour découvrait qu’elle faisait une rechute et elle le lui cachait pour ne pas gâcher ce moment. Ils se faisaient plein de promesses et au moment où il faisait la fête avec ses copains, on comprenait que Nour lui avait menti. On en a beaucoup débattu. A un moment, c’est Jessica qui mourait.

Est-ce que c’est TF1 qui souhaitait une fin aussi heureuse ?

Je ne peux pas le dire aussi clairement. Je crois que c’était nous aussi, en fait. Comme c’était la fin, on avait dû mal à faire mourir un personnage. C’était un choix sentimental collectif. 

L’idée de la Dune du Pyla pour terminer en apothéose, vous l’aviez en tête depuis longtemps car ça sonne presque comme une évidence ?

Oui car c’était l’image la plus forte que l’on pouvait avoir symboliquement, les faire gravir une montagne comme ils le font depuis le début, ensemble, comme une promesse. Mais ça a bien failli ne pas se faire honnêtement car ça a été très compliqué pour obtenir les autorisations comme c’est un site protégé. La combativité de la productrice doit être soulignée ! Cela donne une très belle scène de fin.

Propos recueillis par téléphone le jeudi 2 avril 2020

Les meilleurs souvenirs d’Audran Cattin et Louna Espinoza :

 



Source link