1. Black Indians Power
Chaque année, à l’occasion du carnaval de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, parée de costumes éblouissants et de coiffes de plumes d’autruches pesant des dizaines de kilos, la communauté afro-américaine défile aux sons des percussions, des chants et de rythmes de jazz afin d’honorer la mémoire des Indiens ayant accueilli les esclaves fugitifs et saluer leur courage pour avoir résisté à l’oppression blanche. En plongeant au cœur des traditions culturelles des « Black Indians », le musée Civilisations / Histoires du quai Branly retrace trois siècles de résistance contre la domination raciale et sociale, de la découverte du « Nouveau monde » par les explorateurs anglais et la colonisation française à l’édification des États-Unis d’Amérique, ses lois ségrégationnistes et thèses suprématistes, auxquelles les parades spectaculaires organisées dans l’espace public opposent le pouvoir des cultures déracinées.
Par Daphné Bétard
Black Indians de La Nouvelle-Orléans
Du 4 octobre 2022 au 15 janvier 2023
Musée du quai Branly – Jacques Chirac • 37, quai Branly • 75007 Paris
www.quaibranly.fr
2. Des natures mortes belles et bien vivantes
Après un essai lumineux intitulé non sans malice Pour en finir avec la nature morte (2020), l’historienne de l’art Laurence Bertrand Dorléac faisait exploser le cadre imposé par sa discipline à ce genre trop longtemps réduit à une belle composition figée dans le temps, pour l’inscrire dans un dialogue entre « le vivant et le non-vivant, entre nous et les choses, entre le présent et le passé, entre ce qui reste et ce qui n’est plus ». L’exposition dont elle assure le commissariat au Louvre en est l’incarnation probante. Chefs-d’œuvre signés Giuseppe Arcimboldo, Clara Peeters, Francisco de Zurbarán, Louise Moillon ou Jean Siméon Chardin, ready-made délirant de Marcel Duchamp et objet surréaliste de Meret Oppenheim, versions modernes de Giorgio de Chirico ou Joan Miró, visions troublantes de Nan Goldin et Ron Mueck : dans un parcours mêlant les époques et les styles, où il est question aussi bien d’écologie politique que d’esthétique, l’historienne de l’art nous éblouit et nous éclaire sur la nature existentielle des choses.
Par Daphné Bétard
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