L’éclosion numérique du « Baiser » de Klimt


Extrait de l’œuvre digitale de Sheidlena (2022)

Extrait de l’œuvre digitale de Sheidlena (2022)

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Au sommet d’une falaise fleurie, les amants du Baiser peints par Gustav Klimt en 1908 reprennent brièvement vie. Mais leur étreinte, vue et revue depuis plus d’un siècle, ici se transforme en adieu : enserré peu à peu dans une chrysalide d’or s’échappant de la robe de sa bien-aimée, l’éphèbe se dissout en une pluie de fleurs que la belle embrasse à son tour. Cette création digitale signée par l’artiste russe Ellen Sheidlin, alias Sheidlina (qui réside et travaille aujourd’hui à Dubaï), laisse planer le doute sur sa nature. C’est que la jeune femme hybride avec virtuosité peinture, art numérique, photographies, vidéos, sculptures… Mais derrière son aspect raffiné, sa facture léchée et ses tons acidulés, son univers recèle toujours quelque chose d’inquiétant, voire dérangeant. Corps désarticulés, regards déformés, créatures anthropomorphes… De la poétique métamorphose à la troublante mutation il n’y a qu’un pas.

Pour qualifier ses créations, Sheidlina a inventé un terme : « survitualisme », soit un surréalisme mâtiné de virtuel. Un art assurément singulier qui plaît à ses 4,5 millions d’abonnés, mais aussi aux nombreuses et prestigieuses marques avec lesquelles la jeune artiste de 25 ans a déjà collaboré : Gucci, Moncler, L’Oréal, Nike, Givenchy… Elle s’associe aujourd’hui à la vente caritative « Charity Kiss » aux côtés de trois autres artistes en réinterprétant le Baiser de Klimt version NFT, dont 70% des ventes iront à l’Alliance mondiale des personnes vivant avec une maladie rare.

À l’harmonie amoureuse qui régnait dans la peinture originale succède ici une interprétation tout à fait différente. Dans ce conte de quelques secondes – vu à ce jour par plus de deux millions de personnes –, Sheidlina libère de leur cocon doré les personnages de Klimt pour les faire éclore dans son univers onirique, où seule la figure féminine subsiste. Dénouement tragique ? Dans le post instagram accompagnant la vidéo, l’artiste décrit plutôt un happy end : « Love is Freedom. Love is Peace. Love is Nature. »

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