le candidat de la gauche, Boric, vainqueur de celui d’extrême droite, Kast


Le second tour de l’élection présidentielle chilienne opposait ce dimanche Gabriel Boric, soutenu par une coalition de partis de gauche dont le parti Communiste à Jose Antonio Kast, candidat de la droite radicale se revendiquant de l’héritage d’Augusto Pinochet.

Après le dépouillement de 90% des bulletins, la victoire de Gabriel Boric semblait inéluctable avec près de 55% des votes des Chiliens. Son concurrent Jose Antonio Kast a reconnu sa défaite. Lors du premier tour, le candidat d’extrême droite Kast était arrivé en tête avec 27,9% des voix devant Gabriel Boric, 25,8% le 21 novembre dernier. Les deux candidats avaient modéré leur discours depuis pour tenter de calmer la peur que leur positionnement pouvait susciter. Pour Gabriel Boric, le soutien du Parti communiste provoquait un rejet dans une partie de la population chilienne. Pour Jose Antonio Kast, ces déclarations en faveur de l’héritage pinochétiste rappelaient de mauvais souvenirs à de nombreux Chiliens.

Gabriel Boric est un ancien militant étudiant très actif dans les mouvements de mobilisation sociale qui agitent le pays depuis plusieurs années. La remise en cause du système ultralibéral mis en place par le dictateur Augusto Pinochet entre 1973 et 1990 était le principal ferment de cette agitation sociale. Celle-ci a explosé en octobre 2019 à la suite de banales augmentations du ticket de transport à Santiago mais cristallisant toutes les frustrations sociales du pays. La situation quasi insurrectionnelle du pays a forcé le président de droite Sebastian Pinera à accepter la convocation d’une assemblée constituante chargée de mettre fin à l’héritage principal du dictateur: la constitution de 1980 qui gravait dans le marbre la dimension ultralibérale de l’économie chilienne sous l’impulsion des Chicago Boys. Signe d’une rupture considérable avec le passé: la constituante est présidée par une militante mapuche, une ethnie indienne du sud du pays qui a toujours résisté au pouvoir central, que ce soit pendant la colonisation ou après l’indépendance.

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Le candidat Jose Antonio Kast a largement joué sur les peurs suscitées par le mouvement social de 2019 et l’orientation prise par l’assemblée constituante. Dernièrement, l’approbation d’une loi favorable à l’avortement a conforté une part de l’électorat dans son soutien au candidat d’extrême droite qui défendait le statu quo pour préserver les «acquis du pinochétisme» tant dans le domaine économique que sociétal.

Une partie de la population a exprimé son inquiétude face aux changements en cours et au «retour du communisme» que représentait l’élection de Gabriel Boric. Le nord du pays a voté majoritairement pour Jose Antonio Kast qui a dénoncé «l’immigration massive qui envahit le pays». La région reçoit de nombreux migrants, vénézuéliens ou haïtiens notamment. L’Arauca dans le Sud a également voté massivement pour le candidat Kast, les mouvements mapuches y créant une situation de forte instabilité.

Dans la plupart des zones urbaines, c’est Gabriel Boric qui a remporté la majorité des suffrages, son discours pour la «fin du statu quo» et la réforme du système politique et sociale du pays ayant convaincu une majorité de Chiliens. Depuis la chute de Pinochet, les réformes ne se sont faites qu’à la marge, créant de fortes inégalités sociales malgré une économie prospère. Les Chiliens attendent désormais de recueillir les fruits de cette économie florissante et ils comptent sur Gabriel Boric pour le faire et accompagner les changements en cours avec la nouvelle assemblée constituante.

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