La Fiac en ligne, c’est maintenant et c’est génial !


Annulée au dernier moment en octobre 2020, la Fiac n’avait pas eu le temps de développer une plateforme OVR (Online Viewing Rooms) digne de ce nom. Six mois plus tard, voilà qui est fait avec l’aide du prestataire extérieur Artlogic – leader dans la technologie digitale au service du monde de l’art. Pourquoi avoir attendu début mars ? Pandémie oblige, il a bien fallu trouver un créneau de libre dans un paysage digital saturé d’événements en ligne ! Le résultat, lui, semble à la hauteur des attentes. Le site est « ergonomique, simple et efficace », mais surtout « très généreux pour les 212 galeries participantes et pour le public », insiste Jennifer Flay, directrice de la foire. Outre les recherches par galerie et par artiste, on peut ainsi faire défiler les œuvres de façon aléatoire grâce à la fonction « rencontre fortuite » et se laisser surprendre, mais aussi zoomer sur chacune d’elles, ou encore les admirer sous toutes les coutures, à 360°. Quant à l’option « view on wall », elle offre une vue in situ de l’œuvre, mettant en valeur les rapports d’échelle, (presque) comme dans la vraie vie…

Autre possibilité, la section « Commissaires Invités, Through the eyes of » propose une sélection d’œuvres choisies par cinq commissaires d’expositions : Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne, Centre Pompidou (Paris), Saim Demircan, commissaire d’expositions et auteur (New York), Emma Lavigne, présidente du Palais de Tokyo (Paris), Jean de Loisy, directeur de l’École nationale supérieure des Beaux- Arts de Paris (Paris), et X Zhu-Nowell, conservatrice adjointe au Guggenheim (New York). Enfin, les internautes peuvent également, s’il le souhaitent, affiner leurs recherches grâce à des critères ciblés : médium, date, dimensions, fourchette de prix… Une expérience « décomplexante et libératoire » pour les visiteurs en ligne selon Jennifer Flay, qui espère que «  tout cela déclenchera des vocations de collections ». C’est tout le bien que l’on souhaite à cette première édition de la Fiac OVR !

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1. La plus givrée

Connu du public pour son film Zidane, un portrait du XXe siècle (2007), cosigné avec Douglas Gordon, qui suit le footballeur au ralenti avec dix-sept caméras, Philippe Parreno (né en 1964 à Oran) est apprécié dans le monde entier pour son œuvre protéiforme et souvent éphémère. La galerie Esther Schipper présente son Iceman in Reality Park, un bonhomme sculpté dans la glace et qui fond complètement au bout de quelques jours, laissant seulement les pierres qui étaient incrustées. Le processus est ainsi recréé sur la viewing room de la galerie grâce à une série de photographies, montrées aux côtés d’œuvres de Rosa Barba, Ugo Rondinone, ou encore Ann Veronica Janssens…Rafraîchissant !

2. La plus rouge

Applicat-Prazan (Paris) voit rouge ! La galerie a réuni quatre peintres abstraits d’après-guerre pour un accrochage numérique thématique intitulé « All kinds of red ! Five works ! Four painters ! Three countries of birth ! One place : Paris ! » : Serge Charchoune, d’origine russe, avec un tableau de 1955–1956 dit musicaliste ; le grand maître de la couleur Maurice Estève avec une huile de 1978 typique de ses compositions vives ; l’inclassable et exigeant Martin Barré avec deux œuvres datées respectivement de 1955 et 1982 ; et l’inventeur de l’art cinétique Victor Vasarely avec une peinture de 1966 au titre cryptique (Zett-RG).

Martin Barré, Sans titre

Martin Barré, Sans titre, 1955

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Huile sur toile • 92 × 60 cm • Courtesy galerie Applicat-Prazan, Paris / Adagp, Paris 2021

3. La plus explosive

La galerie Pippy Houldsworth (Londres) met à l’honneur la première décennie de la carrière de Jacqueline de Jong (née en 1939 à Hengelo aux Pays-Bas), à travers une sélection de rares peintures et œuvres sur papier, réalisées à Paris dans les années 1960 alors que l’artiste hollandaise venait tout juste de rejoindre l’Internationale situationniste (I.S.). Après avoir été influencée par le mouvement CoBrA, elle s’imprègne alors de culture pop, mêlant dans son travail des références au langage télévisuel, publicitaire, cinématographique… Un solo-show explosif qui ressuscite l’énergie de la scène artistique parisienne des sixties, portée par l’esprit contestataire de mai 68.

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Jacqueline de Jong, S’envoler en première quand même attiré en sous-sol

Jacqueline de Jong, S’envoler en première quand même attiré en sous-sol, 1967

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Crayon et acrylique sur papier • 50 × 70 cm • Courtesy de Jaqueline de Jong et Pippy Houldsworth Gallery, Londres / Photo Ben Westoby

4. La plus solaire

Artiste textile américaine, Sheila Hicks (née en 1934 à Hastings aux États-Unis) vit et travaille à Paris depuis 1964. Dans son atelier, elle tisse, noue, enveloppe, plie, tord ou empile, avec un sens aigu des couleurs la laine ou lin. Son travail délicat marie les formes typiques du modernisme et les traditions extra-occidentales, notamment précolombiennes. Dans la viewing room de la galerie Frank Elbaz, son œuvre TBT, créée pendant le second confinement dans l’espace même de la galerie, irradie aux côtés des blocs de marbre de Bojan Šarčević et des miroirs trompeurs de Mungo Thomson.

Sheila Hicks, TBT

Bois et Aluminium • 250 × 250 cm • Courtesy de Sheila Hicks et de la galerie Frank Elbaz • Photo © Claire Dorn – Sheila Hicks

5. La plus engagée

Roméo Mivekannin puise son inspiration dans des fonds d’archives photographiques et dans des toiles emblématiques de l’histoire de l’art occidental, remettant en question une iconographie marquée par l’esclavage et la colonisation. Entre réécriture d’une mémoire collective et réparation d’une fracture identitaire personnelle, l’artiste béninois se positionne comme sujet dans ses peintures à l’acrylique noire réalisées sur des toiles teintées par des bains répétés d’élixir, pour mieux révéler les rouages de la représentation qui portent les systèmes de domination. À ne pas manquer dans la viewing room de la galerie Cécile Fakhoury (Côte-d’Ivoire), qui présente aussi le travail du peintre sénégalais Serigne Ibrahima Dieye.

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Roméo Mivekannin, Vénus Hottentote, Série Barnum

Roméo Mivekannin, Vénus Hottentote, Série Barnum, 2020

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Acrylique et bain d’élixir sur toile libre • 250 × 250 cm • Courtesy de l’artiste et galerie Cécile Fakhoury © Roméo Mivekannin

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FIAC OVR (Online Viewing Rooms)

Journées VIP : 2 – 4 mars 2021

Accès au public : 4 – 7 mars 2021

https://fiac.viewingrooms.com

Visuel à la une : capture d’écran de la section « Rencontre fortuite » sur le site https://fiac.viewingrooms.com/.



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