Klimt, Schiele, Hundertwasser, Kokoschka… Notre guide pour un week-end culturel à Vienne


Jour 1. 9 h – À la recherche du « monde d’hier »

Vous aurez l’occasion de constater maintes fois durant votre séjour : à Vienne, le café, accompagné ou non d’une généreuse part de tarte ou de gâteau, c’est sacré ! Dans son livre-testament écrit en exil, Le Monde d’hier (1943), Stefan Zweig décrivait le Kaffeehaus comme un « club démocratique, accessible à tous où, en échange d’une modeste obole, n’importe qui pouvait rester des heures pour discuter, écrire, jouer aux cartes, recevoir son courrier et surtout feuilleter un nombre illimité de journaux et de revues. » Pour se mettre en jambe donc, et pourquoi pas en appétit, attablez-vous au Café Central, situé dans un somptueux palais de la vieille ville, qui fut autrefois l’un des hauts lieux intellectuels de Vienne… Vous voilà projeté en 1900 !

Le Café Central

Herrengasse 14, 1010 Wien, Autriche

11 h – Le Kunsthistorisches Museum : attention, chefs-d’œuvre !

Il se dresse fièrement sur le Ring depuis 1891, et renferme bien des trésors : bienvenue au Kunsthistorisches, qui a, il est vrai, de quoi intimider avec son imposante architecture, inspirée de la Renaissance italienne. Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Une fois à l’intérieur vous attend une folle surenchère de marbres polychromes, de stucs, de peintures murales… Le grand escalier, qui porte très bien son nom, vous mènera aux galeries de peintures dédiées aux écoles flamande, hollandaise et allemande d’une part, et, de l’autre, aux écoles italienne, espagnole et française. Difficile de savoir où donner de la tête tant les chefs-d’œuvre sont ici nombreux, de Rubens au Corrège en passant par Rembrandt, Titien, Dürer… Impossible de faire l’impasse sur la star du musée, la fameuse Grande tour de Babel (1563) de Brueghel l’Ancien, animée de mille et un détails. À ne pas manquer également, la collection d’objets d’art du musée, située à l’entresol, qui regorge de pépites insolites ! Avant de partir, offrez-vous une pause (et pourquoi pas une petite collation ?) dans le café du KHM, qui est, disons-le franchement, l’un des plus beaux cafés-restaurants de musée au monde…

Le Kunsthistorisches Museum : l’escalier d’honneur et les salles de peintures des écoles du Nord

Le Kunsthistorisches Museum : l’escalier d’honneur et les salles de peintures des écoles du Nord

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© Photo WienTourismus / Paul Bauer

14 h 30 – Art nouveau et contemporain, danse, éléctro : l’hyperactif Museumsquartier

À deux pas du Kunsthistorisches, l’ultradynamique Museumsquartier, conçu par les architectes Laurids et Manfred Ortner, rassemble quelques-uns des plus beaux musées viennois et s’ouvre aussi à la création contemporaine, la danse ou encore la musique électronique. S’il s’agit de votre première fois à Vienne, privilégiez la visite du Leopold Museum. Cet imposant cube de calcaire blanc renferme la collection du docteur Rudolf Léopold et de son épouse, particulièrement friands d’art autrichien de la première moitié du XXe siècle : Kokoschka, Moser, Klimt, Kubin… Le clou du spectacle : une impressionnante collection d’œuvres d’Egon Schiele, parmi lesquels son fameux Autoportrait avec lanterne chinoise de fruits (1912).

Le Leopold Museum et l’œuvre d’Egon Schiele, « Autoportrait à la lanterne chinoise de fruits »

Le Leopold Museum et l’œuvre d’Egon Schiele, « Autoportrait à la lanterne chinoise de fruits », 1912

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huile, couleur opaque sur bois • 32,2 × 39,8 cm • © Photo Ouriel Morgensztern / Leopold Museum

17 h – L’art de la fête au Prater

Cap sur le nord de Vienne où se déploie, sur près de 7 km2, le Prater, ancienne réserve de chasse impériale devenue, au milieu du XVIIIe siècle, un lieu de promenade apprécié des viennois avec ses bosquets, ses petits lacs, ses guinguettes et… sa mythique fête foraine ! C’est en effet à Vienne que l’on trouve l’un des plus vieux parcs d’attractions du monde au milieu duquel trône, depuis la fin du XIXe siècle, une grande roue. Montagnes russes, autos-tamponneuses et petit train ont certes remplacé les jeux de quilles d’autrefois, mais l’ambiance n’en reste pas moins charmante et conviviale !

Le Prater

© Photo Mauritius / hemis.fr

19 h – Le canal du Danube : street art & chill

Pour conclure cette première journée, direction les rives du canal du Danube bordées de terrasses éphémères. Du printemps à l’automne, le lieu est idéal pour boire un verre dans une ambiance détendue, certains bars n’hésitant pas à aligner les transats au bord de l’eau ! Le canal du Danube est aussi un grand musée à ciel ouvert, où se donnent rendez-vous les street artistes du monde entier, qui se laissent libre cours sur les murs. Vienne accueille aussi chaque année, au mois d’août, un festival d’art urbain réputé, le Calle Libre.

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Biergarten sur les bords du Danube

Biergarten sur les bords du Danube

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© Photo WienTourismus / Christian Stemper

Jour 2. 10 h – Au Belvédère, un baiser en or

Chef-d’œuvre de l’architecture baroque, le Belvédère fut autrefois le double palais du prince Eugène de Savoie, chef de l’armée impériale. Double, car il se compose de deux châteaux, le Belvédère inférieur et le Belvédère supérieur, reliés par un somptueux parc offrant un beau panorama sur la ville. Aujourd’hui consacré à l’art autrichien du Moyen Âge aux années 1920, on admire au Belvédère supérieur quelques-uns des plus beaux chefs-d’œuvre de Klimt, parmi lesquels le célébrissime Baiser (1908), ou encore l’envoûtante Étreinte (1917) d’Egon Schiele. Offrez-vous aussi un face à face avec les truculentes Têtes de caractères (1770–1783) de Franz Xaver Messerschmidt, figure insolite de l’art viennois. Fou rire garanti ! Le Belvédère comprend aussi le B21, dédié à l’art contemporain, à la musique et au cinéma.

Le Belvédère et « Le Baiser » de Gustav Klimt

Le Belvédère et « Le Baiser » de Gustav Klimt, 1908

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© Photo WienTourismus / Gregor Hofbauer / © Photo Lukas Schaller / Belvedere

14 h – Au palais de la Sécession, une symphonie Art nouveau

« À l’époque son art, à l’art sa liberté » : pas de doute, vous voilà face au palais de la Sécession, dont voici la devise, inscrite en lettres d’or sur le perron. Sur la gauche de l’édifice surmonté d’un impressionnant dôme doré, on peut lire une autre devise, latine cette fois : Ver sacrum, qui a donné son nom à la revue éditée par le groupe d’artiste qui a rassemblé Gustav Klimt, Otto Wagner, Max Klinger, Koloman Moser… tous opposés à l’académisme ambiant. Véritable manifeste architectural de la Sécession, l’ensemble a été imaginé par l’architecte Joseph Maria Olbrich (1867–1908), en réaction aux imposants palais du Ring. C’est ici que se sont déroulées les expositions de la Sécession, et en particulier la plus fameuse d’entre elle, la 14e en 1902, qui a vu naître la Frise Beethoven de Klimt, dont on peut toujours admirer quelques beaux fragments. Les plus mélomanes pourront emprunter un casque qui diffuse la 9e Symphonie, telle qu’elle fut interprétée par Richard Wagner… L’expérience est totale ! Fidèle à l’ambition de ses créateurs, le Palais de la Sécession est aujourd’hui devenu un espace d’exposition de la fine fleur de l’art contemporain.

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Le Palais de la Sécession orné des fresques de Gustav Klimt sur Beethoven

Le Palais de la Sécession orné des fresques de Gustav Klimt sur Beethoven, 1897

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© Photo WienTourismus / Christian Stemper

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Palais de la Sécession (Vienne)

15 h – Dans les pas d’Otto Wagner

À quelques pas du Pavillon de la Sécession se dresse la station Karlsplatz, véritable bijou signé Otto Wagner et parfait exemple de l’Art nouveau à la viennoise, le Jugendstil. Dans l’un des deux pavillons qui se font face, une petite exposition revient sur la vie et l’œuvre de cet immense architecte, dont l’empreinte est très visible dans la ville. Les Viennois lui doivent notamment les ponts et viaducs du U-Bahn, le métro. Envie de se rafraîchir ? Vous trouverez à l’intérieur du pavillon un café doté d’une terrasse très sympathique pour les beaux jours. D’autres réalisations d’Otto Wagner sont aussi visibles à deux pas : l’église Saint-Léopold am Steinhof, la sublime maison des majoliques ou encore la Caisse d’épargne de la poste.

La station de métro Karlsplatz d’Otto Wagner

La station de métro Karlsplatz d’Otto Wagner, 1898

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© Photo WienTourismus / Christian Stemper

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Otto Wagner Pavillon

17 h – La maison perchée d’Hundertwasser

Figure incontournable de la ville, Friedensreich Hundertwasser (1928–2000) a lui aussi, à sa manière, marqué la ville de son empreinte fantasque et colorée ! Inspirée des principes de Gaudí et de la fantaisie du Facteur Cheval, la Hundertwasserhaus (1983) tranche avec les immeubles guindés du Ring. Grand patchwork multicolore, cet improbable édifice, qui abrite des logements à loyers modérés, fut bâti à la demande de la ville d’après les dessins de l’artiste et des architectes Josef Krawina et Peter Pelikan. Vous avez la tête qui tourne ? Rien de plus normal : ici, pas de ligne droite mais des spirales et des mosaïques qui semblent danser sur la façade, ornée de joyeux aplats de couleur bleu, jaune, rose… Un peu plus loin, le musée Hundertwasser (le Kunst Haus Wien) revient sur la vie et l’œuvre de cet artiste qui fut à la fois peintre, militant écologiste et auteur d’une cinquante de projets plus fous les uns que les autres !

La Maison Hundertwasser

© Photo Sylvain Sonnet / hemis.fr

Kegelgasse 36-38, 1030 Wien, Autriche





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