Interview de Mister agri 2021 – « Au-delà du titre, il y a l’agriculteur et son quotidien à partager »


S’il ne s’attendait pas à devenir Mister agri 2021, Florent (ou Flo Pajor sur les réseaux sociaux) a à coeur de communiquer sur son métier. Ce futur éleveur de 29 ans, qui reprendra d’ici trois ans la ferme parentale en Saône-et-Loire, aime en effet les échanges et envisage de se lancer dans la vente directe. « Avoir gagné ne fait pas de moi quelqu’un de différent, de plus important. Je veux juste montrer une autre image de l’agriculture, moderne et dynamique », résume-t-il.

Son installation agricole : « En 2024 pour la peaufiner »

Florent Pajor n’est pas encore installé. Aide familial sur la ferme de ses parents depuis sept ans, il travaille avec son père qu’il remplacera à son départ en retraite en 2024. « C’est plus judicieux d’attendre que de devoir reprendre des terres et se retrouver avec une structure trop grande à exploiter une fois qu’il sera parti », estime-t-il. Du temps en plus pour peaufiner le projet, ajoute le futur agriculteur.

Le reste du temps, soit trois jours/semaine, il est surveillant dans un CFA (centre de formation d’apprentis) et employé dans une pizzeria. 

L’exploitation : polyculture-élevage bovin/ovin viande

Le père de Florent cultive 184 ha et élève 110 vaches allaitantes à Essertenne, près du Creusot (Saône-et-Loire). Le jeune homme, lui, possède une dizaine de VA et une cinquantaine de brebis. Il réintroduit en effet progressivement la production d’ovin viande, arrêtée sur l’élevage en 2013.

Son envie de devenir éleveur… et de vendre en direct

Elle date de toujours. Flo, comme il se fait appeler, a donc passé un Bepa « productions animales », puis un Bac pro CGEA (conduite et gestion de l’entreprise agricole) et un BTS agricole, le tout en apprentissage dans des exploitations avec de la vente directe. Son objectif pour sa future installation : « Une ferme à taille humaine où je commercialiserai moi-même, dans ma propre boutique à la ferme, mes produits et ceux d’autres producteurs, pour avoir une offre la plus complète possible. » Mais comme il n’est pas seul sur ce créneau dans la région, il sait qu’il devra « se démarquer » pour réussir. Il a également conscience qu’il lui faudra embaucher car il ne pourra pas tout mener de front.

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Son caractère : tourné vers les autres et l’échange

Le futur éleveur se définit « comme sociable, quelqu’un qui est toujours là pour aider les autres au risque de s’oublier soi-même ». « Ce qui explique peut-être », selon lui, « qu’il soit célibataire ». 

Je suis là pour répondre aux questions. Je ne conçois pas de rester enfermé dans ma ferme !

Il adore communiquer et échanger, d’où son envie de vendre ses productions en direct. « J’aime parler de mon métier, de mes bêtes, expliquer mon travail et mes pratiques. Je sais que c’est essentiel et que les gens sont demandeurs. Alors je suis là pour répondre à leurs questions. Je ne conçois pas de rester enfermé dans ma ferme ! », détaille celui qui, pendant ses heures à la pizzeria, apprécie particulièrement les contacts avec les clients auprès desquels il « se sent à l’aise ».

Depuis plusieurs années, il publie chaque jour des posts et/ou des photos/vidéos sur les réseaux sociaux : Skyblog les premiers temps puis Facebook, Instagram, Snapchat. Sur Facebook, ses deux groupes, L’élevage sous toutes ses formes et J’aime l’élevage ovin et j’en suis fièr(e), sont sources d’échanges enrichissants sur « sa passion, ses productions, les races élevées, etc. car les choses ne se passent pas forcément pareil partout en France ».

Prendre des stagiaires et des apprentis, pour partager mon expérience.

À travers son emploi au CFA, il aide les jeunes à trouver un stage ou un apprentissage et à se préparer pour les entretiens. Dès que l’occasion se présente, il leur transmet aussi ses connaissances agricoles. « Les jeunes évoluent. Rester connectés avec eux est un bon moyen pour être toujours au fait des évolutions de l’agriculture », témoigne Florent qui envisage d’ailleurs lorsqu’il sera installé de prendre des stagiaires ou apprentis. Etant passé par là, il sait qu’il est compliqué de trouver des agriculteurs volontaires. « Beaucoup croient que la réglementation est contraignante et ne sont pas au courant des aides. Quel dommage car c’est une excellente formation », insiste Florent.

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Miss et mister agri : motivations, attentes, intentions

« Ce n’est pas la première fois que je postule alors je ne m’attendais vraiment pas à gagner, d’autant que je ne suis pas celui qui a obtenu le plus de likes !, lance-t-il. Ça m’a fait d’autant plus plaisir ! En plus, les gens dans le coin en parlent pas mal et me félicitent, ainsi que mes parents. Mais avoir gagné ne fait pas de moi quelqu’un de différent, de plus important. Je veux juste montrer une autre image de l’agriculture, moderne et dynamique, que celle qu’a généralement le grand public, une image réelle cependant. »

Je n’ai pas la prétention d’être le porte-parole de tous les agriculteurs, je veux seulement passer des messages.

« J’ai toujours été un peu atypique, déjà pendant mes études, puis en choisissant de m’orienter en plein berceau charolais vers une production différente et en créant des vêtements estampillés « L’élevage sous toutes ses formes » avec un album de photos sur Facebook regroupant les gens qui les portent. Alors pourquoi pas ce concours ? Sachant qu’au-delà du titre, il y a l’agriculteur derrière et son quotidien à partager. »

D’ailleurs, ce que Florent regrette le plus, c’est l’annulation du Salon de l’agriculture cette année et le fait qu’il ne pourra pas y promouvoir l’agriculture aux côtés des autres Miss et Mister agri, seniors et juniors. « Je n’ai pas la prétention d’être le porte-parole de tous les agriculteurs, je souhaite seulement passer des messages, notamment que la nouvelle génération est là, qu’elle innove tout en étant complémentaire des précédentes. »



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