Gamekyo : [TEST] Xenoblade Chronicles 3


On ne va pas se mentir en disant qu’on aurait quand même bien voulu voir la gueule de la nouvelle licence « medieval/fantasy » de Monolith Software évoqué via quelques concept-arts en 2017, mais en attendant (si du moins le projet existe encore), on ne peut décemment la sortie d’un nouveau Xenoblade Chronicles capable de nous occuper à l’ombre lors des vagues de forte chaleur de cet été, encore plus quand ce troisième épisode « hors X » se veut être l’apothéose de la franchise. Oui certes, on sait maintenant qu’elle n’est pas terminée selon les vœux du studio, mais tout de même, on obtient sans conteste l’épisode le plus carré à ce jour, ce qui déjà rassure comme il faut après un Xenoblade Chronicles 2 bancal sur de nombreux points.

On parle mal aujourd’hui de ce dernier (il avait ses qualités hein) mais on ne peut pas non plus jeter trop de pierres à la tronche des développeurs qui ont dû faire avec de nombreux obstacles, que ce soit une maîtrise encore vacillante du dernier hardware de Nintendo, la probable obligation imposée de le sortir la première année de vie de la machine, sans oublier le problème des effectifs, Nintendo ayant eu besoin de piocher temporairement dans les employés pour fournir du renfort sur Breath of the Wild. Bientôt 5 ans plus tard, ces excuses sont inexploitables et Monolith n’a heureusement pas failli, rien que sur le plan technique où l’on a droit à du toujours très ambitieux, toujours plus grand, mais tournant cette fois très convenablement même en mode portable, sans tomber dans la scandaleuse bouillie de pixels du deuxième épisode lors de certains combats. C’est déjà un grand pas.

Des choses ont également changé sur le plan esthétique. Terminé le melting-pot improbable entre foire aux gros boobs d’un coté, branche de vilains signés Nomura de l’autre, au milieu de l’over-random pour constituer le casting des personnages d’appoints (les fameuses Lames), le tout mené par un gamin tiré de n’importe quel shonen. A se demander ironiquement pourquoi il n’a même pas eu sa place dans le casting de Smash Bros tiens… Dans Xenoblade Chronicles 3, si l’on n’échappe pas à quelques clichés, des oreilles de chat et de FOUTUS NOPPONS (stop avec cette mascotte… STOP), on gagne clairement en maturité et on ne troquerait pour rien au monde un Noah contre un Rex.

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Cela se ressent également du coté de la narration avec un scénario qui a dès le départ son originalité et qui sait monter rapidement en puissance avec tout ce qu’il faut de rebondissements : dans le monde à moitié en ruines d’Aionios, deux factions se livrent une guerre tellement vieille que plus personne n’en comprend les véritables enjeux si ce n’est ceux de l’instant présent, à savoir absorber via d’immenses machines l’essence de vie des guerriers morts aux combats, principale ressource pour de meilleurs lendemains. Et pour livrer des batailles infinies, il faut de nombreux soldats sans avoir le temps de s’attarder sur le superflu de l’éducation et la jeunesse : les humains naissent directement dans des cuves, déjà adultes, et n’ont une espérance de vie que de 10 ans, suffisant pour s’attarder directement dans les combats et tenter de survivre cette décennie pour ensuite avoir droit au très religieux « Grand Retour ».

C’est dans ce contexte assez pessimiste que le trio de soldats Noah, Lanz et Eunie (y a aussi un Noppon), actuellement dans la dernière ligne droite de leurs « vies » vont croiser la route de représentants ennemis Mio, Taio et Sena (avec un Noppon). Un face-à-face qui ne peut mener qu’au trépas d’un des clans, si un événement n’allait pas transformer leur destin, à savoir la rencontre d’un guerrier allié bien différent de tout ce qu’ils ont rencontré jusqu’à présent, et la rapide compréhension que toute cette guerre n’est qu’une vaste blague car une menace bien plus importante semble tirer les ficelles. Une amitié de fortune qui conduira à être l’ennemi de tous quoi. Ce n’est là qu’un aperçu des premières heures qui ont déjà beaucoup de choses à dire, et c’est un euphémisme : Xenoblade Chronicles 3 se veut très très bavard, et la première demi-douzaine d’heures prévient sur ce qui nous attend de temps à autre de l’aventure, donc des tunnels de cinématiques certes classes mais d’une longueur insoupçonnée. Certes, ça fait avancer le scénario et de temps à temps à développer l’attachement envers tous les représentants du casting, mais soyez juste prévenus qu’il arrivera parfois qu’en cas de petite session du soir, votre ratio penche plus vers la narration que le gameplay.

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Des premières heures qui servent également à distiller les différentes fonctionnalités du jeu dans un tuto plus limpide que pour le précédent épisode, n’empêchant pas quelques lourdeurs, particulièrement pour les habitués de la franchise qui n’ont pas besoin qu’on leur rappelle après plus de 500h sur 3 épisodes (dont le X) comment on doit attaquer, équiper un accessoire ou une rune, et comment on peut faire chuter un adversaire. Il faut néanmoins passer par cela pour découvrir les différentes nouveautés comme le système de double-compétences, un système de classes qui modifie le skin des différents persos (terminé les équipements dégueux), la fusion de protagoniste qu’on évitera de détailler car liée au scénario, la possibilité de changer de personnages à la volée (les six persos sont présents en combat) ou encore les modifications de l’art signature comme celle de l’ultra combo, totalement ravageur quand vous aurez compris le truc, mais tellement long qu’on le réserve pour contre des ennemis spéciaux ou des boss, si possible en toute fin de combat pour tripler ou quadrupler la récompense d’xp.

Sur ce dernier point, il faut également indiquer, du moins en mode normal, que l’équilibrage général permet un rythme de progression plus fluide que par le passé, permettant d’oublier les séquences de farm pour se consacrer au plus important. Comme à chaque fois avec Xenoblade, on n’a pas d’intérêt à esquiver les quêtes annexes les plus importantes ne serait-ce que pour pousser à explorer des endroits isolés, eux-mêmes menant à l’obtention sur le chemin de nombreux coffres qui assureront ce qu’il faut de loot pour les annexes. Bonne idée en passant de nous proposer d’échapper à la recherche d’un objet lambda pour accomplir une quête en donnant à la place un « jeton » que l’on peut trouver un peu partout. Ça file globalement plus vite, entre radar plus clair, moins de coffres à ouvrir, davantage de points de téléportation et surtout la fin du système de Lames de Xenoblade Chronicles 2 dont son lien avec l’exploration nous donne encore aujourd’hui de très mauvais souvenirs.

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Libre à vous néanmoins de fouiner chaque cm² des immenses cartes chaque fois que c’est possible mais comprenez qu’il est tout à fait possible de terminer le jeu sans trop d’accrocs en vous attardant surtout sur l’essentiel, en n’oubliant surtout pas les très intéressantes « quêtes Héros », assurément le meilleur morceau annexe du jeu. Chacune est très travaillée et permet d’obtenir un nouvel allié à l’intérêt double : non seulement il intervient comme 7e combattant en combat (impossible de le jouer en revanche), mais on peut du coup obtenir par la même occasion une nouvelle classe que n’importe quel membre de l’équipe standard pourra apprendre. Bien plus intéressant que les Lames, et sachez d’ailleurs qu’une partie du Pass reposera sur ce nouveau système. Bref, l’expérience tient bien plus en haleine si tant est que les longues cinématiques ne vous rebutent pas, même s’il y a un point qu’il serait temps de faire évoluer aussi bien pour l’avenir de la franchise que celui de Monolith : le système de combat, aussi intéressant soit-il dans les gros combats, commence à devenir lourdingue contre le bestiaire de base avec des affrontements trop longs pour ce qu’il rapporte. L’auto-combat est néanmoins disponible si vous souhaitez mais quand on en arrive là, c’est qu’il est peut-être temps de dépoussiérer l’ensemble…



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