Gamekyo : [TEST] Wasteland 3


Dernier projet développé sous l’ancienne bannière indépendante du studio InXile, racheté entre temps par Microsoft pour gonfler ses troupes, Wasteland 3 est disponible depuis peu pour nourrir les fans de ce que l’on nomme encore le C-RPG dont la majorité des intéressés se retrouvent évidemment sur le support le plus logique, même si l’on en trouve toujours sur consoles. Consoles qui ont déjà accueilli le deuxième épisode et même le remake du tout premier si l’on parle de la Xbox One, ce qui n’impose pas aux curieux une cure de rattrapage tant ce troisième chapitre peut se prendre de manière totalement indépendante. Vous y jouerez toujours des Rangers, sorte de mercenaires dans un monde post-apocalyptique, qui semblent avoir enfin trouvé la terre promise avec le Colorado. Tout le territoire est néanmoins mené d’une main de fer par le « Patriarche », du moins en théorie car sur le papier, les choses sont un chouïa plus compliquées : les trois rejetons du précité foutent un bordel pas permis, si possible pour déloger chacun à leur manière leur géniteur de son trône, et ce dernier accepte que votre clan prenne place sur ses terres à l’unique condition que vous envoyiez en enfer les fauteurs de trouble. Il faut croire que le concept de liens familiaux, c’est surfait dans ce monde en ruines.

Et donc au départ, comme dans à peu-près 95 % des RPG occidentaux, il vous faudra d’abord un avatar ou plutôt deux, soit créés de toutes pièces, soit en optant pour les différents duos proposés qui ont un semblant d’Origin Story. Un semblant oui car c’est l’une des choses que l’on remarquera au fil des heures : que ce soit vos deux persos de départ, les random que vous recruterez et même ceux qui sont liés à une histoire (principale comme secondaire) pour former une équipe de six, ça ne transpire pas vraiment la psychologie poussée dans votre escouade. A quelques phrases lâchées de temps à autre, on a parfois l’impression de diriger une troupe d’avatars d’un jeu Bethesda type TES ou Fallout, donc sans grande personnalité au point d’oublier souvent qui est qui, et pourquoi on l’a finalement intégré à l’équipe. Au moins, on ne versera aucune larme devant une mort inattendue ou la simple envie de remplacer untel par untel, et on s’attardera donc davantage sur le système de jeu qui lui va imposer une complémentarité vitale.

Comme Wasteland 2, ce troisième épisode n’a toujours pas l’intention d’apporter certains éléments de gameplay pourtant habituels dans le genre, comme tout ce qui tient de l’infiltration ou du vol à la tir. Ici, les gueules cassées vont au contact et tant pis si ça amoindrit les possibilités autant dans les combats que dans la résolution des situations. Pour autant, c’est loin d’être simpliste et l’importance des compétences doit être prise en compte dès le début. On vous laisse à la rigueur libre pour le duo de départ mais passez cela et surtout dès le moment où ça va parler recrutement, vous avez tout intérêt à prendre le maximum de choses en compte pour ratisser large dans les attributs. La relative rareté des munitions imposera par exemple de constituer une escouade avec un maximum de type d’armes différentes : 3 ou 4 spécialistes du fusil d’assaut, et c’est l’assurance de vous retrouver à sec toutes les heures, et de devoir dépenser tout votre pognon dans des balles au premier marchand venu.

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Et c’est exactement la même chose pour toutes les compétences passives où il faudra très vite spécialiser chaque membre de votre équipe dans telle ou telle chose pour éviter de vous retrouver bêtement bloqué. On parle là des réponses qui se débloquent selon vos aptitudes d’intelligence ou le coté grande gueule, mais aussi à tous les fondamentaux du genre : crochetage, marchandage, piratage… Vous ne pourrez jamais taper dans tout, ne serait-ce que parce que même le leveling se montre vite radin en points de compétences, mais il faut absolument taper dans le maximum car quitte à avoir des personnages limités sur certains aspects du combat, ce sera pour mieux vous servir en ouvrant toutes les portes et coffres à votre portée (avec plein de récompenses), esquiver certains affrontements par quelques phrases sans trop y perdre en expérience, et tout simplement avoir plus de choix dans la résolution d’un problème plutôt que d’opter constamment pour une énième confrontation, surtout que le jeu n’en manque pas.

Ceux qui connaissent les précédents épisodes sont déjà au courant, mais les autres découvriront donc que derrière son coté RPG somme toute classique, Wasteland est bien plus porté sur les combats que bien d’autres jeux du genre. Difficile de voir défiler une heure sans un ou deux combats imposés, que ce soit lié à la progression ou même de manière totalement aléatoire en explorant les terres enneigées du Colorado à bord de votre véhicule, grande nouveauté de cet épisode qui d’ailleurs incarne selon les situations un « allié » en combat, pouvant mitrailler tout ce qui passe à sa portée. Le genre de coup de pouce salvateur, qui ne sera d’ailleurs pas le seul puisque vous pourrez également recruter des animaux (qui agiront indépendamment durant les combats, quitte à faire de grosses conneries comme courir au milieu des flammes, ces cons), à condition d’avoir la compétence requise bien sûr.

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L’autre évolution de cette suite, si l’on excepte la partie technique où InXile (sans non plus briller) a pu profiter des sous de Microsoft pour améliorer le rendu et ajouter un doublage intégral, c’est les nombreux choix plus ou moins moraux qui pulluleront d’un bout à l’autre de l’aventure d’une bonne soixantaine d’heures, avec des conséquences parfois directes, parfois bien plus lointaines, mais qui très souvent modifieront l’appréciation qu’ont telle ou telle faction envers vous, chose susceptible de vous faciliter la vie ou carrément de couper court à une partie des quêtes secondaires. A ce niveau, les développeurs ont montré où ils voulaient aller et ont profité de ce Wasteland 3 pour parfaire leur expérience en vue d’un futur AAA, de même que pour l’écriture aussi fine que crasseuse avec quelques personnages remarquables, parfaitement dans le ton Fallout-esque et dont la VO est d’excellente facture, même si beaucoup regretteront l’absence de VF. Un mauvais coup que l’on retrouvait également dans The Outer Worlds, autre jeu ayant fait la transition de l’indépendance au carnet de Microsoft.

Carré, l’expérience Wasteland 3 restera néanmoins sujette à de nombreuses problématiques et on pourrait évoquer de suite les temps de chargement d’une longueur par permise, brisant un peu le principe de quick-save/load pourtant cher au genre, à croire qu’au point où nous en sommes, les développeurs n’ont décidément plus envie de s’ennuyer avec l’optimisation jusqu’à ce que le SSD soit implémenté partout dans la société. On pourra également parler de ces versions consoles où l’on s’en sort mieux que pour Wasteland 2, mais on est toujours très loin des magnifiques portages de la franchise Divinity Original Sin, que ce soit dans les déplacements, la lisibilité avec cette caméra qui se barre parfois de l’action sans qu’on ne comprenne pourquoi, et ces menus du diable qui sont lents et bordéliques, donnant envie de les fuir alors qu’on doit obligatoirement y passer du temps puisqu’il suffit d’un up d’équipement et accessoires pour changer l’issue de certains combats.

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C’est donc un jeu qui même dans sa difficulté standard demandera de prendre son temps pour être maîtrisé, aussi bien pour l’exploration que les (trop) nombreux combats avec plusieurs facteurs à prendre en compte alors que dans les grandes lignes, on est loin de la profondeur de certains concurrents, déjà pour le manque d’infiltration comme on a dit mais aussi par l’absence d’exploitation du terrain, ou alors rarement (du genre de vieux barils explosifs). La série progresse mais si son retour avait fait un grand bien avec le deuxième épisode, celui-là a beau aller encore plus loin, il deviendrait presque trop classique maintenant que le C-RPG s’est réimplémenté dans le paysage, constat que dressait déjà Obsidian avec Pillars of Eternity, et nouvelle preuve que maintenant que la résurrection est faite, il est temps de parler révolution. Ou au moins grosse évolution.



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