Gamekyo : [TEST] Demon’s Souls Remake


Conditions :
Testé par mes soins pendant 15h avant de comprendre que j’étais condamné à me faire bolosser en 4-2 jusqu’à la fin des temps. Le « frère collègue » a heureusement pris la relève.

Secret de polichinelle pendant un temps du coté de Bluepoint, ce remake de Demon’s Souls est sans conteste l’un des poids lourds du lancement de la nouvelle génération et peut-être même LE titre le plus important qualitativement parlant, même si son principe le réduira à un public beaucoup plus restreint qu’un Spider-Man : Miles Morales ou Assassin’s Creed Valhalla. En tout cas, la hype était présente et c’est une belle ironie si l’on remonte plus d’une décennie en arrière, quand FromSoftware nous annonçait tout fièrement le premier jet d’un grand bouleversement à venir dans l’espace vidéoludique qui pourtant lors des premières présentations ne suscitaient que peu d’intérêt de la part du public et pas que : même Shuhei Yoshida reconnaissait en avoir un peu rien à foutre de ce truc (bon, il ne l’a pas dit comme ça non plus). 12 ans ont passé, on a eu une trilogie Dark Souls qui a dépassé les 27 millions de ventes, un Bloodborne renversant, un Sekiro qui a fait les affaires d’Activision (mais c’était dur bordel…), une concurrence qui s’est lancée dans le game, un Elden Ring qui suscite l’envie sans rien avoir montré, et il était visiblement temps de retourner là où tout a commencé.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après tant d’années, rien n’a changé et pour cause : le remake de Demon’s Souls propose quasiment la même expérience que sur PlayStation 3, ce qui pourra constituer une petite déception pour ceux qui ont bien suivi la communication, se souvenant parfaitement que Bluepoint avait déclaré après Shadow of the Colossus que cette fois, ce serait davantage qu’un simple remake graphique et il n’en est rien. Ou alors un tout petit peu. On pourrait citer un éditeur d’avatar bien plus développé, un objet à choisir au départ pour aider à démarrer (un peu inutile, sauf l’anneau), des roulades mieux gérées, un HUD qui laisse apparaître les deuxièmes sorts/objets en raccourcis, davantage d’options dans le système de téléportation, la possibilité salvatrice d’envoyer un objet ramassé directement à la réserve si on est trop lourd (les herbes pèsent maintenant leur poids), une porte secrète qui n’a déjà plus rien de secrète, un mode miroir pour briser certains réflexes chez les habitués mais aussi un doublage FR, pas désagréable d’ailleurs. Et c’est tout en gros. On est plus proche de la « correction » et c’est donc exactement comme avant… ou tout du moins dans le fond.

Car dans la forme, Bluepoint vient de nouveau montrer tout son art pour livrer une refonte graphique de haute volée au point de dégommer visuellement tout ce que FromSoftware a fait jusqu’à présent (mais vu le matos, ça aide, forcément), même s’il faudra toujours louer le travail de base qui a permis la mise en place de panoramas qui aujourd’hui déboîte tout simplement la gueule. Pour la première exclusivité first-party purement Next Gen (hors Astro, cas à part), les choses démarrent magnifiquement bien et tout a été passé à la moulinette des artistes, ajoutant ce qu’il faut d’effets graphiques et se faisant plaisir à revoir chaque texture, chaque animation, chaque modèle… Les fans de la première heure tilteront tout de même sur quelques modifications du design mais dans l’ensemble, c’est quand même du grand art, et avec soit de la 4K, soit du 60FPS selon votre envie même si l’on conseillera de privilégier la seconde option vu le genre. La claque en tout cas, couplée à un sound-design qui pousse à la fascination. Oui ce jeu a une « âme » contrairement à d’autres, mais encore heureux vu le nom du jeu.

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Ceux qui ont platiné Demon’s Souls à l’époque PS3 peuvent se casser maintenant qu’ils savent l’essentiel et tournons-nous maintenant vers ceux qui vont découvrir le genre, ou tout simplement qui n’ont pas encore fait celui-là. Comme on peut s’y attendre, on parle d’une certaine façon de l’ancêtre de Dark Souls et contrairement à cette dernière trilogie, la liberté de progression n’est pas la même, ou disons simplement différente. Car plutôt qu’un ensemble qui s’enchevêtre par la magie de surprenants raccourcis (on en trouve encore, mais beaucoup moins), Demon’s Souls est en fait découpé en cinq zones totalement déconnectées, elles-mêmes en plusieurs sessions à chaque fois séparées par un gros boss. Hors introduction, le point de départ est le Nexus, unique havre de paix où vous pourrez échanger vos âmes (de l’xp, en gros) contre de l’augmentation en puissance, l’achat de quelques objets, la forge et surtout des sortilèges divers en fonction de la direction de votre classe. Comme dit, si ce n’est pas la même liberté que dans un Dark Souls, elle reste néanmoins présente par le fait que dès le début, on vous laisse totalement le choix d’aller dans telle ou telle zone, et donc à de rares restrictions d’évoluer comme bon vous semble jusqu’à l’étape finale.

C’est simple non ? Sur le papier seulement car voilà, comme tous les autres jeux du genre, Demon’s Souls n’a pas volé sa réputation coté challenge. Chaque stage ou du moins portion est assez simple à appréhender et malgré le coté un peu labyrinthique de chacun (oh, ces mines…), quelques runs suffisent à avoir toute l’architecture gravée dans notre esprit et très vite, ou pour peu que vous lanciez une proposition d’aide pour accompagner un ou deux autres joueurs, la route vers le boss se dessine. Vous savez donc comment y aller, et tout le défi va donc d’y arriver car c’est le vice qui se cache derrière le créateur de cette licence, semblant constamment derrière notre épaule pour nous murmurer « Oses seulement te dépêcher et tu vas crever comme une merde », ce qui arrivera. Souvent, constamment. Des pièges, des ennemis qui se cachent et des situations qui se renouvellent constamment en terme de bestiaire pour toujours devoir tout réapprendre, et d’autant plus se surprendre quand quelques heures après, on traverse sans problème ce que l’on considérait initialement comme infaisable.

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Puis vient le boss, parfois majestueux, parfois de moindre taille, mais toujours prêt à nous éclater la tronche en quelques coups, imposant de devoir saisir chacun des pattern, chacune des minuscules failles, et parfois se rendre compte que certains du lot sont de véritables daubes dès le moment où l’on sait bien se placer. L’apprentissage à la dure. C’était le cas il y a des années et ça l’est toujours aujourd’hui, même si certaines classes sont plus faciles pour débuter que d’autres comme le membre « Famille Royale » (noble quoi) puisque même un noob comme moi est arrivé à faire quelque chose, en tout cas bien plus qu’avec Sekiro et sans même parler des « vidéos aides » offertes mais assez mal intégrées (l’idée ne fera pas date à notre époque), il y a aujourd’hui les nombreux conseils sur le net pour au moins débuter convenablement, et bien entendu le retour du online.

Car celui qui s’est amusé à se lancer dans Demon’s Souls il y a quelques années devait faire avec une aventure purement solo, les serveurs ayant été fermés en cours de route. C’est donc désormais le retour de la sympathique communauté d’entre-aide, aussi bien pour appeler quelqu’un à la rescousse (quand une marque bleue se décide à apparaître) que pour au contraire venir en aide à qui le souhaite, l’occasion de farmer des âmes sans risque et d’en apprendre un peu plus à chaque fois. Mais c’est du coup aussi le retour des invasions quand une des cinq zones basculent dans les ténèbres à force de mourir ou en faisant de mauvais choix, ce qui est un défi souhaité pour les gros fans, mais une occasion supplémentaire de rager quand on aborde cet univers pour la première fois où non content d’en être à notre dixième tentative avortée sur une même zone (et ça va vite, avec le SSD et ses temps de chargement de 3 ou 4 secondes) débarque alors un salopard équipé d’une épée façon Guts pour one-shot notre pauvre avatar sans armure qui ne demandait rien à part récupérer ses âmes précédemment perdues.

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Alors on s’énerve (genre parfois beaucoup), et on y retourne, encore et encore sans lassitude car il y a toujours moyen de gagner en puissance, et dans le pire des cas de faire une pause et de partir visiter un autre monde qui offrira une nouvelle pièce d’équipement qui peut changer des choses, ou suffisamment d’âmes pour obtenir un nouveau miracle/sorts qui va permettre de revoir toute notre stratégie. Et on finit par y arriver, offrant le coup ultime à ce putain de boss qui nous a résisté trop longtemps, se permettant même de lui lancer une dernière injure car lui, haha, il ne peut pas respawn. Enfin, jusqu’au New Game Plus ou au lancement d’une nouvelle partie mais pour l’heure, on l’a éclaté et on souffle de satisfaction et de bonheur, prêt à passer à la suite avec un certain excès de confiance avant de se faire immédiatement remettre à sa place. Pour beaucoup, le nombre de morts s’accumulant comme les jours sous confinement, viendra le découragement et l’abandon car Demon’s Souls reste Demon’s Souls, un titre certes plus accessible qu’un Sekiro bien plus brutal d’entrée de jeu, mais toujours sans la moindre pitié envers les impatients et les moins courageux. Pensée à ces derniers si c’est leur premier jeu PS5 (et à leur Dual Sense).



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