Gabriel Ferriol nommé chef de Viginum, l’arme de l’État contre les ingérences numériques étrangères


Ce magistrat de la Cour des comptes, passé par l’ENA, prend la tête de l’agence chargée de protéger les citoyens français d’acteurs malveillants qui pourraient déstabiliser le processus électoral.

Sur le pied de guerre avant l’élection présidentielle de 2022, le Service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) vient de nommer son chef. Gabriel Ferriol, magistrat de la Cour des comptes, passé par l’École nationale d’administration (ENA), prend la tête de l’agence rattachée au Secrétariat général de la défense nationale (SGDSN). Déjà nommé durant l’été, le numéro deux de Viginum, Marc-Antoine Brillant, est lieutenant-colonel, saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, également passé par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) avant de rejoindre le SGDSN.

Face à des acteurs étrangers malveillants, russes, chinois ou turcs, Viginum devra lutter contre les manipulations de l’information qui déstabiliseraient le processus électoral. Dotée d’un budget de 12 millions d’euros, l’agence compte aujourd’hui vingt personnes à plein temps, issues de l’administration française et du secteur privé: analystes des réseaux sociaux, géopolitiques ou experts en sciences sociales. En fin d’année, elle comptera quarante agents, puis une soixantaine en 2022. Elle dispose aussi d’un comité éthique et scientifique.

Concrètement, son rôle sera d’étudier les modes opératoires et les techniques pour amplifier la diffusion d’un contenu en ligne. À travers notamment des hashtags et des profils inauthentiques, comme des bots ou des «trolls». Elle analysera les publics visés et les effets recherchés dans la narration des informations, afin de remonter à leur origine. Un travail d’intelligence stratégique pour cartographier les interactions entre les différents acteurs étrangers qui s’immiscent dans notre débat démocratique. L’ambition de l’agence étant de démontrer que certains faits partagés par des citoyens français peuvent s’appuyer sur des éléments créés de toutes pièces par d’autres pays, afin de les induire en erreur.

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Dans l’attente du feu vert de la Cnil

Une fois une campagne hostile caractérisée, et les auteurs identifiés par Viginum, c’est l’État qui décidera de lancer ou non une stratégie de réponse contre un pays. À l’image de ce qui peut se faire dans le domaine de la cybersécurité, il pourra par exemple rendre public ces ingérences, geler des accords commerciaux et avoirs financiers, ou s’engager dans des opérations plus secrètes.

Aujourd’hui, Viginum attend le feu vert de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil), saisie en juillet, pour encadrer sa capacité de collecte de données publiques sur les réseaux sociaux. Il n’est pas question pour l’agence de rentrer dans les boucles de messageries privées, comme WhatsApp ou Messenger. Le projet de décret en cours d’examen doit préciser le cadre opérationnel légal du service. Dans les prochains jours aura lieu l’audition des représentants du SGDSN par les membres du collège de la CNIL. Le régulateur rendra alors un avis qui sera publié quelques jours plus tard. Dans l’hypothèse où il émettrait un avis défavorable, c’est un projet de loi, et non un projet de décret, qui devra encadrer le périmètre d’action de Viginum. Ce qui pourrait laisser présager des débats animés à l’Assemblée nationale.

En attendant, Viginum a entamé un travail de compréhension du contexte locale et des enjeux dans la sous-région Pacifique, autour du référendum 2021 sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. L’agence regarde également l’Allemagne, où les élections fédérales se sont déroulées le 26 septembre dernier.



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