Flâner à Rouen dans les pas de Flaubert


Jour 1 – 11h15. Découverte du centre médiéval

D’emblée, Rouen se révèle chargée d’histoire. À dix minutes à pied de la gare, remontez le temps face à l’un de ses plus beaux joyaux : la magnifique horloge astronomique ornant l’arcade en pierre sculptée qui enjambe la rue du Gros-Horloge, du nom de ce trésor de la Renaissance, auquel se greffe un beffroi gothique offrant un panorama exceptionnel sur la ville. À deux pas, vous voilà sur la place du Marché, où la curieuse église Sainte-Jeanne-d’Arc érigée en 1979 (écrin de vitraux Renaissance et d’une nef en bois inspirée d’un bateau renversé) commémore le destin tragique de la Pucelle d’Orléans, qui y fut brûlée vive en 1431… Désormais plus joyeux, le lieu constitue le cœur animé de la vie rouennaise, où s’alignent de charmantes façades à pans de bois du Moyen Âge, et celle de la plus vieille auberge de France !

Vue de la place du Vieux-Marché

Vue de la place du Vieux-Marché

i

© Alan Aubry / Métropole Rouen Normandie

11h45. Arrivée à l’hôtel Gustave Flaubert

À quelques mètres de la place du Marché, déposez vos bagages à l’hôtel littéraire Gustave Flaubert, entièrement décoré en hommage à l’écrivain par un collectionneur passionné. Au rez-de-chaussée, des expositions temporaires côtoient une bibliothèque rassemblant des éditions rares des livres du romancier et une statue à son effigie. En prime, une citation décore chaque chambre dédiée à l’une de ses œuvres, laquelle vous est prêtée en format poche ! À une minute de là se visite la maison natale du dramaturge Pierre Corneille, très apprécié de Flaubert. Un rappel que Rouen, également ville natale de Maurice Leblanc et refuge d’André Gide, fut le berceau de nombreuses plumes.

Vue de l’intérieur de l’hôtel littéraire Gustave Flaubert

Vue de l’intérieur de l’hôtel littéraire Gustave Flaubert

i

© Hôtels Littéraires

Arrow

Musée – Maison natale Pierre Corneille

Arrow

Hôtel littéraire Gustave Flaubert

33, rue du Vieux Palais, de 90 à 260 € la chambre

www.hotelgustaveflaubert.com

12h00. Déjeuner flaubertien

Joue de bœuf braisée, nougat glacé… Dans le cadre de l’événement « À Table avec Flaubert », 45 restaurants ont concocté des menus inspirés de la correspondance et des œuvres de l’écrivain, qui recèlent de nombreuses références gourmandes – leur dégustation donnant lieu à une entrée gratuite pour une entrée payante dans les sites et musées de Seine-Maritime ! La Table de Flore propose ainsi un délicieux poulet en feuille de chou cuit pendant plusieurs heures à la vapeur de cidre, et une farandole de desserts fins, tartelettes, sorbets, gâteaux, où le parfum des fruits se mêle à celui des fleurs. Le tout mitonné avec des produits frais par une cheffe passionnée… et artiste, dont les œuvres décorent (avec celles d’autres créateurs) le restaurant et son petit patio.

58, rue Cauchoise

www.latabledeflore.com

Arrow

Toutes les informations sur l’application « À Table avec Flaubert »

À Table avec Flaubert

Par Valérie Duclos
Éd. des Falaises · 144 pages · 22 €

14h00. Visite de la maison natale de Flaubert

En route pour le musée Flaubert et d’histoire de la médecine. Deux thèmes a priori distincts… Sauf que c’est bien dans cet ancien hôpital, dont son père était le chirurgien en chef, que Flaubert est né et a passé les 25 premières années de sa vie ! Installée dans une aile de l’Hôtel-Dieu, la famille prenait ses repas dans une pièce contiguë à la salle des malades. Les corps squelettiques des patients y marqueront à jamais le petit Gustave, qui, lorsqu’il joue dans le jardin, grimpe à un treillage pour espionner les dissections dans l’amphithéâtre d’anatomie, accumulant des connaissances scientifiques qui nourriront son roman Bouvard et Pécuchet (1881).

Lire aussi article :  Pfizer lance les essais sur les humains d'un vaccin à ARN messager contre la grippe

Labellisé Maison des illustres, ce bâtiment historique hybride abrite donc à la fois la chambre natale de l’écrivain (celle de ses parents, fraîchement restaurée, où se cache le fameux perroquet empaillé d’Un cœur simple, 1877), une collection d’objets médicaux anciens (pots d’apothicaire, outils chirurgicaux, mannequin d’accouchement…) et un cabinet de curiosités au sein duquel s’est glissé un dessin poétique du street artiste Gaspard Lieb. Si le dernier étage, où se trouvait la chambre de Flaubert, est hélas fermé au public, le joli jardin de plantes médicinales abrite un haut-relief en marbre d’Henri Chapu, érigé à sa gloire en 1890. Dans l’ancienne salle des malades, une exposition retrace sa vie à travers de nombreux portraits dessinés, peints et sculptés… jusqu’à son masque mortuaire et un florilège d’hommages posthumes.

Moulage d’un buste original de James Pradier, Buste de Caroline Flaubert

Moulage d’un buste original de James Pradier, Buste de Caroline Flaubert, 1846

i

© Musée Picasso, Antibes. Photo © François Fernandez

Arrow

Dans l’intimité de Gustave Flaubert

Du 1 juillet 2021 au 12 décembre 2021

mbarouen.fr

Arrow

Musée Flaubert et d’histoire de la médecine

16h30. Émerveillement devant la cathédrale

Après une petite pause, téléchargez l’application mobile « Flaubert is not dead » pour démarrer une balade interactive ludique d’une heure et demie dans la ville, semée d’anecdotes sur la vie et l’œuvre de l’écrivain. Première étape : la majestueuse Notre-Dame de Rouen, sublime avec sa façade gothique du XIIe siècle en dentelle de pierre ciselée, immortalisée par Monet en une série de tableaux mythiques, et sa fine flèche en fonte culminant à 151 mètres de hauteur (1825–1884), qui fait d’elle la plus haute cathédrale de France ! C’est là, sur son parvis, que Léon achète pour Emma, héroïne de Madame Bovary, un bouquet de violettes avant de l’attendre à l’intérieur – où luisent les couleurs du vitrail de saint Julien l’Hospitalier (XIIIe siècle) qui a inspiré à Flaubert l’un de ses Trois Contes (1877) – juste avant la croustillante scène du fiacre…

Vue de la façade principale de Notre-Dame de Rouen

Vue de la façade principale de Notre-Dame de Rouen

i

© photo : Mahaux Charles / AGF / Universal Images Group via Getty Images

16h45. Balade interactive dans la ville

La promenade vous mène d’abord place des Carmes, où s’élève la statue en bronze de Gustave Flaubert réalisée en 1907 par le sculpteur Léopold Bernstamm, fondue par les nazis, mais ressuscitée grâce au moule original. L’écrivain à la moustache légendaire, qui n’aimait guère être représenté, apparaît dans une attitude désinvolte, un pouce dans la poche de son pantalon ! Vient ensuite la rue Eau-de-Robec, où logeait le jeune Charles Bovary. L’insalubre et « ignoble petite Venise », dixit Flaubert, est aujourd’hui un coin charmant où un petit ruisseau coule au pied de belles maisons à colombages. Entre autres lieux égrenés figure le lycée Corneille (ancien Collège royal), dont le jeune Gustave n’appréciait pas la discipline… si bien qu’il en fut renvoyé pour chahut et passa son Bac en candidat libre ! Non loin de là se trouve la place Beauvoisine, où dort Emma Bovary après sa soirée au théâtre…

Lire aussi article :  Émissions industrielles, Mercosur… - La FNB dénonce un double discours de la France à Paris et à Bruxelles
Vue de la statue de Gustave Flaubert, d’après Léopold Bernstamm, bronze fondu par Rudier

Vue de la statue de Gustave Flaubert, d’après Léopold Bernstamm, bronze fondu par Rudier

i

© Alan Aubry / Métropole Rouen Normandie

22h00. Spectacle lumineux

Après le dîner – pourquoi pas à la crêperie Roland, qui sert de goûteuses galettes et crêpes accompagnées de cidre, non loin de la cathédrale –, rendez-vous de nouveau devant cette dernière, dont la façade se pare de mille couleurs lors de monumentales projections lumineuses – deux spectacles gratuits diffusés deux fois de suite, pour un total de 50 minutes –, tous les soirs d’été jusqu’au 19 septembre ! Au programme cette année, Guillaume le Conquérant et les grandes épopées maritimes. Un enchantement pour petits et grands.

Sur le parvis de la cathédrale

À partir de 22h30 du 1er au 15 août, de 22 h du 16 au 31 août, et de 21h30 du 1er au 19 septembre.

Jauge sanitaire limitée à 1500 personnes par représentation.

Accès contrôlé par trois entrées de la place : rue du Gros-Horloge, rue des Carmes et rue Lanfry.

Jour 2 – 10h. L’envoûtante Salammbô au musée des Beaux-Arts

Au musée des Beaux-Arts, vaste bâtiment du XIXe siècle devant lequel trône un mobile géant d’Alexander Calder, découvrez la superbe exposition qui explore les inspirations de Flaubert pour son roman Salammbô (1862), et surtout le tourbillon d’images qu’il a suscité en retour, des illustrations Art nouveau aux films d’Hollywood, en passant par la peinture, la sculpture, la photographie, les arts de la scène et la bande dessinée. Les batailles sanglantes, l’érotisme vénéneux de la scène du serpent, le décor luxueux de Carthage, l’attraction fatale entre la prêtresse de Tanit et Mâtho, chef des mercenaires, ont enflammé les imaginaires. Au grand dam de Flaubert qui, trouvant les images trop réductrices, aurait souhaité ne jamais être illustré !

On ne manque pas les prestigieuses collections du musée, qui regorge de chefs-d’œuvre, dont La Vierge entre les vierges de Gérard David (1509), Le Christ à la colonne du Caravage (1607), la Bacchante couchée de James Pradier (1819) et les nombreuses pépites de sa nouvelle galerie des impressionnistes… À commencer par plusieurs toiles de Monet, dont une vue de la cathédrale de Rouen (1878), mais aussi des œuvres de Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, Armand Guillaumin, et d’un talentueux Rouennais, Robert-Antoine Pinchon. Au cours de la visite se niche une petite exposition regroupant les illustrations de Madame Bovary, réalisées par Albert Fourié trois ans après la mort de Flaubert.

Vue de l’exposition « Salammbô Passion ! Fureur ! Éléphants ! »

Vue de l’exposition « Salammbô Passion ! Fureur ! Éléphants ! »

i

Arrow

Salammbô Passion ! Fureur ! Éléphants !

Du 23 avril 2021 au 8 juin 2022
– du 23 avril au 19 septembre 2021 au Musée des Beaux-arts de Rouen
– du 20 octobre 2021 au 07 février 2022 au Mucem, Marseille
– printemps-été 2022 au Musée national du Bardo, Tunisie

www.mucem.org

Arrow

Albert Fourié et Madame Bovary

Du 19 mai 2021 au 30 août 2021

mbarouen.fr

Arrow

Musée des Beaux-Arts de Rouen

12h30. Déjeuner à l’Aître Saint-Maclou

Un déjeuner bien mérité s’impose ! Pourquoi pas au café Hamlet, situé à deux pas de la superbe église Saint-Maclou, au sein d’un monument historique singulier qui vient d’être entièrement restauré : l’Aître Saint-Maclou. Construit au XVIe siècle, ce bâtiment à colombages servait de charnier et d’ossuaire (l’un des rares lieux de ce type subsistant en France), comme en témoignent ses boiseries ornées de crânes et d’os sculptés et les danses macabres qui décorent ses colonnes de pierre. On en profite pour y visiter la galerie des Arts du feu, dédiée aux arts du verre, de la céramique et du métal, et sa jolie boutique.

Lire aussi article :  Mark Karpelès envisage d'installer sa nouvelle société en France

186, rue de Martainville

www.aitresaintmaclou.fr

186, rue de Martainville

www.cafe-hamlet.fr

Arrow

Galerie des Arts du feu

14h00. Flânerie XIXe rue Saint-Romain

À deux minutes de là, flânez rue Saint-Romain à la découverte de charmantes adresses, comme la Uchiwa Gallery (n°20 bis), petite caverne d’Ali Baba pour amateurs d’estampes japonaises (que Flaubert avait découvertes par le biais d’Edmond de Goncourt) et sa boutique-sœur, l’Atelier Saint Romain (au n°28), qui présente une exposition d’aquarelles miniatures dédiées aux lieux de la vie de Flaubert et d’Emma Bovary. Sans oublier le salon de thé Dame Cakes (n°70) et ses pâtisseries alléchantes, dont la jolie façade en fer forgé (1902) est celle de l’ancienne agence du ferronnier d’art Ferdinand Marrou (1836–1917)… qui a notamment réalisé l’ornementation des clochetons de la cathédrale de Rouen !

Vue de l’Atelier Saint Romain

Vue de l’Atelier Saint Romain

i

© photo : Valérie Hanoteaux

Arrow

Atelier Saint Romain

70, rue Saint-Romain

www.damecakes.fr

15h30. Immersion magique dans Madame Bovary

À deux pas de la gare, rejoignez la Maison Marrou. Au fil des pièces de cette maison ancienne dotée d’une exceptionnelle façade en bois sculpté et fer forgé (œuvre de son ancien propriétaire, Ferdinand Marrou) qui lui donnent un air de manoir hanté, une expérience immersive et magique – à travers un ensemble d’installations truffées d’objets anciens – plonge le visiteur dans l’atmosphère de Madame Bovary. Des souvenirs fanés jonchent la table de mariage, des robes tournoient dans la salle de bal, la pluie tombe dans une chambre solitaire au rythme de la pendule, livres, lettres et parfums se déploient au sein d’une série de mises en scène ingénieuses et poétiques… Un parfait bouquet final avant de reprendre le train !

Vue de l’exposition « Madame rêve en Bovary »

Vue de l’exposition « Madame rêve en Bovary »

i

© VH – Département de la Seine-Maritime

Arrow

Madame rêve en Bovary

Du 19 mai 2021 au 14 novembre 2021

Arrow

Paris-Rouen : en route !

En train (1h20 en TGV depuis Paris) ou en voiture (1h50 depuis Paris).

Site du bicentenaire Flaubert avec programme complet des événements : www.flaubert21.fr/

Pour composer un séjour personnalisé : www.rouentourisme.com

Le Cimetière Monumental, qui abrite la tombe de Gustave Flaubert, incluse dans le caveau de ses parents au sein du carré M2.

Le Pavillon Croisset à Canteleu, seul vestige de la propriété achetée en 1844 par le père de Gustave Flaubert, où ce dernier a écrit la majeure partie de son œuvre et passé ses romans à l’épreuve du « gueuloir ». Actuellement en travaux, il présentera une reconstitution du cabinet de travail de l’écrivain.

La façade du 55, avenue Gustave Flaubert. C’est dans cette maison de maître à porte cochère que Gustave et sa sœur ont déménagé en 1846 avec leur mère après la mort de leur père.

Pour les inconditionnels de la Pucelle d’Orléans : L’Historial Jeanne d’Arc, 7 rue Saint-Romain (adossé à la cathédrale), www.historial-jeannedarc.fr ; et le Panorama XXL, quai de Boisguilbert, www.panoramaxxl.com.





Source link