Fertilisation azotée – « En France, les unités de fabrication d’engrais tournent »


L’Union des industries de la fertilisation annonce tout mettre en oeuvre pour assurer sur cette campagne une fourniture en ammonitrate équivalente à celle de 2020/21. Côté prix, la situation pourrait rester tendue d’ici à la fin de l’hiver.

« Pour l’instant, l’objectif, c’est d’éviter les arrêts d’usines et la catastrophe économique pour les agriculteurs. » Ce sont les mots de Florence Nys, déléguée générale de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) qui rassemble 36 producteurs de fertilisants et amendements minéraux, organo-minéraux, organiques et biostimulants. Le 3 novembre, l’organisation a tenu un point presse au cours duquel la flambée des prix des engrais azotés a évidemment tenu le haut de l’affiche.

Les engrais azotés sont produits à partir d’ammoniac, lui-même issu du gaz naturel. L’explosion des coûts du gaz a provoqué par ricochet celle des prix des engrais, qui ont été « multipliés par deux par rapport aux références historiques ». La question de la disponibilité, aussi, est sur toutes les lèvres.

Si la production d’ammoniac est à l’arrêt dans certaines unités européennes car il est devenu moins cher d’en importer, « en France les cinq unités de fabrication d’engrais simples tournent, soit avec de l’ammoniac produit en France, soit avec de l’ammoniac importé, rassure Renaud Bernardi, président de l’Unifa. Il existe quelques problématiques d’acheminement mais pas de fermetures d’usines sur le sol français ».

« Fournir les agriculteurs français »

Les producteurs de fertilisants insistent sur la « volonté de toute la profession de fournir les agriculteurs français » en ammonitrate, et maintiennent pour 2021/22 des objectifs de fourniture équivalents à ceux de la campagne 2020/21, soit 10,9 millions de tonnes d’engrais et amendements, dont 5,4 d’engrais simples azotés.

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Volumes des fertilisants livrés en 2020/21 en France. (©Unifa)

Mais si la disponibilité est là en ammonitrate, cela ne représente que 60 % des engrais azotés consommés en France. Les 40 % restants, soit l’urée et la solution azotée, sont largement importées et donc soumises à des « logistiques maritimes aléatoires ». Or « au moment des 2e et 3e apports, les agriculteurs ont besoin d’une mise à disposition et d’une logistique qui permettent de livrer dans un délai court. Là, on n’a pas toutes les certitudes », prévient Renaud Bernardi.

Quant à l’évolution des prix des engrais, « d’ici la fin de l’hiver, la situation risque de rester tendue », mais pourrait s’améliorer car « les stocks sont en train de se remplir et la situation géopolitique semble se détendre ». Il rappelle : « on est malheureusement dépendants du gaz naturel et c’est cet élément qui va driver le marché des engrais azotés ».

Autonomie et décarbonation

Dans un marché mondialisé propice à une volatilité importante des prix, l’Unifa indique qu’elle travaille sur des projets à long terme pour « ne pas subir », « s’affranchir de cette dépendance » aux pays tiers, et « pérenniser une industrie locale » de production d’engrais.

En particulier, la filière recherche des alternatives à l’utilisation de gaz naturel importé. Il s’agirait de produire de l’ammoniac bas carbone puis de l’ammoniac vert, à partir d’hydrogène et non plus de méthane. Une façon, aussi, de décarboner la production d’engrais. « La technologie est là », avance Florence Nys, mais ce travail fait face à plusieurs inconnues, notamment financières.



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