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Alice, une jeune femme brune, est la première à se présenter à la barre. Âgée de 23 ans en novembre 2015, elle se rendait au “Petit Cambodge” avec son frère Aristide et trois amis.

“Il faisait bon dans la rues de Paris. C’était la joie”
, se remémore-t-elle. En raison de l’affluence au “Petit Cambodge” ce soir-là, les serveurs leur demandent de repasser un peu plus tard. Alors qu’ils font quelques pas pour repartir, Alice et son frère entendent des tirs. “J’ai cru que c’était des pétards”, explique la jeune femme d’une voix douce.

Son frère Aristide, rugbyman professionnel, a le réflexe immédiat de la plaquer au sol. “J’ai pris une première balle dans le bras gauche. Mon frère a mis son corps pour me protéger et a pris plusieurs balles. Il m’a sauvé la vie. Je voyais des flashs lumineux qui partaient, j’ai compris que c’était très grave”, poursuit la jeune femme. Elle précise avoir été réveillée de ce cauchemar par des gens qui agonisaient autour d’elle. “Mon frère ne me répondait plus. Je lui parlais pour le maintenir en vie. Nos amis se sont occupés de moi et d’Aristide”, détaille-t-elle. Son frère a survécu à ses blessures mais a dû arrêter sa carrière de rugbyman. 

“Mon travail c’est de faire rêver les gens en prenant appui sur mes bras”, poursuit Alice. La jeune femme est en effet artiste de cirque professionnel, voltigeuse de main à main plus précisément. Elle a dû subir cinq opérations depuis l’attaque et est aujourd’hui handicapée à vie. “Je me bats pour continuer à travailler dans ce métier, pour continuer à faire rêver les gens. Je ne peux prendre aucun appui sur mon bras alors je vole autrement en prenant appui sur mes pieds. On a inventé de nouvelles façons de faire”, explique la jeune femme. Elle évoque aussi son hyper-vigilance, ses longues nuits sans sommeil et ses cauchemars quotidiens.

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“Avec mon frère et mes amis, on s’est battu pour garder de l’amour et de la joie, de la vie, on se bat à chaque instant pour que cet épisode ne grignote pas toute notre vie. Evidemment on est plus pareil, on a des cicatrices. Mais on sait qu’on a de la chance de vivre”, conclut Alice.

Aristide, le frère d’Alice, témoigne à son tour devant le tribunal. “Je me rappelle d’avoir été entre la vie et la mort. Je me rappelle de tous ces moments. Six ans après, j’arrive très bien à vivre avec. Mais ça prend de la place”, explique ce jeune homme brun à la carrure imposante. “Six ans après, je ne ressens aucun besoin de réparation, de justice. J’ai pris cet événement comme une étape à franchir. Comme un combat à mener. Mais c’est un combat contre moi-même. Pas contre une personne ou une idéologie. Avec Alice, on a choisi de se concentre sur ce qu’on pouvait faire de cet événement. Aujourd’hui, je n’en veux à personne”, complète-t-il.

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