En Bolivie, les maisons perchées d’El Alto



En Bolivie, sur le haut plateau andin, El Alto culmine à 4000 mètres. Cette ville, l’une des plus hautes du monde, est le théâtre d’une petite révolution : l’architecture « néo-andine ». Sous l’impulsion de Freddy Mamani, un architecte indigène, son tissu urbain monochrome, ocre et minéral s’est doté d’immeubles aux façades survitaminées, entre psychédélisme et science-fiction !

Ce qu’il faut savoir

Après une enfance passée dans la montagne au sein d’une communauté aymara, du nom des peuples de la région du lac Titicaca, Freddy Mamani étudie la construction. Il découvre alors une vision exclusivement occidentale de l’architecture, néo-coloniale, sans référence aux particularités culturelles de l’Amérique du Sud et des Andes. Ses premières commandes émanent de la nouvelle bourgeoisie d’El Alto, une gigantesque ville en périphérie de La Paz qui accueille depuis les années 1970 un important exode rural. Ses habitants ont un profond attachement à leurs racines andines, et l’architecture est aujourd’hui la meilleure façon de l’exprimer – pour ceux qui en ont les moyens !

Freddy Mamani puise son inspiration dans les motifs stylisés du site archéologique voisin de Tiwanaku (400 après J.-C.), dont il pousse la géométrisation à l’extrême. Pour les couleurs, l’architecte emprunte aux textiles aymaras une vive palette de rose, vert, bleu, orange. L’intérieur de ces maisons bariolées répond quant à lui à un plan bien précis. Commerces, restaurants et salles de sport occupent les espaces du rez-de-chaussée, tandis qu’au premier étage on trouve des salles de bal à mezzanine, au décor aussi délirant que les façades. Au dernier étage, les rooftops sont coiffés de maisonnettes qu’on appelle aussi « cholet » (fusion de cholo, terme désignant les indigènes, et chalet). Les commanditaires peuvent depuis leur sommet contempler les montagnes et le renouvellement architectural de la cité.

Lire aussi article :  Gamekyo : [TEST] The Callisto Protocol

Où les voir ?

Un peu partout à El Alto et dans d’autres villes boliviennes. Le succès de l’architecture « néo-andine » et la gaîté qu’elle apporte au paysage urbain a favorisé des copies plus ou moins réussies. Consacré à l’international, Freddy Mamani a fait l’objet d’une exposition à la fondation Cartier en 2018 et d’un excellent documentaire.



Source link