Élisabeth Vigée Le Brun : biographie et œuvres


En bref

Rares sont les femmes du XVIIIe siècle à faire partie de l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Élisabeth Vigée Le Brun (1755–1842) s’impose comme la portraitiste officielle de la reine Marie-Antoinette et travaille pour les grandes cours d’Europe. Un de ses thèmes de prédilection est « la tendresse maternelle ». Son art du pastel (à la mode au XVIIIe siècle) qu’elle emploie pour composer des portraits délicats et naturels lui vaut d’être comparée à Maurice-Quentin de La Tour. Ses œuvres sont souvent exposées au Salon de peinture, où se dessinent les carrières artistiques.

Élisabeth Vigée-Lebrun, Autoportrait

Élisabeth Vigée-Lebrun, Autoportrait, 1790

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Huile sur toile • 100 × 81 cm • Coll. Galerie des Offices, Florence • © Luisa Ricciarini/Leemage

Elle a dit

« Je n’ai jamais voulu devoir qu’à ma palette ma réputation et ma fortune. »

Sa vie

Son père, Louis Vigée, est un peintre parisien, qui pousse la jeune fille à développer ses talents. « Tu es née peintre », lui dit-il, en lui inculquant une solide culture artistique. À la sortie du couvent, Élisabeth Vigée entre dans l’atelier d’un autre peintre, puis suit les conseils du paysagiste Joseph Vernet après la perte tragique de son père, en 1767. Elle entre en 1774 à l’Académie de Saint-Luc, avant d’accéder à la cour de Versailles.

Grande admiratrice de Rubens, mais aussi de Raphaël, Vigée fait la rencontre d’un jeune peintre, vaguement apparenté à Charles Le Brun : Jean-Baptiste Le Brun. Ce dernier, qui délaisse la peinture pour devenir marchand de tableaux, lui prête des œuvres qu’elle copie. Elle finit par l’épouser, mais le mariage est malheureux : son mari est dépensier et accumule de nombreuses dettes. Pour autant, Élisabeth Vigée Le Brun compense son infortune maritale en ouvrant son propre atelier.

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Elle devient la portraitiste officielle de Marie-Antoinette en 1779, et travaille pour les cours européennes. Le portrait dit « à la grecque » est en vogue grâce à elle – l’époque se plaît aux rapprochements avec l’Antiquité. L’artiste entre en 1783 à l’Académie royale de peinture et de sculpture, qui ne comptait que peu de femmes.

Ses portraits se vendent chers et son atelier attire une clientèle huppée (évidemment, c’est son mari qui établit les barèmes). L’un de ses sujets de prédilection, en dehors des portraits, est celui de la tendresse maternelle – elle est la mère d’une fille, Jeanne-Julie-Louise, qu’elle peint à ses côtés –, qu’elle a porté à son plus haut niveau.

En 1789, très attachée à la monarchie française, Vigée Le Brun doit s’exiler en Suisse un certain temps. Elle voyage en Italie et en Russie – qu’elle considère comme sa seconde patrie – avant de revenir en France. Divorcée, elle se brouille également avec sa fille qui meurt dans la misère en 1819.

En 1842, l’année de sa mort (à l’âge de 87 ans !), son art est tout à fait passé de mode.

Ses œuvres clés

Élisabeth Vigée-Lebrun, La Paix ramenant l’abondance

Élisabeth Vigée-Lebrun, La Paix ramenant l’abondance, 1780

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Huile sur toile • 25 × 32,5 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © akg-images / Erich Lessing

La Paix ramenant l’abondance, 1780

Avec ce tableau allégorique, Élisabeth Vigée Le Brun entendait être reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture au Salon de 1783. L’œuvre symbolise le retour de l’abondance après la signature de la paix avec l’Angleterre : la figure de l’Abondance tient une corne chargée de fruits et une gerbe de blé ; la paix est une figure plus martiale, proche de Minerve. L’Académie reçut bien l’artiste dans ses rangs, mais sans la reconnaître ouvertement comme peintre d’histoire, un statut qu’elle espérait mais qu’aucune femme artiste n’avait encore conquis.

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Élisabeth Vigée-Lebrun, Autoportrait au chapeau de paille

Élisabeth Vigée-Lebrun, Autoportrait au chapeau de paille, après 1782

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Huile sur toile • 97,8 × 70,5 cm • Coll. National Gallery, London

Autoportrait au chapeau de paille, après 1782

Vigée Le Brun s’est inspirée d’un portrait de Rubens, représentant Hélène Fourment avec un chapeau de paille. Elle avait en effet une prédilection pour le maître flamand. Mais elle y ajoute une forme de candeur et de séduction, regardant le spectateur en face, palette et pinceau à la main.

Élisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie Antoinette et ses enfants

Élisabeth Vigée-Lebrun, Portrait de Marie Antoinette et ses enfants, 1787

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Huile sur toile • 275 × 215 cm • Coll. Château de Versailles et de Trianon • © akg-images / Erich Lessing

Portrait de Marie Antoinette et ses enfants, 1787

À une époque où l’image de Marie-Antoinette est attaquée (on l’accuse de mœurs légères), ce grand tableau exposé au Salon de 1787 permet de restaurer l’honorabilité de celle que l’on surnomme l’Autrichienne. Celle-ci est représentée comme une mère aimante et une souveraine. La composition prend modèle sur la Sainte Famille (vers 1518) de Raphaël, que l’artiste admirait. Cette œuvre témoigne aussi de l’amitié qui liait la reine de France à Élisabeth Vigée Le Brun, fervente monarchiste.



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