Ekaterina Aristova, peintre de l’âme


Née à Moscou, Ekaterina Aristova est arrivée à Paris en 2009, à l’âge de 22 ans. Elle venait poursuivre des études dans le management et la finance, débutées à l’université d’État de Moscou… Mais c’est la rencontre avec le peintre Serguei Toutounov qui bouleverse sa vie. Durant un an et demi, elle est son élève et travaille sa peinture. Il lui apporte les bases et l’encourage beaucoup, lui conseille de quitter la finance pour se consacrer entièrement à l’art. Elle hésite, mais ne suit pas tout de suite son conseil. Revenue en Russie, elle rencontre son mari et revient en France avec lui, à Marseille. Les mois passent ; un contrat se termine et lui laisse du temps, qu’elle passe à peindre…

Ekaterina Aristova, Le Mystère (Misteria)

Ekaterina Aristova, Le Mystère (Misteria)

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Huile sur toile • 81 × 100 cm • © Ekaterina Aristova Paris 2021

« J’ai compris que Serguei avait raison, nous explique-t-elle aujourd’hui, que la finance n’était pas ce que je voulais faire. Étant désormais 100% libre, je suis revenue naturellement à l’art. » Ekaterina a alors 26 ans ; elle revient à Paris, fréquente l’Académie de la Grande Chaumière et les Beaux-Arts de Paris en auditeur libre. Dès 2015, elle expose son travail grâce à l’un de ses professeurs ; 2016 est l’année de sa première exposition monographique, à la Galerie 21 (21 rue Dauphine, Paris 6ème). Elle commence à vendre des dessins et des aquarelles.

Après une petite pause et un passage par le mannequinat et le cinéma, la voici revenue à l’art depuis septembre 2020, auquel elle se dédie à nouveau entièrement. La galerie lui propose des contrats, elle expose à Paris et à l’étranger. Elle a donc traversé cette année si particulière, entrecoupée de confinements, un pinceau à la main : « J’ai réfléchi au sujet de l’âme pendant cette période difficile. » Les longs mois enfermés lui ont donné envie de méditer sur sa perception du temps, sur la vie et les nombreux chemins qu’elle emprunte… Et cela a donné lieu à la série Reflections.

Ekaterina Aristova, L’âme

Ekaterina Aristova, L’âme

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Acrylique, toile de lin • 116 × 81 × 2 cm • © Ekaterina Aristova Paris 2021

« Pendant la création de cette série de peintures, j’étais sous influence de la musique de Sergueï Rachmaninov, surtout le Concerto n°2 pour piano en C minor. La musique m’influence beaucoup. » Au point qu’elle figure dans la liste des matériaux de ses œuvres ! Ses titres, eux aussi, témoignent de la force de ses impressions : L’Angoisse (« Je n’ai plus peur ! »), Soleil blanc (ou Soleil trompeur), La Route (Le Chemin)… La toile sur laquelle l’artiste attire le plus l’attention est sans conteste L’Âme, une composition abstraite, noire et blanche, imprégnée de profonds questionnements.

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Ekaterina Aristova, L’Adoration (« L’amour éternel sur la Terre … »)

Ekaterina Aristova, L’Adoration (« L’amour éternel sur la Terre … »)

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Acrylique, lin • 116 × 81 × 2 cm • © Ekaterina Aristova Paris 2021

« J’ai réfléchi au sujet de l’âme : où est-elle née ? Où part-elle après notre mort ? J’ai essayé de comprendre et de transmettre mes pensées sur la toile, sous l’influence de la musique. » Quelque temps plus tard, en prenant des photographies de ses œuvres pour les envoyer à une galerie, elle a entrevu la silhouette d’un petit garçon sur la toile. Elle cite Du spirituel dans l’art de Vassily Kandinsky, qui écrit en 1911 : « La valeur n’est pas esthétique. Une œuvre est bonne lorsqu’elle est apte à provoquer des vibrations de l’âme. » Et ajoute : « J’étais sûre d’avoir créé une œuvre abstraite, mais lorsque j’ai vu ça, je me suis dit que c’était bien un enfant, dans cette bande grise qui représente le chemin terrestre de l’âme. »

L’inconscient d’Ekaterina Aristova, elle en est certaine, s’est donc exprimé dans cette œuvre qui est devenue pour elle très précieuse. « Introvertie », confie-t-elle, elle travaille seule et traverse des émotions puissantes, parfois émue aux larmes en plein travail. Mais c’est précisément la raison pour laquelle elle souhaite « montrer cette série au monde » : pour partager ces moments d’intimité rare avec les autres, avec ceux qui sont aussi « sensibles » qu’elle aux réflexions sur la peinture, le monde et la musique.

Texte : Maïlys Celeux-Lanval



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