Églises, presbytères, monastères… 6 nouveaux temples de l’art en France


1. En Normandie, le miracle des Franciscaines

Deauville, 1875. Les sœurs franciscaines Adèle et Joséphine Mérigault financent la construction d’un édifice qui remplira les fonctions de couvent, d’orphelinat, d’hôpital et d’école. Un sacré programme qui prend fin en 2011, lorsque la congrégation fait vœu de déménager. Solution miracle pour la Ville de Deauville, alors à la recherche d’un lieu où camper son projet de musée-médiathèque-salle de spectacles. Le défi architectural est relevé par l’agence Moatti & Rivière, qui signe un lustre spectaculaire de 14 285 tubes de polycarbonate dans l’ancien cloître. Cet atrium supporte un parcours de trois étages, rythmé par cinq univers thématiques (Deauville, Cheval, Spectacle-Cinéma, Jeunesse, Art de Vivre), eux-mêmes traversés par les méandres de vastes étagères, les « rubans de la connaissance », où cohabitent livres, écrans tactiles et œuvres d’art. Dans la chapelle se trouve désormais un auditorium de 230 places assises. Sans oublier la boutique et le réfectoire. Un modèle de lieu à vivre.

Les Franciscaines à Deauville

Les Franciscaines à Deauville

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2. Dans la Loire, une (ré)collection privée

C’est la plus vaste cité monastique héritée du Moyen Âge en France. Fondée en 1101 par un moine itinérant du nom de Robert d’Arbrissel, l’abbaye de Fontevraud a la particularité d’avoir été, bien que mixte, dirigée par des femmes. À commencer par Pétronille de Chemillé. Aliénor d’Aquitaine, reine de France et d’Angleterre, s’y recueille en 1200. Son gisant repose désormais dans l’abbatiale avec ceux de son époux Henri II et de son fils Richard Cœur de Lion. En 1792, la Révolution met fin à 800 ans de vie religieuse. Napoléon fait du site un centre pénitentiaire. Il faut attendre 1975 pour le voir transformé en centre culturel, animé par des ateliers, des expositions, des festivals… Ces 13 hectares d’Histoire, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, accueillent près de 180 000 visiteurs par an. Public qui, à partir du 19 mai, pourra découvrir dans l’ancienne fannerie un tout nouveau musée d’art moderne. Ses collections reposent pour le moment sur les 900 œuvres que Léon et Martine Cligman viennent de céder à l’État et à la région des Pays de la Loire. Un ensemble prodigieux !

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L’ancienne fannerie de l’abbaye royale de Fontevraud, qui accueille désormais le tout nouveau musée d’Art moderne – collections nationales Martine et Léon Cligman

L’ancienne fannerie de l’abbaye royale de Fontevraud, qui accueille désormais le tout nouveau musée d’Art moderne – collections nationales Martine et Léon Cligman

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Abbaye royale de Fontevraud

3. Dans le Midi, un nouveau temple de la photo

Si Cannes s’impose, dans le Sud, comme la plaque tournante du cinéma, Mougins, qui fut le point de chute de Francis Picabia, Pablo Picasso, Man Ray ou Fernand Léger, pourrait bien devenir la capitale azuréenne du huitième art. Et ce, grâce à son nouveau Centre de la Photographie, qui ouvrira ses portes le 3 juillet au sein d’un ancien presbytère construit avant la Révolution française, à l’emplacement d’un moulin à traction animale. Une réhabilitation tout en sobriété, due à l’agence Griesmar Architectes, à l’atelier Gabrielli Architecture et à l’agence Anthony Hamon. Yasmine Chemali et François Cheval, qui en tiennent les rênes, ont pour ambition de soutenir la création française, étrangère, émergente et confirmée à travers un riche programme de productions, d’éditions, de résidences… L’exposition inaugurale rendra hommage à l’artiste espagnole Isabel Muñoz, connue pour ses grands formats et ses tirages au platine.

Le Centre de la Photographie de Mougins (agence Griesmar Architectes, atelier Gabrielli Architecture, agence Anthony Hamon)

Le Centre de la Photographie de Mougins (agence Griesmar Architectes, atelier Gabrielli Architecture, agence Anthony Hamon)

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© Agence Griesmar Architectes

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Centre de la Photographie de Mougins

4. Dans la Creuse, le paradis du numérique

La Souterraine ne désigne pas un lieu underground mais une commune située dans le département de la Creuse. C’est là que les Micro-Folies ont jeté l’ancre en 2019, à l’instigation de La Villette, chargée par le Ministère de la Culture d’étendre ce vaste réseau d’institutions unies par les liens sacrés de la technologie. Les sœurs du Sauveur venaient tout juste de quitter leur chapelle néo-gothique édifiée en 1870. L’endroit idéal pour monter un musée numérique, fort d’un fonds de plusieurs milliers de chefs-d’œuvre immatériels. Ce nouveau site culturel a pour mission de rendre les collections institutionnelles accessibles sur écrans géants et tactiles (interactivité oblige), et d’offrir au public ainsi qu’aux artistes du territoire un point de rencontre, de création et d’échanges. La sélection d’images projetées en boucle à l’intérieur change d’une journée à l’autre. Elle constitue une base de données sur laquelle conférenciers, médiateurs et professeurs sont invités à s’appuyer. Malgré l’infernale crise sanitaire, quelques associations et groupes scolaires ont pu déjà profiter du site, soit plusieurs milliers de personnes au total. Alléluia !

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Un centre de loisirs en visite à la Micro-Folie de La Souterraine

Un centre de loisirs en visite à la Micro-Folie de La Souterraine

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© Micro Folie, Ville De La Souterraine

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Micro-Folie La Souterraine

5. Dans l’Ain, un musée tout simplement divin

Ensemble conventuel situé à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, le monastère royal de Brou couve actuellement une exposition consacrée à l’artiste Suzanne Valadon et à une cinquantaine de ses contemporaines (Marie Laurencin, Sonia Delaunay…). Une affiche féminine qui fait écho à la maternité du lieu, fondé par Marguerite d’Autriche, la tante de l’empereur Charles Quint, afin d’y réunir trois tombeaux dont le sien, celui de sa mère et de son époux, Philibert le Beau. L’église, classée monument historique depuis 1862, est un chef-d’œuvre du style gothique flamboyant. Les appartements de la princesse, la grande salle et les anciennes cellules monastiques abritent, depuis 1922, un musée municipal dont les collections vont du XIIe siècle à nos jours. Pas étonnant que ce joyau du patrimoine ait été élu monument préféré des Français, en 2014.

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Monastère royal de Brou

6. À Saint-Denis, un éden d’art et d’histoire

Sur la façade de la chapelle du Carmel, à Saint-Denis, figure, en grand, une inscription : Justice Paix. Telle était la fonction de ce monument historique, entre 1895 et 1993. On en doit la construction à la septième fille du roi Louis XV, Louise de France, venue prononcer ses vœux au sein du monastère adjacent, fondé en 1625 par sept religieuses carmélites. Les sœurs quittent les lieux en 1959. En 1972, la municipalité sauve le site de la destruction pour y déménager son musée, fort d’un ensemble de céramiques médiévales exhumées à proximité, de plus de 3000 lithographies de Honoré Daumier, de pièces signées Pablo Picasso, de quatre salles consacrées à la guerre franco-allemande de 1870 et à la Commune de Paris… Sans oublier le fonds littéraire qui explique son nom actuel, musée d’art et d’histoire Paul Éluard. Du 25 juin au 15 novembre 2021, cette collection historique sera confrontée aux œuvres de 13 artistes contemporaines. L’exposition s’intitule « Un.e Air.e de famille » et s’inscrit dans la saison Africa 2020.

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Musée d’art et d’histoire Paul Eluard à Saint Denis

Musée d’art et d’histoire Paul Eluard à Saint Denis

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Musée d’art et d’histoire Paul Eluard – Saint Denis

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Abbaye de Maubuisson

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Abbaye Royale de l’Epau

À lire aussi : notre dossier spécial nouveaux musées, à paraître bientôt dans le prochain numéro de Beaux Arts Magazine.



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