Du petit-déj’ au dîner, revivre les années folles en 6 adresses


1. Piquer une tête à la piscine Molitor

Avoir le bout des doigts froissé par l’eau chlorée n’a jamais été aussi chic. La piscine Molitor, dessinée par l’architecte Lucien Pollet et inaugurée en 1929, est l’un des plus beaux exemples de l’Art déco. La France est alors en train de rattraper son retard en matière d’équipements nautiques, très en vogue depuis les théories hygiénistes. L’architecte en construira trois autres : la piscine Pontoise, la piscine Pailleron et la piscine de la Jonquière. Molitor est la plus célèbre d’entre elles, et la plus impressionnante : surnommée le « paquebot blanc », elle est très réputée et accueille des spectacles, des défilés de mode – on y montre le premier bikini en 1946 ! –, des galas… Aujourd’hui, la piscine a été entièrement restaurée et est devenue un complexe luxueux avec spa, hôtel et restaurant. Plus accessible, la Brasserie urbaine permet de jeter un œil au lieu à l’occasion d’un verre ou, pourquoi pas, d’un petit-déjeuner.

Le bassin extérieur de la piscine Molitor

Le bassin extérieur de la piscine Molitor

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© Gilles Rigoulet / hemis.fr

2. Un luxueux déjeuner marin au Café Prunier

Les cheveux encore un peu humides, rendez-vous dans l’univers marin du Café Prunier. Une première enseigne a été ouverte en 1872 place de la Madeleine par son fondateur, Alfred Prunier (1848–1925), mais c’est l’adresse du 16e arrondissement, initiée par son fils et rénovée par sa fille en 1925, qui présente le plus beau décor. Au menu, fruits de mer et caviar. Cette affaire de famille a l’allure luxueuse : façade en mosaïques bleues, marqueteries fines, verres dépolis, l’ensemble a été commandé au maître verrier et mosaïste Auguste Labouret (1871–1964) sur le thème de la mer. De l’escalier aux toilettes, des sols aux plafonds et des peintures aux poignées, tout est pensé pour envelopper le regard de grandiloquentes lignes Art déco. Bon appétit !

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Le Café Prunier

3. Une toile au Grand Rex

Enfin une adresse abordable ! Bien connu des Parisiens qui le fréquente pour sa programmation de films et de soirées clubbing, le Grand Rex est l’une des plus célèbres architectures des Grands Boulevards. Inaugurée en 1932 devant une foule impatiente, elle s’inspire du Radio City Music Hall de New York, en de plus modestes mesures. Aux commandes ? Jacques Haïk (1893–1950), un mastodonte du septième art qui veut alors créer le plus grand cinéma d’Europe – 3 300 personnes peuvent y être accueillies en même temps ! Pour le servir, l’architecte Auguste Bluysen (1868–1952), l’ingénieur John Eberson (1875–1964), le sculpteur Henri-Édouard Navarre (1885–1971) et le chef décorateur Maurice Dufrène (1876–1955), tous dédiés à son désir de démesure Art déco, inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 1981.

Le Grand Rex d’Auguste Bluysen et John Eberson.

Le Grand Rex d’Auguste Bluysen et John Eberson.

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© mauritius images GmbH / Alamy / Hemis

4. Visite le nez en l’air au Palais de la Porte dorée

Construit en 18 mois par l’architecte Albert Laprade (1883–1978), le Palais de la Porte Dorée, inauguré en 1931 pour l’exposition coloniale, était destiné à promouvoir l’investissement dans les colonies françaises, et à mettre en valeur la conquête coloniale et son influence sur la culture. Le lieu abrite aujourd’hui le musée de l’Histoire de l’immigration. La façade est stricte dans sa structure, symétrique, scandée de hautes colonnes géométriques, mais animée de bas-reliefs du sculpteur Alfred Janniot (1889–1969) censés donner à voir la richesse des colonies. À l’intérieur, de grandes fresques du peintre Pierre-Henri Ducos de La Haille (1889–1972) animent le Forum, ancienne « salle des fêtes », en répondant aux bas-reliefs extérieurs, sous un superbe plafond à gradins. Immense dans ses proportions – il mesure 16 000 mètres carrés ! – et éclectique dans ses influences, le bâtiment mêle différents traits : le Forum s’inspire par exemple autant des palais du Maghreb que des pagodes asiatiques.

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Le Palais de la POrte Dorée (qui abrite aujourd’hui le musée de l’Histoire de l’immigration) et les bas-reliefs d’Alfred Janniot

Le Palais de la POrte Dorée (qui abrite aujourd’hui le musée de l’Histoire de l’immigration) et les bas-reliefs d’Alfred Janniot

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© Bertrand Rieger / hemis.fr

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Palais de la Porte Dorée

5. Dîner à la Coupole, rendez-vous du tout Montparnasse

Louis Aragon et Elsa Triolet s’y sont rencontrés, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre y ont écrit durant des heures, profitant du chauffage, Joséphine Baker, Alberto Giacometti et Foujita y ont fait résonner leurs accents cosmopolites. La Coupole, vestige de 1927 prisé des touristes, est l’adresse emblématique des années folles à Montparnasse. Des soirées y sont même organisées sur ce thème, dans le fameux « dancing » délicieusement rétro. Le restaurant présente un espace hallucinant, un décor Art déco soigné et, bien sûr, une coupole lumineuse, surmontant la sculpture d’un couple signée Louis Derbré (ajoutée en 1993)… Durant le dîner – un peu cher –, on observera les fresques peintes par 27 artistes différents, dont le joli portrait de l’écrivain Georges Duhamel par Marie Vassilieff.

Le Restaurant La Coupole et la sculpture de Louis Derbré, datant de 1993

Le Restaurant La Coupole et la sculpture de Louis Derbré, datant de 1993

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6. Fin de soirée aux Folies Bergère

Folies, du nom de ces maisons du XVIIIe siècle où l’on s’amuse follement, et Bergère, du nom de la rue voisine – tout simplement. À Molitor, on montrait le premier bikini, ici, c’est la première femme totalement nue qui apparaît aux yeux du public en 1912 ! Ouverte en 1869, la salle de spectacle s’offre un coup de jeune en 1926 grâce au décorateur Maurice Pico (1900–1977), à qui l’on doit sa célèbre façade – ornée d’une danseuse nue, Lila Nikolska (1904–1955) –, ainsi que son bar. Originellement couverte de feuilles de cuivre, la danseuse a été restaurée en 2012 et finement dorée. Elle introduit toujours les Parisiens à toutes sortes de spectacles et concerts, bien que la salle ait perdu de sa sulfureuse aura.

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Les Folies Bergère et la façade de Maurice Pico

Les Folies Bergère et la façade de Maurice Pico

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© Bertrand Gardel / hemis.fr



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