Drague, offrande et question piège… Le ticket de métro parisien raconté en 6 anecdotes


À l’occasion du premier retrait des ventes du carnet de tickets t+ le 14 octobre, Le Figaro rend hommage au petit bout de carton incontournable de Paris.

C’est une petite révolution ! Ce 14 octobre, le carnet de tickets ne sera plus vendu aux automates d’une centaine de stations du réseau RATP, avant de disparaître complètement en mars 2022. En hommage à cet objet iconique de la capitale, voici six anecdotes sur le ticket de métro, tirées du livre Petite histoire du ticket de métro parisien de Grégoire Thonnat, publié aux éditions Télémaque.

Son prix a séché plusieurs personnalités politiques

C’est une question piège que posent régulièrement les journalistes en période d’élection, pour s’assurer que les politiques connaissent bien la vie quotidienne des Français. Dernière en date à en avoir fait les frais : Nathalie Kosciusko-Morizet, en février 2012, alors porte-parole de Nicolas Sarkozy candidat à sa réélection, qui annonce un tarif de 4 euros et quelques… contre 1,70 euro à l’époque.

Interrogé par la journaliste Françoise Giroud pendant la présidentielle de 1974, le candidat Valéry Giscard d’Estaing avait été le premier à s’y laisser piéger, répondant 90 centimes au lieu de 1,30 franc. Sans rancune, toutefois, puisqu’il nommera la journaliste secrétaire d’État chargée de la Condition féminine une fois élu. Dans sa jeunesse, Valéry Giscard d’Estaing avait d’ailleurs été un habitué du métro, effectuant des trajets réguliers entre son domicile du 16e arrondissement et le lycée Louis-le-Grand pendant ses années de classe préparatoire. Un jour, attendant sa correspondance à la station la Motte Piquet, il vit sur le quai son idole d’alors : Édith Piaf.

Il a fait basculer plusieurs destins

Quoi de plus romantique que d’inscrire le numéro de téléphone de sa bien-aimée sur son ticket de métro ? Sous le charme d’une belle allemande rencontrée sur le quai de la station Porte de Saint-Cloud, le jeune Serge Klarsfeld s’empresse de noter le numéro qu’elle lui a donné avant de l’oublier… et ne trouve, en guise de support d’écriture, que son ticket de métro. Serge et Beate se marieront trois plus tard, avant de mener la vie qu’on leur connaît de chasseurs de nazis et de défenseurs de la mémoire de la Shaoh. « Le métro est un lieu de brassage. Des vies se font et se défont le temps d’un ticket » s’amuse Grégoire Thonnat, l’auteur de Petite histoire du ticket de métro parisien.

Jane Birkin, Juliette Gréco ou encore Keziah Jones… Bien des personnalités célèbres ont vu leur vie basculer dans le métro. Ce fut en particulier le cas de Louis de Funès, pianiste de bar durant l’Occupation. Un jour, en 1944, il rate de peu un métro à la station Villiers. Attendant le suivant, il rencontre Daniel Gélin avec qui il avait pris des cours de théâtre quelques années plus tôt. Ce dernier lui propose alors un rôle dans une pièce, convaincu de son talent. S’il resta ensuite longtemps abonné aux seconds et troisièmes rôles, c’est bien cette pièce qui marqua les débuts de ce comédien hors-norme. Louis de Funès dira plus tard devoir sa carrière à ce métro qu’il a manqué.

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Louis de Funès en 1943 alors qu’il travaillait comme pianiste de bar. Photoshistos

Des gens viennent le déposer sur la tombe de Gainsbourg

L’année 1973 est un tournant dans l’histoire du métro parisien. Des tourniquets automatiques – « des appareils de contrôle automatique armés de bras tripodes », comme on les décrit à l’époque – sont installés, rendant inutile la profession de poinçonneur. Les plus âgés prendront leur retraite et les autres deviendront agents de station. Ce métier serait aujourd’hui oublié si Charles Gainsbourg ne l’avait pas immortalisé dans sa chanson Le Poinçonneur des Lilas. Le jour de l’inhumation du chanteur, en clin d’œil à cette chanson, sa tombe, au cimetière Montparnasse, est recouverte de tickets de métro. Depuis, des gens continuent tous les jours à en déposer sur sa tombe, avec une foule d’autres objets hétéroclites : briquets, paquets de cigarettes, poèmes…

Il était branché

Le ticket « chic et choc », ça vous dit quelque chose ? Si vous étiez né au tout début des années 80, vous n’avez pas pu manquer cette campagne de publicité à la télévision. À cette époque, la fréquentation du métro francilien est en baisse face à la voiture. La RATP cherche à redynamiser l’affluence avec une campagne télévisée moderne à l’adresse des jeunes. Le clip sera décliné sous plusieurs variantes. Le slogan «T’as le ticket chic, j’ai le ticket choc» fera mouche et la musique sera même diffusée dans les boîtes de nuit. En clin d’œil à la chanson Le Poinçonneur des Lilas, Serge Gainsbourg fait une apparition dans une des variantes, mettant le feu à un ticket, en lançant «t’as le ticket chic, moi, j’ai le briquet choc».

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Des gens le collectionnent

Si vous essayez de posséder un ticket de métro émis dans chacune des 304 stations du réseau RATP (la station d’émission est indiquée par quatre chiffres imprimés sur le ticket), alors vous êtes un ésitériophile, autrement dit un collectionneur de titres de transport. Pour les véritables adeptes de la discipline, le grand chelem consiste à posséder un billet de toutes les époques et de toutes les catégories. Ce n’est pas une mince à faire. « Les billets de la station Chatelet ne sont pas rares, quelle que soit l’époque d’émission, mais posséder un billet 1ère classe de la station Croix de Chavaux est beaucoup moins courant » raconte Julian Pepinster, conférencier RATP. Il est aussi courant parmi les ésitériophiles de collectionner des tickets émis à des dates précises : le jour de l’armistice, celui de l’arrivée des Allemands dans Paris, etc. Certains ont même conservé jusqu’à aujourd’hui les billets numéro 1 de plusieurs des stations ouvertes le jour d’entrée en service du métro parisien, le 19 juillet 1900.

Les touristes étrangers le ramènent chez eux

Les petites Tours Eiffel ou les casquettes I love Paris ne sont pas les seuls souvenirs que les touristes étrangers aiment rapporter de notre capitale. Ceux qui ont pris le métro durant leur séjour conservent aussi leur ticket. Il figurait souvent dans les albums photo du temps où on en faisait encore. C’est ainsi qu’un certain Bill Clinton, en voyage à Paris durant ses années étudiantes, rapporta dans ses valises un de ces petits bouts de carton.

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Couverture du livre de Grégoire Thonnat. Editions Télémaque



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