De meilleurs résultats économiques à moyen terme, selon France Stratégie


Dans une étude publiée début août, France Stratégie a analysé la rentabilité économique des exploitations au regard de l’engagement de leurs pratiques pour la durabilité. Si, en agriculture biologique, la transition apparaît rentable à moyen terme, l’engagement dans des pratiques agro-écologiques exigeantes ne s’accompagne pas toujours d’un soutien public adéquat ni de bénéfices économiques pour les exploitations, ce qui freine la dynamique de transition.

« Nous avons constaté que, dans la plupart des contextes étudiés, l’agriculture biologique présentait d’importants bénéfices économiques.  Le  principal  élément expliquant le bénéfice observé est la réduction des charges liées à l’achat et à l’utilisation d’engrais et produits phytosanitaires de synthèse, ainsi que les prix de commercialisation des produits bio, plus élevés », indique France Stratégie dans un rapport sur les performances économiques et environnementales de l’agro-écologie, publié le 6 août. L’étude a porté sur les référentiels publics ou privés les plus connus ayant pour objectif d’accroître la durabilité des exploitations agricoles et de réduire l’utilisation d’intrants. Le calcul de la rentabilité économique a été réalisé en excluant les aides de la Pac.

On ne peut cependant pas généraliser ce constat de rentabilité économique aux autres démarches présentant des exigences environnementales élevées, comme la HVE, les Maec, ou les fermes Dephy. Pour une exploitation céréalière, le seul système agro-écologique apportant des bénéfices à l’exploitant à moyen terme est l’agriculture biologique, souligne d’ailleurs le rapport.

Les coûts supplémentaires ne sont compensés par les prix plus élevés que dans le cas de la viticulture. En ce qui concerne les autres productions, la réduction de rendement est compensée par la réduction des charges opérationnelles.

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Un accompagnement financier à repenser

Si la transition vers des pratiques environnementales plus vertueuses peut s’avérer rentable à moyen terme, le coût de cette transition reste un frein majeur, d’autant plus que seule l’agriculture biologique bénéficie d’une aide spécifique au changement de système, relève par ailleurs France Stratégie.

Actuellement, les aides sont déconnectées des services environnementaux rendus par les systèmes agricoles, regrette l’institution. Ainsi, « certaines exploitations appartenant au même référentiel, avec le même niveau d’exigence environnementale (AB), reçoivent des montants différents selon le type de productions, qu’il s’agisse des aides à la conversion ou des aides au maintien mises en œuvre historiquement. De la même façon, des exploitations bénéficiant de Maec disposent de subventions variables non proportionnées au niveau d’exigences environnementales. Enfin, pour une même production (grandes cultures) mais à référentiels différents (AB, MAEC), les montants d’aides totaux à l’hectare sont plus importants pour une production moins exigeante du point de vue environnemental », souligne-t-elle.

Combiner les leviers aux niveaux de l’offre et de la demande

Pourtant, la transition de l’agriculture vers des modèles plus vertueux est nécessaire pour assurer la durabilité des exploitations, à condition que la rentabilité économique soit au rendez-vous. Pour répondre à cette problématique, France Stratégie propose d’agir sur plusieurs leviers.

Premièrement, ajuster les aides versées au manque à gagner potentiel, ou rémunérer les externalités environnementales positives de l’agro-écologie, tout en taxant les externalités négatives « liées à l’utilisation d’intrants », à l’image de l’augmentation de la RPD. Cette solution pourrait d’ailleurs être intégrée dans le cadre de l’eco-scheme que la nouvelle Pac devrait mettre en œuvre.

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Au niveau des consommateurs, plusieurs leviers devraient également être actionnés : intégrer dans les prix une partie des surcoûts liés à l’évolution du système, promouvoir certaines certifications, comme la HVE.

Enfin, France Stratégie propose également de mieux paramétrer les soutiens publics face aux coûts engendrés par les pratiques agro-écologiques (coûts de main d’œuvre, par exemple), d’augmenter les investissements dans la recherche et le développement pour favoriser l’innovation et les gains de productivité

Le rapport indique également que si les aides à l’agriculture biologique peuvent compenser le manque à gagner, elles ne sont pas proportionnées au coût ou aux bénéfices. Ainsi, les exploitations en viticulture ou en maraîchage ont le plus d’aides à l’hectare, alors que ces productions présentent les bénéfices économiques les plus importants.

« La mobilisation conjointe de ces leviers pourrait contribuer à un développement de l’agro-écologie compatible avec l’amélioration de la situation économique des exploitations agricoles. Néanmoins, comme le soulignent de nombreux exercices de prospective, ces évolutions des pratiques au niveau des exploitations agricoles devront être prolongées par l’évolution des pratiques alimentaires des consommateurs, afin d’assurer la transition de notre système alimentaire vers la durabilité, de manière globale », conclut l’étude. 



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