David Card, Joshua D. Angrist et Guido W. Imbens reçoivent le prix Nobel d’économie


L’Académie royale des sciences de Suède a décerné cette prestigieuse récompense à trois spécialistes de l’économie expérimentale, un canadien et un duo hollando-américain.

C’était le dernier prix attendu de cette édition 2021 des Nobel. Ce lundi 11 octobre, l’Académie royale des sciences de Suède a donc décerné le «Prix Nobel» d’économie à David Card, Joshua D. Angrist et Guido W. Imbens, des économistes respectivement canadien, américain et hollandais. Ces spécialistes de l’économie expérimentale se voient récompensés pour leurs travaux sur l’économie du travail et vont se partager la coquette somme de 10 millions de couronnes suédoises, soit près de 990.000 euros.

Le trio «nous a apporté de nouvelles idées sur le marché du travail et montré quelles conclusions peuvent être tirées d’expériences naturelles en termes de causes et de conséquences», a salué le jury du Nobel. En octobre 2020, l’Académie avait choisi de récompenser les Américains Robert Wilson et Paul Milgrom, jugeant que leurs travaux avaient « amélioré la théorie des enchères et inventé de nouveaux formats » au « profit des vendeurs, des acheteurs et des contribuables du monde entier ».

Expériences naturelles

David Card, 65 ans et professeur à l’université de Berkeley, a effectué des travaux depuis les années 1990 sur l’impact du salaire minimum, de l’immigration et de l’éducation sur le marché du travail. Il a notamment contredit la théorie selon laquelle une augmentation du salaire minimum augmentait mécaniquement le taux de chômage. «On a également découvert [grâce à son travail] que les ressources allouées à l’école étaient plus décisives que ce que l’on imaginait pour la réussite des futurs élève sur le marché du travail», explique le jury du Nobel.

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Joshua D. Angrist, 61 ans, et Guido W. Imbens, 58 ans, ont eux conjointement été récompensés «pour leurs contributions méthodologiques à l’analyse des relations de cause à effet». Au milieu des années 1990, les deux chercheurs ont notamment démontré comment des conclusions précises sur les causes et les effets peuvent être tirées d’expériences naturelles. «Les études de David Card sur les questions de sociétés, et la méthodologie d’Angrist et Imbens nous montrent que les expériences naturelles sont une riche source de connaissance», a félicité Peter Fredriksson, le président du jury.

Pas vraiment un prix Nobel

Contrairement aux autres disciplines récompensées, l’économie n’était pas inscrite sur le testament d’Alfred Nobel. Ainsi le «prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel», de son vrai nom, a été créé en 1968 et est doté par la Banque de Suède elle-même. Depuis, ce prix fait débat, et ce jusque dans la famille Nobel. En 2001, Peter Nobel s’était exprimé dans les colonnes du Monde diplomatique au nom de son ancêtre pour dénoncer une «Banque royale de Suède qui a déposé son œuf dans le nid d’un autre oiseau, très respectable, et enfreint ainsi la ‘marque déposée’ Nobel.»

Comment le lauréat est-il choisi ?

Comme les «vrais» prix Nobel, celui d’économie est décerné par un comité spécifique au sein de l’Académie royale des sciences de Suède. Il est composé de six membres, tous professeurs d’économie ou de finance dans différentes universités du monde entier, élus pour une période de trois ans par les autres membres de l’Académie. Ce comité choisit le ou les lauréats parmi la liste des candidats retenus.

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Pour être éligible, un candidat doit avoir vu sa candidature soumise par une personne qualifiée par l’Académie royale des sciences de Suède. Personne ne peut soumettre sa propre candidature. Pour proposer un nom à l’examen des candidats, il faut être soit membre, suédois ou étranger, de l’Académie ; soit, être membre du comité du Prix des sciences économiques ; être un ancien vainqueur ; ou, être professeur spécialisé dans l’une des universités de Suède, du Danemark, de Finlande, d’Islande ou de Norvège.

Le lauréat est désigné, en vote secret, à la majorité avec une décision finale, sans appel. Le Comité peut récompenser jusqu’à trois lauréats par année et ne se fixe aucune limite d’âge. Cependant, aucun prix ne peut être décerné à titre posthume. La cérémonie de remise est fixée au 10 décembre, à Stockholm, jour de l’anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.

L’écrasante suprématie américaine

Ce prix est souvent critiqué pour récompenser surtout des économistes américains et dits «orthodoxes» . Les États-Unis ont en effet largement dominé cette récompense avec 55 représentants parmi les 86 récipiendaires, et plusieurs appartiennent à l’École de Chicago, d’inspiration libérale.

De son côté, la France a fourni 4 récipiendaires : Maurice Allais (1988), Gérard Debreu (1983), Jean Tirole (2014) et Esther Duflo (2019). Depuis la première édition en 1969, seulement deux femmes ont été récompensées : Esther Duflo et Elinor Ostrom (2009). Enfin, tous les lauréats n’étaient pas économistes puisqu’en 2002, par exemple, le prix a été décerné à un psychologue, Daniel Kahneman.


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