Comment se procurer un atelier d’artiste à Paris ?


1. Les offres d’ateliers de la Ville de Paris : le graal

Entre les écoles des beaux-arts et les écoles privées, nombreux sont les élèves qui sortent avec un diplôme en poche dans l’espoir de vivre pleinement de leur pratique artistique. Mais le manque d’espaces prévus pour ces ex-étudiants et artistes en devenir limite l’éventualité de mener à bien leur projet. La Ville de Paris propose plusieurs solutions aux artistes voulant se procurer un espace de travail, mais sans pour autant prendre en compte les réels besoins. Pour avoir une chance d’obtenir un atelier géré par la Ville, il faut remplir rigoureusement un formulaire et fournir un dossier artistique complet. Gérée par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), cette distribution est malheureusement très faible. Selon un rapport de la SNAP-cgt (Syndicat National des Artistes Plasticiens) daté de 2006, sur 900 demandes d’ateliers, seules six reçoivent une réponse positive… Pour se faire, il faut être affilié à la Maison des artistes, c’est-à-dire avoir un statut d’artiste plasticien officiel, et se déclarer fiscalement auprès de l’Urssaf et socialement auprès de la Sécurité sociale des artistes auteurs.

La prochaine session de dépôt de candidature pour demander un atelier doit être faite entre le 14 février et le 4 avril, 17h, sur le site de la Ville de Paris. La Fondation des Artistes propose elle aussi 91 ateliers et ateliers-logements à toute personne appartenant au régime social des artistes et pouvant fournir un dossier artistique et administratif. Le formulaire de demande d’attribution est à télécharger sur leur site et est étudié dès lors qu’un atelier est déclaré vacant.

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Aides et subventions

2. Les joies des espaces partagés et de l’urbanisme temporaire

Trouver un logement à prix raisonnable à Paris relève presque du miracle, auquel s’ajoute donc pour les jeunes artistes celui de trouver un atelier. Un cercle vicieux, puisque le manque d’espace de travail influe sur la production, donc sur le manque de revenus liés à l’art. Et le choix d’un emploi alimentaire peut se révéler encore plus contre-productif. Pour faire face à cette inextricable situation, de nombreux ateliers partagés ont fleuri dans la capitale proposant des espaces de travail en location à des prix variant entre six et quinze euros le mètre carré. Par exemple, le Shakirail, espace de travail artistique temporaire géré par l’association AGETA/ Curry Vavart situé dans le 18e arrondissement, affiche un loyer mensuel de 50 euros pour des ateliers et bureaux partagés. Ils proposent régulièrement des appels à projet pour des ateliers temporaires de 6 mois à 80 euros par mois (comme le Tzara, dans le 20e).

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Un atelier au Shakirail

La Ville met également à disposition des lieux en réhabilitation qui, une fois remis aux normes de sécurité, sont à occuper temporairement. Le 24 juin 2021, Paris a signé une charte pour l’occupation temporaire et transitoire, dans le but d’accompagner de nouveaux projets. L’urbanisme temporaire permet à certaines initiatives de naître dans des lieux atypiques, tels que l’artist-run-space du Wonder / Fortin (quatrième épisode des ateliers Wonder, maintenant installés à Clichy) ou encore Atlas, ancien immeuble de bureaux à Asnières-sur-Seine accueillant des ateliers d’artistes et d’artisans. Ce dernier est géré par Plateau Urbain, une coopérative qui met à disposition des espaces vacants pour des acteurs culturels et associatifs de l’économie sociale et solidaire. Même topo avec Poush Manifesto, premier incubateur d’artistes installé temporairement dans une ancienne tour de bureaux vacants à Clichy, accueillant plus de 220 artistes sur 9 étages. En avril, Poush ouvrira aussi, pour deux ans, des espaces dans une ancienne usine de fabrication des parfums à Pantin. La SNCF, avec son projet des Sites artistiques temporaires initié en 2015, a également un éventail de lieux à proposer à différentes associations (La Station – Gare des Mines, la Cité Fertile…). 

C’est le cas de la Villa Belleville. Cet espace situé en plein cœur du quartier est un équipement géré par une équipe de bénévoles qui tourne tous les cinq ans : grâce à un appel à projet, le collectif Curry Vavart a remporté en décembre 2015 la gestion de la Villa. Le roulement des résidents – tous les trois à six mois mois – permet à chaque artiste de mener un projet dans des espaces dédiés, dans une atmosphère sociale et conviviale pour à peine 200 euros par mois. Des plateaux techniques (sérigraphie, bois, moulage, édition…) sont aussi réservables à la journée. Ces solutions collectives récréent l’esprit d’atelier présent dans les écoles d’art tout en encourageant l’échange des savoirs et les projets de groupe.

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3. Le coworking en solution de secours

Un autre modèle de résidences temporaires d’artistes est celui de la Cité internationale des arts (fondation reconnue d’utilité publique créée en 1965 pour les artistes) qui dispose de 326 ateliers répartis sur deux sites : dans le Marais et à Montmartre. On peut y vivre et y travailler pour une durée maximale de 1 an en répondant aux appels à candidature, souvent actualisés sur leur site. C’est une option temporaire mais efficace pour un projet à court terme : les ateliers-logements font entre 20 et 60 mètres carrés, pour moins de 600 euros par mois.

La Cité internationale des arts, Montmartre

La Cité internationale des arts, Montmartre

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Les plateaux partagés, qui fonctionnent avec un système d’abonnement (type le 100ecs, établissement culturel solidaire mené par Frédéric de Beauvoir), correspondent à un tout autre modèle d’organisation. Les artistes y vont comme à la piscine : ils rangent leurs affaires dans des casiers, louent et occupent un espace de travail temporaire. Ces espaces de coworking, mis en place pour les indépendants, demandent un budget compris entre 300 et 500 euros par mois pour un petit local. Mais cette solution n’est pas concevable pour un artiste plasticien, qui ne peut utiliser l’espace comme véritable atelier de production et ne dispose pas de matériel adapté.

4. Une démarche plus alternative : les squats

Pour les plus aventureux, une façon d’accéder à un espace personnel à moyen terme, et à moindre coût, est d’ouvrir ou d’intégrer un squat. Maison à l’abandon, immeuble habitable en friche, hangar désaffecté… tout lieu est potentiellement un atelier d’artiste, si l’on en ouvre les portes par effraction et que l’on s’y installe temporairement. Évidemment, cette solution pas très légale comporte des risques : ces espaces, parfois occupés depuis plusieurs années par les artistes, ne sont pas à l’abri d’une mise en demeure ou d’une évacuation forcée.

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L’aventure, très intense, ne peut être que provisoire. La durée de vie d’un squat dépend de la durée de la procédure mise en place par les propriétaires contre les occupants (sans droit ni titre). Celle-ci peut varier de quelques jours à plusieurs années ; mais suite à la mise en place d’accords légaux avec la Ville (convention d’occupation précaire), certains squats sont devenus quasiment pérennes. C’est le cas du 59 Rivoli ou de la Gare XP, respectivement en activité depuis 1999 et 2011 : malgré leur implication culturelle évidente, des expositions régulières et un investissement dans la vie de quartier, les occupants doivent passer en commission tous les trois ans pour renouveler leur contrat. Cet élan alternatif prolifique permet à de nombreux artistes d’occuper des lieux alors totalement adaptés à la création.

Le squat « 59 Rivoli »

Le squat « 59 Rivoli »

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Image de une :

Atelier d’Alizée Gazeau à Cité internationale des arts à Montmartre. © Photo Maurine Tric





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