Comment faire de sa peur une alliée ?


La peur, la mal-aimée des émotions

Les émotions jouent un rôle capital dans nos vies. Nos choix de vie affective et professionnelle, le regard sur nous-mêmes et le monde découlent de notre relation à nos émotions. Parmi elles, il y a en est une inéluctable et qui fait office de vilain petit canard, c’est la peur.

Celle-ci vient très tôt, suivant les circonstances de l’enfance, et a de multiples visages : la peur de mourir ou d’être perdu, la peur d’échouer, la peur d’être abandonné, rejeté, jugé, ou encore d’être seul et de se débrouiller par soi-même.

Très tôt, donc, on comprend que vivre c’est avoir peur. C’est même gravé en nous, car la peur loge dans le cerveau reptilien, la partie la plus ancienne et la plus puissante du cerveau. C’est pourquoi la voix de la peur s’exprime avec force, quand nous faisons des choix. Ce n’est pas un mal en soi, car la peur nous enseigne la prudence, et en cela elle aura grandement contribué à la survie de notre espèce.

Bien que nous vivions aujourd’hui dans un contexte social plus confortable et sécurisé, la peur est toujours là. On ne la nomme pas explicitement. A la place, on évoque le stress, la nervosité, l’angoisse et l’anxiété. Des états d’âmes qui n’ont rien de constructifs.

Or, penser la peur comme un dysfonctionnement mental, c’est se tromper lourdement selon Kristen Ulmer, ancienne skieuse professionnelle de l’extrême, et autrice de L’art de la peur. La peur n’a rien d’un boulet, au contraire elle peut être un atout au service de notre épanouissement. Encore faut-il savoir l’apprivoiser, au lieu de vouloir à tout prix la museler.

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Les faux remèdes contre la peur

L’évitement

Pour calmer sa peur de l’avion, on conseille souvent de se référer aux statistiques qui le présentent comme le moyen de transport le plus sécurisé du monde. Cela n’a donc pas de sens de craindre l’avion. Est-ce que la peur va pour autant disparaître ? Possible, si votre confiance dans les statistiques permet de temporiser votre peur. Par cet exemple simple, on voit que l’intellect et le raisonnement vous aident à gérer votre peur, à l’encadrer. Mais en aucun cas, ils ne vous ont aidé à y faire face.

Les addictions

D’ailleurs, quand la raison ne suffit pas, on peut tomber dans les addictions  pour continuer à éviter la peur. Mais cela s’avère inefficace, car c’est comme mettre un drap sur une commode. Vous ne voyez peut-être plus la commode, mais elle toujours est là.

Le jugement de soi, la jalousie et l’envie

Un autre signe qui montre que la peur ne peut être réellement contrôlée ni étouffée, c’est le surgissement d’autres émotions, telles que la tristesse, la colère, la jalousie, ou le jugement . Si l’oisiveté est la mère de tous les vices, la peur, elle, est mère de toutes les émotions négatives.

D’autres alternatives comme la thérapie, la reprogrammation mentale et la méditation sont évoquées, mais pour Kristen Ulmer, elles ont des résultats limités.

À la rigueur, la méditation de la pleine conscience corporelle peut se montrer efficace, car la clé pour se libérer de la peur est de l’écouter par le truchement du corps.

Accueillir sa peur, le secret pour s’en libérer

À l’écoute du corps

Ressentir son corps demande du calme mais aussi un mental éteint, à défaut de quoi les pensées vont masquer ces ressentis.

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Pour éteindre son mental, Kristen Ulmer préconise un état d’esprit particulier : celui de la confusion en acceptant d’être perdu. Il est facile de se perdre. Il suffit de se laisser noyer dans les nombreuses pensées et voix intérieures contradictoires.

Le but du jeu est de se laisser plonger dans le chaos, de l’accepter, d’éteindre son esprit et de sentir être son corps.

Et pour ne pas se perdre, pour éviter que le ressassement des pensées ne revienne, il faut s’accrocher aux ressentis. L’idée, c’est de ne plus se sentir comme un esprit pensant, mais être un corps pensant. Ainsi, on peut mieux entendre les ressentis.

A partir de cet état de conscience pure, vous pouvez penser à votre peur, la convoquer et vous installer dans cet état d’inconfort. Sentez le cœur s’affoler, l’estomac se nouer, la gorge se serrer. Il faut vivre physiquement sa peur.

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Converser avec la peur

La seconde étape consiste à entamer un dialogue en posant des questions et en veillant bien à ce que les réponses ne viennent pas de l’intellect mais du corps lui-même. Et c’est là que le miracle arrive.

Car le secret pour se libérer de la peur se trouve dans le ressenti du corps et son questionnement. Par ce biais, on ne les retient plus, on les laisse s’exprimer, et c’est là qu’on les libère. Kristen Ulmer le résume ainsi :

Plus vous laissez la peur s’exprimer, moins elle aura de choses à dire et donc moins elle aura d’emprise sur vous. C’est aussi simple que cela.

Exercice de respiration en cas de difficulté

Si, dans les premiers temps, vous trouvez ce moment d’exploration particulièrement difficile, n’hésitez pas à faire un exercice de respiration pour vous soulager : faites une longe inspiration en imaginant inspirer la voix de la peur, et expirer avec l’espoir de vous débarrasser de cette peur.

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L’intelligence émotionnelle n’est pas l’intelligence intellectuelle. Elle ne demande pas à ce qu’on la comprenne, mais à ce qu’on l’exprime. Les émotions ne sont jamais là pour nous nuire, elles sont toujours des signaux.

Dialoguer avec la peur, par les questions lancées, permet de mieux les saisir. En apprenant à connaitre sa peur, on se défie moins d’elle. Elle cesse d’être ce poison mental pour devenir un atout.

La peur comme source de dépassement de soi

Connaître et dialoguer avec la peur offre plusieurs avantages : on gagne en maturité, en confiance et en estime de soi. On a également une perception plus nette, plus claire de ce que l’on est et de ce que l’on veut. Ce qui est déjà pas mal.

Par ailleurs si la peur est inconfortable et stressante, elle est également une formidable opportunité. C’est là que nous touchons du doigt sa vertu principale : la peur oblige à sortir de sa zone de confort, à prendre des risques . La peur nous donne ainsi l’occasion de grandir et de nous transcender.

Si nous devions terminer par un ultime argument pour vous convaincre de rencontrer votre peur, souvenez-vous que peu de gens regrettent de l’avoir affrontée. En revanche, ils se comptent en milliers, ceux qui regrettent d’avoir laissé la peur guider leur vie.

Source : Kristen Ulmer, L’art de la peur, éditions Amphora, 2019





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