Christian Boltanksi en 1996 : « On meurt aujourd’hui deux fois »



« Ça a toujours été quelque chose qui m’a intéressé, de sauver ces bribes de vie », confie Christian Boltanski à Laure Adler, en 1996, dans une édition spéciale du Cercle de minuit (à retrouver à la fin de l’article). L’artiste autodidacte, né dans une famille juive au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, évoque les thèmes qui ont profondément marqué sa vie et son œuvre : le temps, la mort et la mémoire.

Pour Christian Boltanski il faut distinguer deux mémoires : « La grande mémoire est dans les livres, et puis la petite mémoire c’est de savoir où sont les meilleures quiches lorraines à Paris, quelques histoires drôles… C’est ce que nous sommes. » Cette dernière modèle les individus et définit les artistes qui racontent « toujours plus ou moins la même histoire ». Une histoire unique et personnelle, une histoire qui peut remonter jusqu’à l’enfance. Cette enfance, Boltanski l’évoque avec pudeur comme étant la période de sa vie où il eut « un choc premier », un point de départ vers la vie d’artiste.

« On meurt aujourd’hui deux fois : on meurt quand on meurt vraiment, et on meurt quand on trouve une photo de vous et qu’on ne sait plus qui c’est. » Qualifié d’ « explorateur des traces du vivant » par Laure Adler, l’artiste revient notamment sur son obsession pour les vêtements usagés et sa volonté de leur donner une seconde vie, jusqu’à entrer dans une dimension presque religieuse. « Le vêtement est très lié à l’idée de l’être humain, c’est ouvertement sa peau. »

À l’hiver 2019, 35 ans après sa première monographie au Centre Pompidou, Christian Boltanski y revenait pour une exposition conjuguant mémoire individuelle et collective. Considéré comme l’un des plus importants artistes français contemporains, il y proposait un parcours déambulatoire et méditatif : une véritable invitation à l’introspection.



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