Bonjour Pierre et Gilles !


Oubliez leur galerie de célébrités chic et scintillante ! Dans leur dernière exposition chez Daniel Templon, à Paris, Pierre et Gilles nous accueillent avec un hommage rendu au chef de file du courant réaliste, engagé et subversif : Gustave Courbet. Leur autoportrait, réalisé pendant le confinement, réinterprète le tableau la Rencontre, dit aussi Bonjour Monsieur Courbet (1854).

Dans ce chef-d’œuvre manifeste, l’artiste franc-comtois se mettait en scène face à son riche mécène en messager du peuple, sillonnant à pied les routes de France, armé seulement de son chevalet et d’un bâton de pèlerin. Ici, la garrigue a laissé place à un paysage de cités HLM et de banlieues pavillonnaires. S’avançant sur le chemin, Pierre, cigarette aux lèvres, joue les mauvais garçons en pantalon de jogging, veste en cuir et casquette de marlou, tandis que Gilles arbore fièrement le gilet jaune et pousse un chariot chargé de paquets.

Voyous, ferrailleurs, SDF, gilets jaunes ? Le tandem, dans une attitude à la fois grave et sympathique, se range sans ambiguïté du côté des laissés-pour-compte, tout comme Courbet, héros anti-bourgeois par excellence, qui s’identifiait volontiers à la figure du vagabond. La crise sociale n’est pas pour autant signe de désespoir. Malgré les nuages qui s’amoncellent, le soleil irradie à l’horizon, tandis que les brins de muguet du 1er mai promettent le retour du bonheur. Vivement le printemps.

Gustave Courbet, La rencontre ou « Bonjour Monsieur Courbet »

Gustave Courbet, La rencontre ou « Bonjour Monsieur Courbet », 1854

i

Huile sur toile • 129 × 149 cm • Coll. musée Fabre, Montpellier • © Photo Josse/Leemage



Source link